Le cycle des destins, Aylin et Siam, Éric Simard
Le cycle des destins, Aylin et Siam, octobre 2013, 298 p. 15,90 €
Ecrivain(s): Eric Simard Edition: Syros
Voici un bien beau roman futuriste. L’histoire prend place en 2132 dans un Paris d’après la Grande Catastrophe : un tremblement de terre a ravagé la France en 2123 et un tsunami a englouti Paris. N’en demeurent émergés que le haut des bâtiments les plus élevés ainsi que deux collines : Montmartre et le Mont Valérien qui sont devenus des îles. Les survivants se sont organisés depuis, en communautés séparées, sans grand contact entres elles, chacune devant se protéger des pillards qui viennent en bateaux de la périphérie. D’autres dangers rôdent aussi comme les grandes créatures ailées de la Tour Carnasse (ancienne Montparnasse), sans doute échappées de laboratoires où elles auraient été créées et les grands requins blancs qui sont venus peupler les eaux à certains endroits.
Sur la Tour Eiffel, rebaptisée la Tour des Elfes, vivent les enfants de Dyoun, qui ressemblent à des enfants d’une douzaine d’années, tous des garçons à l’apparence identique, dotés de facultés hors du commun, qui les lient aux dauphins. Ils peuvent nager, plonger et demeurer comme eux sous l’eau bien plus longtemps que les humains. Organisés en plusieurs clans reconnaissables à des coiffures et des tatouages de couleurs différentes, ils vivent de pêche et du troc d’objets qu’ils remontent des ruines de l’ancien Paris. Ils les troquent notamment avec les habitants du Mont Valérien. Ces derniers les tiennent cependant à distance, car suite à la mort de l’un d’eux après avoir transporté un enfant de Dyoun sur son dos, ils pensent que leur contact est toxique pour les humains.
C’est dans ce village du Mont Valérien que vit Aylin, qui a perdu toute sa famille dans la Grande Catastrophe, alors qu’elle avait à peine 4 ans. Elle n’en garde que quelques souvenirs très flous. Le jour où Siam, un enfant de Dyoun, vient dans sa classe pour y troquer un objet, il aperçoit sur la trousse d’Aylin le dessin d’un dauphin et d’un murex. Les murex sont des coquillages très importants pour les enfants de Dyoun. Aylin, fascinée par ce garçon et voyant l’intérêt qu’il porte à sa trousse, la lui donne sans écouter les avertissements de Sourya, l’enseignante. Elle découvrira un peu plus tard le murex que l’enfant de Dyoun a déposé en échange au pied de sa table. Punie pour sa désobéissance au règlement qui interdit les contacts non autorisés avec les enfants de Dyoun, elle se retrouve en isolement dans une cellule, mais trouvant le moyen d’en échapper en descellant quelques pierres, elle découvrira alors un des pouvoirs du murex. Il lui permet de communiquer à distance avec Siam. Quand Sourya découvrira un peu plus tard ce coquillage entre les mains d’Aylin, elle lui confisquera puis le jettera dans une marmite d’eau bouillante. Aussitôt, elle sera prise d’un violent malaise et sombrera dans le coma.
C’est ainsi que pour sauver la vie de Sourya, Aylin, considérée comme la coupable, devra se rendre sur la Tour des Elfes et y demeurer jusqu’à ce que les murex acceptent de guérir son enseignante. Commence alors une palpitante aventure qui transformera pour toujours la vie d’Aylin. Non seulement elle découvrira qui sont les enfants de Dyoun, mais elle retrouvera également sa propre histoire et la raison pour laquelle son destin et celui de Siam sont liés.
Une histoire vraiment très originale, aux accents écologiques, pleine d’iode et de rebondissements, et puis un roman critique aussi vis-à-vis du goût du pouvoir et de la manipulation, qui met en exergue les valeurs du courage, de la droiture, de la tolérance et de l’amitié. C’est également une belle histoire d’amour entre deux jeunes adolescents que tout semblait séparer et une façon absolument inédite de visiter Paris.
Cathy Garcia
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