Le Prince des Cravates, Lucien Daudet
Le Prince des Cravates, septembre 2016, 120 pages, 5,90 €
Ecrivain(s): Lucien Daudet Edition: La Table Ronde - La Petite Vermillon
Avec ce bref roman, nous sommes plongés en pleine période proustienne, avec les décors, les soirées mondaines et les sentiments adéquats. Le héros de ce livre, Albert Salvage, est le prototype du mondain, revenu du service militaire, fêté par son milieu, et qui se voit tout d’un coup projeté dans un voyage, par le biais d’une invitation assez inattendue. Un ami de son père, Archibald Glenlyon Stetson l’invite ainsi près de Londres. Le roman pour l’essentiel déroule les fastes de Broadmore et le charme de la belle lady Glenlyon Stetson, Guanhamara.
L’ambiance est digne des romans du subtil Boylesve (Le parfum des îles Borromées) et annonce celle que Proust, grand ami de Daudet, va décrire à l’envi dans La Recherche.
Albert profite de cet univers facile, avec sa « fée », tout englué dans les sentiments, la complicité sans problème…
L’intrigue, malicieuse, réserve pourtant une chute bien plus dramatique. Remarquablement écrit, le roman décrit bien la psychologie de personnages aristocratiques et mondains, les lieux agréables de ces mondanités qui trouvent à se fêter d’une propriété l’autre.
Lucien Daudet renouvelle aussi l’initiation sentimentale que tant de romans ont analysée, en variant le propos, en faisant des protagonistes de vrais personnages, complexes, parfois inattendus et duplices.
Le style, fluide, convient bien à l’exploration d’un monde circonscrit, facile, où les désirs s’accomplissent sans effort.
Cette œuvre de 1908 méritait bien une réédition. Elle témoigne en outre d’une Belle Epoque, qui ne se réduit pas seulement aux œuvres des grands, comme Gide et Proust.
Philippe Leuckx
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