Le Singe sous la montagne, Aodren Buart (par Cathy Garcia)
Le Singe sous la montagne, mars 2019, 128 pages, 13 €
Ecrivain(s): Aodren Buart Edition: Phébus
Nous ressentons à travers ce conte très directement inspiré d’un grand classique chinois : la deuxième partie de la très populaire légende du Roi Singe, l’attrait qu’a exercé la culture ancienne chinoise sur l’auteur lors de son voyage en solo en Chine. Cette quête l’aura poussé vers l’Est, mais donc ici, comme dans la seconde partie de la légende du Roi Singe – le Voyage vers l’Occident –, c’est vers l’Ouest que le moine Sanzang est envoyé par l’Empereur pour aller chercher au-delà de bien des montagnes et sur des chemins parfois dangereux les sutras du Bouddha. « La route, jusqu’au Grand Bouddha de l’Ouest, ne sera pas un simple sentier battu menant sereinement aux confins du monde. Et si je l’ai pensé, c’est par stupidité ou candeur ». L’Ouest étant, dans la légende originelle, l’Inde. On reconnaîtra donc dans ce texte divers éléments du Bouddhisme qui figurent dans la légende, mais aussi des références à la poésie et la peinture traditionnelle chinoises taoïstes, si bien que l’on a parfois la sensation de traverser des tableaux.
Malgré ses références marquées, c’est un conte initiatique qui se veut intemporel – où le voyage extérieur est un reflet du cheminement intérieur du moine qui n’avait jusque-là jamais quitté l’abri du monastère –, servi par une belle et sensible écriture à travers laquelle une authentique sagesse semble transparaître. On le lit avec plaisir et il exerce sur le lecteur une influence apaisante, comme la méditation et la poésie taoïste. Et c’est cet effet qui est le plus remarquable et qui prouve que ce très jeune auteur a su saisir l’essence de ces philosophies orientales, et cela donne vraiment envie de savoir quel sera son prochain livre, en espérant qu’il saura s’appuyer, après avoir cheminé comme disciple, sur sa propre intériorité, son propre imaginaire qui sans nul doute ont beaucoup de richesses à offrir.
« Chaque homme se découvre dans les traces qu’il laisse sur la poussière du chemin, et il t’a fallu briser ta jeunesse en durcissant la plante de tes pieds pour trouver celui que tu es ».
Cathy Garcia
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