Les maisons du détour, et Comptine pour un au-delà, Pierre Auban, éditions de la Crypte (par Philippe Leuckx)
Les maisons du détour, et Comptine pour un au-delà, Pierre Auban, éditions de La Crypte, décembre 2019 (sans pagination)
Né en 1951, à Mont-de-Marsan, le poète a publié depuis 1972 une quinzaine de recueils, dont plusieurs aux mêmes éditions La Crypte (dès 1994). L’auteur est décédé en 2003. On le redécouvre à l’occasion de la parution de ces deux volumes aux beaux titres, poèmes de nature assez différente si l’on compare les deux recueils.
Huit maisons circonscrivent le détour ou l’approche, à l’aune des huit enfants de la famille Auban.
C’est au bout d’un long chemin paresseux que se trouvent les huit maisons.
Un long chemin de verre pilé.
Ces maisons symboliques (peut-être même du sacré, cf. House of the holy, opus n°5, de Led Zep) ont chacune une fonction.
Une première « en toile de marbre ».
Une deuxième – celle aussi d’une « comptine/ pour un très jeune enfant » – rayonne du « soleil » et de « la liberté ».
La troisième « de joies plurielles » mêle le « triste » à son côté « fatal ».
Dans la quatrième – maison natale du « je » – un « oncle » chasseur fourbit sa carabine, et c’est là, sur une table de cuisine, que le narrateur va débuter en écriture.
La cinquième : C’est la maison des chats/ Celle de l’ironie, de l’hypocrisie tendre, de la sauvagerie ; « maison du pauvre/ et maison du pardon ».
La « maison des saints », sixième maison, celle de la prière qui « protège le village », rassemble « tous les orants » et recueille les « liturgies incantatoires que cachez-vous en ce mystère ? ».
La septième, « maison de la mer » et de la « mort », et l’ultime « maison de ton âme », que « chacun doit habiter, un jour ou l’autre ».
Ces poèmes, datés de Noël 1987, mêlent les détails les plus réalistes aux formulations et images mâtinées de fantastique et de mystère.
Peut-être que la maison de l’« enfance » (quatrième du détour) résonne plus loin et plus profond, comme une musique personnelle, où même « la vie et la mort » ne sont jamais évoquées.
« Comptine pour un au-delà » portraiture Petit Jean, qui « crayonne un ours » ou « lange la lumière », dont la maman « un peu inquiète/que Petit Jean ne sache lire/ que les plantes sauvages ».
L’univers poétique tissé d’« anges » et « d’une étoile » se peuple d’un « rendez-vous d’amour avec les cailles rouges », d’un « vieux merle rêveur », d’un « loriot de retour » qui explique à Petit Jean « certains de ses secrets de ses amours ».
Auban, proche de la nature, en décrit la persistance et les échos dans des poèmes lisibles mais pleins de ressources langagières et aussi d’une grande tendresse.
Philippe Leuckx
Pierre Auban, poète français (1951-2003) auteur, e.a., de Arrimages formels, de Lamento nu.
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