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La Styx Croisières Cie - Juin 2020 (par Michel Host)

Ecrit par Michel Host le 09.07.20 dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques

La Styx Croisières Cie - Juin 2020 (par Michel Host)

 

Ère Vincent Lambert, An II

Humain, citoyen le plus vulnérable, la République française, la médecine, la banque et la magistrature réunies, t’ayant baptisé Légume, te tueront.

« Je déteste les jours qui nous voient réunis : je sais trop bien qu’il n’est rien qui ne traîne après soi sa disparition »

(Les Mille et Une Nuits, 950e nuit)

« Un bruit d’écrasement, un geignement mat : je me retourne, un petit chat s’est cassé les reins sur le trottoir, devant la charcuterie. Comme il est drôlement immobile, le corps tordu, les pattes tendues ! Des ménagères font un cercle d’exclamations tout autour, troublant la circulation. Mais passe un homme, une espèce d’ouvrier à moustaches, qui prend le minet par la queue et l’assomme contre le bord du trottoir ; puis continue comme si de rien n’était. Le chat gémit encore une toute petite fois, déchirant de cette plainte presque irréelle l’espèce d’ouate où la mort l’emmitoufle »

(Philippe Jaccottet, Observations et autres notes anciennes, 1947-1962)

Lµ-1. Il arrive qu’on pense à elle. Non à la faucheuse, ce squelette amusant d’allure mexicaine et muni de son instrument aratoire, celle qui concerne tout un chacun, c’est-à-dire tout le monde et personne. Une machine de carnaval. Non, la nôtre, celle qui nous permet de nous contempler entre les draps d’un lit d’hôpital, le front et les mains en eau, le dos glacé, en présence de l’infirmière qui règle le débit de la perfusion, dans l’attente de la visite de votre femme, de votre fille, appelées en urgence. Qu’on ne s’affole pas, c’est le sort de tous, vous comme moi, inutile d’y voir une affaire d’État. C’est plutôt une affaire d’état. Pensez à ce petit chat. Nous ne sommes ni mieux, ni davantage, ni autres que lui. Les Mille et une Nuits nous le confirment : nos heures les plus heureuses prennent un parfum indéfinissable. C’est le Post coïtum animal triste, l’incroyable tristesse de la pensée après que la fête s’est achevée.

 

µ-2Restes, Reliefs et Oublis

En ces temps de coronavirus farceur se déguisant en Covid-19, les interventions journalistiques de Jacques Julliard et Jean-Michel Delacomptée me sont apparues les plus pertinentes, soit les moins oiseuses et bavardes.

Jacques Julliard (Le F. 4-III-20) :

– « Les gestes des soignants qui leur valent aujourd’hui l’admiration et la reconnaissance des Français sont à l’opposé de ce que la société encourage : jouer personnel, ne penser qu’à soi, écraser les concurrents, se moquer des conséquences. Pourquoi donc avons-nous supporté depuis si longtemps cette tyrannie de l’instance économique, qui est le trait fondamental des temps modernes ».

Du même (Le F. 4-V-20) :

– Confinement : « Au sein de nos sociétés ultra-laïcisées […] on a le droit, malgré le confinement, de promener son chien chaque jour, mais non de participer à un office religieux ».

– Sur la nostalgie du tourisme défunt : « Quand un peuple ne parvient plus à concevoir l’avenir autrement que comme une exploitation commerciale de son passé, c’est qu’il ne croit plus beaucoup à son passé, c’est-à-dire à lui-même ».

– Le téléenseignement : « … le lourd appareil scolaire a un rendement si faible, au cours des treize années que dure l’obligation [scolaire], en y comprenant la maternelle, qu’il est de plus en plus concurrencé et remis en cause par tout ce que permettent la télévision ou internet, qu’il est à terme menacé de dépérissement. En donnant la priorité aux “décrocheurs”, en rendant l’École provisoirement facultative, en ouvrant prioritairement les maternelles (et non les universités !), le gouvernement vient de l’avouer : la première mission de l’École n’est pas la transmission des savoirs, c’est la lutte contre les inégalités. […] Les nouveaux pédagogues ont décrété que si la culture est un facteur d’inégalité, la meilleure façon de rétablir l’égalité était de supprimer la culture. D’où le désastre actuel… ».

– L’ordre social : « L’ordre social des temps modernes repose sur un apartheid générationnel : les jeunes à l’École, les adultes au boulot, les vieux à l’asile. Le voilà, l’autre confinement, le confinement à perpétuité ! ».

