Les Galets Goelands, Michel Cosem
Les Galets Goelands, janvier 2015
Ecrivain(s): Michel Cosem Edition: Recours au poème Editeur
10 sections liées à des lieux et 11 liées à des saisons + 1
5 poèmes sans titre et hors sections en ouverture tous évoquant la mer, la transparence, l’élément eau, les galets… et la contemplation voyageuse.
Entre prose et poésie, le soleil et le vent, on respire le grand large, les marées, la musique du vent, les grands espaces verts, les cieux ouverts en lisant Michel Cosem.
En ouverture de ce recueil, le poète se promène dans les rues de St-Brieuc, le temps s’étire, entre ennui et froidure, le poète pose un regard silencieux sur le monde qui tourne autour de lui.
La nuit, « cette inconnue » rôde dans la connivence avec l’homme qui observe, rêve et désire « Irruption de l’absente », « tout est sur le fil vu du large ».
De la mer et St-Brieuc, le poète arpente ensuite les terres d’Alsace. Une maison à colombage abrite encore ses histoires « pleines de larmes » d’êtres toujours présents, par les voix « qui reviennent comme des orages ». La mémoire se fait olfactive, « ô cette odeur de fleur mouillée ». La nature omniprésente dans tout le recueil se joue des particularités des régions. Ici, cigogne au cou blanc, là goélands et mouettes, souvenirs anciens, brindille, champs de blé, grandes forêts, petites rivières, chats gris et blancs et tous ces bouquets qui pendent aux fenêtres (Obernai).
Une place est faite aussi aux oiseaux, aux bocages, à la pluie, à l’« empreinte des fougères », rouge-gorge, chatons des noisetiers, silo à blé, beaucoup de blancheur comme autant de silences que sait déployer la nature.
La multitude des vents creuse les silences et la solitude, la terre est immobile dans cette observation. Le poète convoque toutes les espèces animales et « tout ce qu’a malmené la vie ». Dans cette nature luxuriante, il nous entraîne dans sa promenade autour de paysages qu’il rencontre, « joyau noir de l’étang », « pins noirs », « chemins de sable », « granges abandonnées ». « Ici l’on entend le chant des pierres », maison silencieuse, nature paisible, paysages doux et lumineux où la nature vibre, dans la seule joie de l’instant « alors que tout autour la terre est pleine de pluie », et un bel éloge est fait à la fougère qui « se frotte à la robe des chevreuils ».
Arpentant les chemins de Dordogne ensuite, la vallée de la Vézère, l’étang de Jemaye, le café de la place à Périgueux, au plus près d’un réel sensoriel dans les « frimas de l’automne », ses brouillards, ses terres mouillées, « le silence bleu » de l’été caniculaire, « les tapis de prunes bleues » de septembre,
« Ce soir, cette nuit loin
du silence et de l’odeur des houx
je pense à l’herbe qui tremble
aux châtaignes qui viennent
au mystère des champignons
aux traces des biches
aux colères des fougères
à ce jeu de lumière entre les bouleaux
Ce qui ravit et comble
malgré l’absence existe »
« Cela sent l’humus » et d’un automne à l’autre « la pluie comme une caresse », « les prés gorgés d’eau », on traverse le début de l’hiver où « la forêt est devenue étroite », lourd tapis de feuilles, châtaignes, « sans la symphonie du feuillage et ses mystères », brouillard poétique, le printemps et son « souffle lilas », « le bel été », « l’écorce brûlante » et à nouveau « un autre automne »…
Le recueil se clôt sur « le sable noir de Puerto de la Pena » ( El Hierro) et
« le lourd pas des conquérants
violence et misère
tache indélébile qui n’efface pas l’océan
les passeurs de mémoire
sont rassemblés auprès des pierres ».
Marie-Josée Desvignes
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