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Le roman de Renart

Ecrit par Guy Donikian 11.01.16 dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Récits, Roman

Le roman de Renart, Bibliothèque nationale de France, décembre 2015, 160 pages, 24,90 €

Le roman de Renart

 

La Bnf (Bibliothèque nationale de France) publie ce fameux Roman de Renart, le roman populaire du Moyen Age, une des pièces maîtresses de notre patrimoine culturel. Ce fut une source d’inspiration majeure pour les enlumineurs, et cette édition laisse une large place aux « illustrations » de l’époque, avec des reproductions qui ponctuent tout aussi efficacement qu’agréablement les différents textes dont il faut rappeler qu’ils datent pour les plus anciens du 12eme siècle et pour les plus récents du 14eme siècle. Ces textes furent aussi une source d’inspiration pour La Fontaine qui puisa dans Renart et Tiecelin sa fable le corbeau et le renard.

La préface, une bande dessinée d’Alain Ayrolles et Jean-Luc Masbou, est suivie d’une présentation de Delphine Mercuzot, conservateur au département des manuscrits de la Bnf qui explicite le choix des textes puisque la profusion des aventures interdisait une publication exhaustive. On y apprend que dès le Moyen Age le Roman de Renart est traduit en flamand, en allemand, en anglais et en Italien. C’est dire le succès de ces textes qui ne constituent pas un roman au sens actuel du terme, en raison de la multiplicité des auteurs qui, chacun, ajoutait une « branche », mais plutôt des récits dont chaque auteur s’appropriait le héros, ce goupil facétieux, qui n’a de cesse de dénoncer les vices des clercs et autres moines dans sa quête de nourriture.

Parce que le Moyen Age est une période difficile pour les plus humbles, Renart peut se permettre d’être le plus vil des individus pour nourrir sa famille, femme (Hermeline) et enfants (Malebranche, Percehaie et Renardel) comptent sur lui pour subsister.

Ainsi tout lui est-il permis, et c’est là une critique de la société d’alors qui se fait jour, critique se parant des atours de l’humour souvent transgressif, de mauvaise foi aussi. Lorsque qu’il sait qu’il ne pourra pas attraper Tiecelin le corbeau, il fera mine de savourer le fromage qu’il a pu subtiliser à Tiecelin en se félicitant : « c’est juste le remède qu’il me fallait pour le mal de jambes ».

Le goupil est aussi volontiers misogyne. Dans le récit (branche 2) intitulé Renart et Hersent, le goupil va montrer toute sa veulerie. Hersent, l’épouse de Ysengrin le loup, oncle de Renart, va céder aux avances du goupil, ou plutôt va subir ses assauts. Renart va accuser Hersent de l’avoir provoqué, la rendant ainsi coupable ! Le goupil avait auparavant persuadé Hersent que chacun des voisins affirmait qu’elle a eu des pensées mauvaises. Faisant mine d’être offusquée, elle se soumit au goupil, qui, une fois son affaire faite, n’hésita pas à voler de la nourriture et à frapper les louveteaux.

Quand Ysengrin apprend les faits de ses louveteaux, il n’aura de cesse de vouloir se venger. La branche 5 s’intitule ainsi La vengeance d’Ysengrin

Cette édition est établie et présentée par Delphine Mercuzot, conservateur au sein du département des manuscrits de la Bnf, d’après la traduction de Paulin Paris. Alain Ayroles et Jean-Luc Masbou sont les créateurs de la série De cape et de crocs.

 

Guy Donikian

 


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