– Pour faire face aux perspectives sombres : « La classe politique la plus médiocre de notre histoire ».

– Pour conclure : « J’ai toujours pensé avec Bernanos que l’optimisme est la vertu des imbéciles, et que la seule espérance que puisse se permettre un patriote lucide, c’est le désespoir surmonté ».

 

Gl. / Comment puis-je parler de son avenir à mon petit-fils ? Dois-je le désespérer ou le maintenir dans sa joie innocente ? Ne pas le déniaiser quant à son siècle en marche m’apparaît comme une manière de trahison.

 

Jean-Michel Delacomptée, écrivain (Le F. 29/V/2020) :

– Les « seniors » : « Naguère encore dévalorisé, le senior a conquis droit de cité. Une société sans précédent naît sous nos yeux ».

– Les réseaux sociaux : « Ce phénomène s’apparente à une arme constamment braquée sur nos tempes. Le phénomène est facile à décrire : absence de recul, primat du viscéral, ignorance des contextes, tranchant du lapidaire, flux incessant de réactions basiques, jouissance d’accuser, de dénoncer, de haïr. La faculté de discernement propre à l’exercice de la raison s’évanouit devant les spasmes de colères collectives toutes importées d’outre-Atlantique » !

– Citant Milan Kundera : « La sensibilité est indispensable à l’homme, mais elle devient redoutable dès le moment où elle se considère comme une valeur, comme un critère de vérité, comme la justification d’un comportement ». « La sensibilité qui remplace la pensée rationnelle devient le fondement même du non-entendement et de l’intolérance ».

– Les revendications communautaires : « Circonscrit au plan sociétal, le culte des minorités ethniques et sexuelles ne construit rien. Confiant dans le succès qu’il tirera de purs rapports de force, c’est un négativisme conçu comme seul moyen de combat. L’esprit de confusion dont il se nourrit a pour privilège qu’en empêchant de penser, il interdit de débattre… ».

 

µ-3Faits et gestes

Les faits se passent, depuis au moins trois nuits, à Dijon, dans le quartier des Grésilles. Un jeune Tchétchène âgé de 16 ans (dealer) à ce qu’il semble, y aurait été tabassé par les dealers locaux. Venus de tous les lieux de France, et notamment de Nice où ils ont établi leur fief, suréquipés, munis d’armes de guerre, des Kalachnikov entre autres, ils sont venus venger leur compatriote. Ils terrorisent donc les dealers locaux en patrouillant et tabassant à tout-va dans une ville tranquille pour les uns, en proie à tous les trafics pour les autres. La police tarde à intervenir. Il n’est pas prévu qu’elle entre en guerre, seulement qu’elle assure la paix civile. Pour l’essentiel, c’est de la radio France-Bleue Bourgogne à ses heures nocturnes que je tiens mes informations. Les habitants éberlués voient de leurs balcons les rues de leur ville livrées aux grands délinquants : tabassages, feux de poubelles, véhicules incendiés, mobilier urbain saccagé, etc. On connaît les nouvelles normalités. Les « locaux » proclament qu’ils sont abandonnés par la police française, une police qu’en temps ordinaire ils insultent, caillassent et bombardent de pavés. Ils se défendent de pratiquer le trafic de drogues. C’est sinistrement drôle. Les Tchétchènes se défendent de la même accusation par la voix de Chamil Albakov, responsable de l’Association des Caucasiens de Strasbourg. L’Yonne républicaine reste tout à fait muette quant à ces faits : Grésilles appartenant à La Côte-d’Or, ces affaires ne concernent pas l’Yonne Républicaine. Dijon, pour cet organe de presse, imitation fidèle mais délavée du quotidien Le Monde, c’est le Monomotapa, c’est l’ailleurs intégral. Je prends donc mes informations dans Le Figaro du 16 juin, que le lis désormais régulièrement, ne supportant plus l’hypocrisie des Jivaro-Progressistes qui font la loi chez leur principal concurrent. C’est ainsi que dans la lâcheté partagée de la population et de ses dirigeants intéressés seulement à se faire une clientèle électorale, le pays de France roule à l’abîme. Si l’on y ajoute la guerre « raciale » que tentent d’y fomenter un bon nombre d’irresponsables de gauche, on peut raisonnablement prévoir la guerre civile dans les trente ans à venir.

