Le temps d’ici, Marilyse Leroux
Le temps d’ici, mars 2013
Ecrivain(s): Marilyse Leroux Edition: Rhubarbe
Marilyse Leroux est une poète ailée et zélée. Sa poésie nous entraîne, nous envole : tu entres au cœur de l’espace comme dans un nid où tu poserais tes ailes. L’ouverture du recueil en témoigne. Légère, elle est, légère elle nous veut. Au monde que l’on sait difficile, elle en substitue un autre que l’on peut découvrir, nous dit-elle, habitable. Ce monde qui n’est autre que celui de la poésie, on peut le faire sien, si on sait regarder. Marilyse nous invite ainsi à ouvrir les yeux sur ce monde vaporeux et fluide où se mêlent au bleu du ciel et de la mer, les couleurs du temps.
Elle n’hésite pas pour cela à convoquer le ciel, les oiseaux et les arbres, leurs rires clairs, leur langage vivant. Le ciel s’amuse, les arbres rieurs nous donnent à voir ce qu’elle ressent, nous unissent à son souffle, nous entraînent, pour que le poids de nos ombres sur la terre soit la balance du monde. Marilyse est dans sa poésie comme elle est dans la vie, ouverte à l’autre, disponible, sensible, en partage d’amitié et de poésie.
Elle ouvre une brèche dans l’épaisseur du monde. Elle nous dit la joie, le ciel en nous, le silence [qui] coule bleu, le ciel et la mer réunis dans ce bleu qui court au fil des pages. De bleu du ciel à celui des iris de Van Gogh, sa poésie est faite d’air et de lumière, échappée de bleu, lumière dans les arbres et elle nous le redit pour nous en convaincre s’il le fallait : « nous sommes de ce pays d’ici aux terres bleues dévorantes », « nos chemins sont nos racines », « nos pas herbes vivantes». Ce temps est le nôtre, autant l’habiter et l’habiter en poète c’est encore mieux. Elle convoque hier pour mieux nous rappeler tout le poids du présent, elle convoque l’amour universel et sans âge, pour nous dire que ce temps d’ici n’est pas, il est une montée vers la lumière, une échappée lumineuse. Nous sommes si semblables à la mer. Ce que nous sommes ? une part de l’infiniment bleu.
L’infini des paysages, les couleurs et la plénitude de la mer, la pierre [qui] s’effrite sous nos pieds impatients sont autant d’éléments sages donnant la main au temps [qui] nous regarde passer fous à lier dans nos cordes de vent. Marilyse construit ou plutôt reconstruit pour nous les couleurs d’un temps immobile, peut-être celui de l’enfance. Sa parole rassure : « ne pleure pas le ciel qui s’enfuit trop vite…» « nos pas seront des gués par où s’en iront des pieds d’enfants ».
Ce recueil a obtenu le Prix de Poésie des Ecrivains Bretons 2014.
Marie-Josée Desvignes
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