Identification

Les Cinquantièmes hurlants, Tom Buron (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres le 01.04.25 dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie

Les Cinquantièmes hurlants, Tom Buron, Gallimard, février 2025, 80 pages, 17 €

Les Cinquantièmes hurlants, Tom Buron (par Didier Ayres)

 

Géographie du monde

Géographie du monde fut le titre de mon mémoire de troisième cycle sur Le Soulier de satin de Paul Claudel. Je dis cela à dessein, car j’ai retrouvé cette émulation des mers, des voyages et des désirs sacrés, ici, dans ce recueil que Tom Buron publie chez Gallimard. J’y ai été confronté à une sorte de dérive des continents, d’un glissement du poétique. Donc, à la fois une hospitalité et à une inhospitalité des régions australes. Quelque chose d’une matière sacrée que Claudel illustre avec la présence de la Croix du Sud. Donc, un mouvement habité, un récit fusionnel.

Sommes-nous dans la quête de Pequod de Tom Buron ? Et cela fait, quel voyage au milieu des mots et des embruns ? Sommes-nous plus dans L’Odyssée que dans Moby Dick ? Dans le transport vidéographique d’Ocean Wuong ? Oui, nous demeurons en poésie.

Dans cette cabine je trace ma route et prends

des notes sublunaires sur le sabord, me crois

à Terre, j’envergue dans le parage des coudées

franches et ça donne : Agni, anabase, basilic et

lycanthropie, dépenaillée, ligaturé, un crucifié

en polychrome, anabase arachnéenne d’un

rocher à un autre et trente-sept montres plus loin,

l’envie de naufrage.

 

C’est essentiellement le monde aqueux, fluide, instable, mouvant, dérivant dans un espace maritime, une mer australe habitée de mots, des mers, des villes côtières, des espaces nautiques, des épopées bizarres et variées. Il y a un peu du Mowgli de Kipling. Un esprit de jeunesse.

Pour affermir mon idée, je dirai que l’idée du voyage sur mer, est une fantaisie intérieure. Il y a surtout un voyage au-dedans (comme l’est en propre Le Voyage fantastique de Richard Fleischer, déambulation de science-fiction dans le corps humain à bord d’une navette miniaturisée). Ici, les replis des valves, de la courbure des vaisseaux sanguins (veines qui portent donc des noms de bateaux). Ce poème est-il une mappemonde Brunhes et Bruley (comme celle que j’ai dans mon bureau) ? En tout cas, il invite, il offre, il donne.

 

Didier Ayres

  • Vu: 969

A propos du rédacteur

Didier Ayres

 

Lire tous les textes et articles de Didier Ayres


Rédacteur

domaines : littérature française et étrangère

genres : poésie, théâtre, arts

période : XXème, XXIème

 

Didier Ayres est né le 31 octobre 1963 à Paris et est diplômé d'une thèse de troisième cycle sur B. M. Koltès. Il a voyagé dans sa jeunesse dans des pays lointains, où il a commencé d'écrire. Après des années de recherches tant du point de vue moral qu'esthétique, il a trouvé une assiette dans l'activité de poète. Il a publié essentiellement chez Arfuyen.  Il écrit aussi pour le théâtre. L'auteur vit actuellement en Limousin. Il dirige la revue L'Hôte avec sa compagne. Il chronique sur le web magazine La Cause Littéraire.