 

Gl. / J’ignorais jusqu’ici que, déjà envahis de musulmans du Maghreb, binationaux qui pour la majorité d’entre eux s’estimant victimes éternelles, ne rêvent que d’en découdre avec leur pays d’adoption, nous allions bientôt l’être également de musulmans tchétchènes, plus coriaces encore. On les voit ici se substituer aux « forces de l’ordre » dans une seule localité. Nos propres policiers se voyant violemment désavoués par leur ministre de tutelle, littéralement désarmés face aux délinquants, sont tentés par l’abandon de poste, le laisser-faire… On s’interroge donc : faudra-t-il créer une police spéciale tchétchène en France, corps auxiliaire d’abord, puis force principale comme firent les Romains pour leurs armées, cette force qui finit par les submerger.

Les Tchétchènes ? Bientôt deux siècles que les Russes n’en viennent pas à bout. Pas même le grand Staline. Depuis, ses suivants (Vladimir Poutine) ont confié le travail à un tyran de leur choix : Kadyrov.

Il faut savoir que les Tchétchènes agissent et réagissent selon une mentalité clanique, avec clans dominants et clans dominés. La loi de « l’honneur » est celle du clan. Loi mafieuse par définition. Leur violence frise la sauvagerie primitive. On se garde d’en donner des exemples.

 

µ-4Ils ont dit, écrit…

Termes avec lesquels la reine Margrethe II, reine du Danemark, ciblait en 2015 la communauté musulmane qui refuse de s’intégrer : « Ils ont des attentes pour leur nouvelle vie et nous attendons aussi quelque chose d’eux. Les réfugiés doivent comprendre où ils sont arrivés : dans un pays qui a une longue histoire et où les normes de vie sont différentes des sociétés d’où ils viennent ».

Gl / Comprendre ? Mon explication est que cela est impossible aux dits « réfugiés » musulmans. Dans leur « longue histoire » à eux, ils ont acquis d’autres normes ancrées dans la Coran, ce guide religieux des pensées et des mœurs. Qui dit religion dit sacralisation. Parfaitement consciente ou simplement routinière, cette sacralisation leur interdit l’adaptation, la pensée et la vision de l’autre, celui que le Coran condamne en tant que kouffar (incroyant, impie). Et l’on sait le projet coranique : la domination universelle de l’islam. L’impasse est totale. La religion met un obstacle gigantesque à la raison, à la discussion, au débat, au respect, à l’entente. Ma gêne d’aller à l’encontre d’une Reine, dame très sage et déjà fort âgée ! Mais je ne crois pas être allé jusqu’au crime de lèse-majesté. Une reine s’exprime d’ordinaire en termes mesurés (à moins qu’elle ne soit celle que rencontra Alice !), mais elle n’en pense pas moins.

 

Lµ-5. « Monsieur… Monsieur… »

1. – Monsieur, vous qui militez dans plusieurs Associations secourables, que ne recevez-vous dans votre propriété de l’Anjou de ces malheureux sans domicile fixe, de ces victimes de notre société colonialiste et esclavagiste pour lesquels vous réclamez justice ?

– Vous n’y pensez-pas, monsieur ! Nous ne disposons que de vingt-cinq pièces dans notre manoir. Comment les logerions-nous ? Et notre jardinier ne le supporterait pas ! Mes rosiers du Japon ! Ils les piétineraient…

– N’êtes-vous pas socialiste et de gauche ?

– À mes heures, monsieur, à mes heures.

2. – Monsieur, j’apprends qu’à Dijon, l’imam d’une mosquée proche de la ville s’est entremis entre vendeurs de drogue maghrébins et vendeurs de drogue tchétchènes afin que ces derniers cessent de mettre certain quartier de la ville à feu et à sang. Et aussi que les Tchétchènes s’étaient entendus avec la police française avant de mener leur raid guerrier. Qu’en pensez-vous, monsieur ?

– Monsieur, je suis socialisto-gauchisant, un homme des Lumières, un progressiste ! Je crois en la raison raisonnante et en l’homme universel. Je vote pour M. Mélenchon. Je sais que ma fille ou ma petite-fille sera un jour contrainte à se voiler, à porter une longue robe noire, à se convertir à l’islam pour se marier à un nommé Mohammed, que sa propre fille sera mariée à l’âge de 8 ou 11 ans et jetée dans le lit d’un cousin prometteur ou d’un vieillard lubrique qui n’en attendait pas tant. Ce n’est qu’un moment de transition. Du moment que l’ordre est rétabli, moi, vous savez…

– Rien ne vous dérange donc, monsieur ?

– Rien, monsieur. Il nous faut un homme nouveau, n’est-ce pas ? Qu’importe qu’il soit émule de Staline, de Mao, de Mahomet ou de qui vous voudrez. L’important est que tous les hommes pensent les mêmes choses, vivent selon la même loi, ne puissent y déroger. C’est à ce prix qu’ils cesseront de s’entre-tuer et que régnera le bonheur sur terre.

