Le canard siffleur mexicain, James Crumley (par Jean-Jacques Bretou)
Le canard siffleur mexicain – James Crumley – traduction de Jacques Mailhos- dessins de Pascal Rabaté – 368 p. 23,40 €. VL : 3
Edition: Gallmeister
Dans la ville de Meriwether au Montana alors que le train de marchandises de 3h12 s’approche du débit de boissons tenu par Chauncey Wayne Sughrue, (C.W. pour les intimes), ce dernier fait glisser le juke-box de son établissement sur les rails : la coupe est pleine pour le barman du Hell Roaring Liquor Store and Lounge, les coups durs se sont accumulés, il est assailli de procès et pour couronner le tout, les employés chargés des machines à sous décident de virer du juke-box les disques de Haw Snow sous prétexte que les chanteurs de country ont des voix de fille. C.W. va donc suicider la machine à disques, mettre la clé sous la porte, et suivre Solomon Rainbolt dit Solly, avocat défenseur des bikers, avec qui il partage ses souvenirs de la guerre au Vietnam et la métamphétamine. Solly va envoyer C.W. chez les frères Dahlgren, spécialistes du poisson tropical et de l’animal de compagnie. Parce que Joe et Frank Dahlgren ont besoin d’un enquêteur pour récupérer des spécimens rares de poisson que le chef d’un gang de bikers, les Snowdrifters, appelé Norman l’Anormal Hazelbrook a volé en les gobant.
C.W. résout le problème avec brio. Pour le récompenser Norman l’envoie alors à la recherche de sa mère qu’il veut absolument à ses côtés pour son mariage.
Commence pour les protagonistes de cette histoire une série d’aventures du Montana au Nouveau-Mexique qui font de cette hard-boiled fiction un des livres les plus déjantés de Crumley. On ne s’y retrouve pas forcément, bien que l’intrigue tienne en peu de mots. Des personnages vont et viennent d’on ne sait où. On retient le nom des plus marquants comme Frank et Jimmy, tous deux anciens camarades de guerre du Vietnam de C.W., le premier, un Afro-Américain cancéreux, tout en longueur, le second, un presque lilliputien. Les munitions volent de partout, on boit force alcool, on prend beaucoup de drogue ce qui nous vaut cette belle citation : « Douces volutes de marijuana s’enroulant dans les airs, rails de cocaïne sniffés par-ci, par-là, bière mexicaine fraîche, bonne bouffe, conversation formidable et joyeux éclats de rire : ce n’était pas une soirée qu’un républicain pouvait comprendre – mais un universitaire parisien déconstructionniste aurait pu trouver le summum de ce que l’on est en droit d’attendre de l’Amérique en matière de civilisation. »
Ce n’est pas vraiment l’intrigue qui nous tient en suspens, c’est l’écriture même de Crumley, grande figure des écrivains du Montana. Ce livre est une seconde traduction réalisée brillamment par l’un des traducteurs de la maison Gallmeister : Jacques Mailhos. Merci à Gallmeister d’avoir réédité « Le canard siffleur mexicain. »
Jean-Jacques Bretou
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