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Le périmètre de vie, Alexandre Millon

Ecrit par Patrick Devaux 09.07.18 dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman

Le périmètre de vie, éd. Murmure des soirs, mai 2018, 132 pages, 15 €

Ecrivain(s): Alexandre Millon

Le périmètre de vie, Alexandre Millon

 

« Parler de la vie dans le deuil plutôt que le deuil dans la vie » nous dit Alexandre Millon dans ce « périmètre de vie » qui ressemble à une circonférence puisque les angles de vie de la disparue oscillent dans sa mémoire en continu.

Comment renaître à travers le manque ? Si le sujet est universel, les façons de l’aborder sont multiples et je songe à cette belle phrase d’Yves Montand, questionné après la disparition de Simone Signoret : « On ne refait pas sa vie, on la continue ».

Combien de temps Thomas est-il donc resté ce « veuf sous anesthésie » ? Quitter le lieu du manque sera la première étape pour « faire un deuil » que Thomas, écrivain, pense en mots désincarnés, en mots vrais plutôt qu’en formules utilisées à ne rien dire.

On ne « fait pas son deuil » comme on fait ses courses.

Qui aura fait le deuil d’un vrai amour aura tout pour comprendre, respecter et avoir cette empathie qu’Alexandre Millon a pour son personnage car le poète a cette vraie conscience que quand « l’hélice de sa vie » n’est plus là pour actionner son moteur, redémarrer nécessite d’autres et progressives subtilités. En effet, « quand il s’approche de la solitude, d’abord elle commence par lui refuser ses lèvres » : avec cette formulation pour l’absence pure, voici donc le déclic de la réincarnation érotisée de la disparue évoquée à travers des lèvres qui n’existent plus et qui, par la force de quelques mots, semblent s’activer presque mieux que jamais.

Car la solitude guette Thomas. Il lui faut « pallier les désistements répétitifs d’un entourage ».

Le « périmètre de vie » réduit de l’absente devient grandiose à géométrie variable pour la survivance pas à pas dans un univers reconceptualisé non par la nécessité mais par choix d’authenticité, de simplification.

A l’instar de « la ralentie » de Michaux, Thomas va réguler ce périmètre vital, le déclic étant de ne pas changer de vie « s’allégeant une heure en compagnie de sa respiration, comme ça, à soustraire ».

Alexandre, l’ancien revuiste de la Revue Regart (poésie et Art), poète depuis longtemps, va colorer le veuvage de Thomas de banalités quotidiennes jouissives, avec Bruxelles, Bruges sur son chemin, élargissant son périmètre, « le deuil devenant un muscle battant à l’intérieur du corps » car « au mieux le deuil nous aide à apprécier les bons moments encore disponibles ».

En observation de lui-même, Thomas se jouera jusqu’au bout la carte de l’intrigue, l’auteur, lui, précisant la démarche d’écriture via une série d’instantanés à refiger l’instant avec Rachel, l’âme sœur disparue.

La présence progressive d’une jeune orpheline va-t-elle bousculer son destin alors que, très symboliquement, il contribue, pour elle, à la restauration d’une chapelle héritée en Grèce ?

Par le sujet traité, le livre a une sensibilité proche du premier livre écrit par Elysabeth Loos, L’amour est une géographie intérieure, paru récemment aux éditions Le Coudrier.

 

Patrick Devaux

 


  • Vu : 1972

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A propos de l'écrivain

Alexandre Millon

 

Alexandre Millon est moustachu envers et contre tout.  Il a obtenu de nombreuses distinctions, dont un brevet de natation des 50 mètres, en nage libre, dans les  grandes profondeurs.

Enfance en Sicile. Vit en Belgique.

Il aime le silence,  le jazz et le Klezmer.

 

A propos du rédacteur

Patrick Devaux

 

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Patrick Devaux est né en Belgique sur la frontière avec la France, habite Rixensart, auteur d’une trentaine d’ouvrages auprès d’éditeurs divers en poésie, quelques prix d’édition, 3 romans parus dont 2 aux éditions Les Carnets du Dessert de Lune; 2 recueils de poésie récents (2016 et 2017) parus aux éditions Le Coudrier ; membre de l’AEB (association des écrivains Belges) et de l’AREAW (association royale des écrivains et artistes de Wallonie), il a aussi de nombreux contacts en France ; il anime une rubrique « mes lectures » sur le site de la revue Vocatif www.moniqueannemarta.fr de Nice depuis 2013 et fréquente de près ou de loin les écrivains du groupe de l’Ecritoire d’Estieugues de Cours la Ville  et de l’association LITTERALES de Brest ; publie aussi dans diverses revues de poésie. Fréquente aussi les réseaux sociaux, faisant ainsi connaitre la poésie d’auteurs moins connus ou disparus.