– Monsieur… Je ne sais plus qui a dit ceci : « L’ennui naquit un jour de l’uniformité », mais celui-là me paraît avoir dit vrai.

 

Lµ-6Pensées et divagations

 

Divergence. Madame de Sévigné fit un jour à sa fille cet aveu admirable : « Le plus souvent, je suis loin d’abonder en mon sens ».

 

15. D’un grincheux peu mélomane : « J’en ai par-dessus les oreilles de cette messe en scie ».

16. Quelle idée de numéroter ces bribes et brimborions, comme si j’étais Pascal ! Sauf que Pascal ne s’embarrassait pas de brimborions…

17. Filant à droite de la nef de la composite et triste cathédrale de Langres, la rue du Cardinal de La Luzerne ! Ce cardinal, on dit qu’il en mangea de belles quantités, puis qu’il en fuma. Enfin il put croire.

18. Se plaindre : commencer d’abdiquer.

19. Erreur. Croire que l’autre, même ami, partage mes dégoûts, mes passions.

20. On ne hait plus comme il faut de nos jours. On ne veut causer de peine à personne.

21. Salir sa langue, salir son âme.

Contre-pied. Je me plains plus souvent qu’à mon tour, je n’arrête pas… C’est un tropisme français. Il me permet de faire semblant d’abdiquer (M. H.).

22. Le tourisme est profanation. De soi. De l’autre.

23. La télévision : Gorgona. L’image est ce qui empêche de voir.

24. Jeunes gens : autistes en dialyse sonore et visuelle permanente.

25. L’existence : tu nais, tu pleures, tu ris, tu meurs. Le résidu éventuel : une œuvre.

 

Lµ-7Boutades, sarcasmes, badineries et gaudrioles

– J’ai longtemps cru que la foule commençait lors de la réunion de trois personnes. Erreur ? C’est à partir de cinq et au-delà de quatre personnes qu’elle se mesure. Les deux premières mènent la discussion. La troisième les stimule ou les apaise. La quatrième est le témoin ou le mémorialiste qui prend note des propos tenus et de leurs circonstances. On me laisse entendre qu’Aristote aurait été de cet avis.

– Pour le nouveau vocabulaire. Notre époque se dirigeant vers « le monde d’après », lequel nécessite d’autres mots, je propose ce néologisme : les coprofacteurs, soit les fabricants de saucisses reconstituées, potages « transformés » et autres plats préparés aux huiles végétales et aux émulsifiants… Ils se présentent sous les atours merveilleux de la mayonnaise chimique et de la vinaigrette en gelée, cela dans les supermarchés où se précipitent de jeunes femmes minces et charmantes qui, pour beaucoup, évoluent vers la femme enveloppée, puis la dame aux hanches surchargées claudiquant entre les rayons alimentaires où, le temps allant son erre, elles finiront tristement pachydermiques, laides et empoisonnées, dans la compagnie de leurs vieux maris non moins laids, ventripotents et essoufflés.

– Arithmétique amusante pour jeunes gens rebelles (niveau Baccalauréat)

Problème 1 : Dix-sept hommes tentent de sauver leur vie sur un radeau. La tempête se lève. Trois meurent d’épouvante, deux se noient, trois autres sont dévorés par les requins. Combien de ces hommes, pour l’instant, restent en vie ?

Problème 2 : Sur une île de l’Océan Pacifique, vingt-cinq anthropophages capturent trente-quatre explorateurs blancs aux intentions colonisatrices. Ils décident de faire un festin décolonialiste. Les prisonniers sont tous rôtis à la broche. On se régale. Deux anthropophages meurent d’indigestion, quatre autres périssent de la variole, trois s’écroulent anéantis par le remords, un seul ressuscite miraculeusement. Combien d’anthropophages restent vivants ?

 

Lµ-8Le Poème. Clément Marot, Le Temple de Cupidon (œuvre de l’adolescence / vers 1532)

« Tous arbres sont en ce lieu verdoyans :

Petitz ruisseaux y furent undoyans,

Tousjours faisans au tour des prez herbus

Ung doulx murmure. Et quant le cler Phebus

Avoit droit là ses beaulx rayons espars*,

Telle splendeur rendoit de toutes pars

Ce lieu divin, que aux humains bien sembloit

Que terre au ciel de beaulté ressembloit :

Si que le cueur** me dit par previdence***

Ce hault Palays**** estre la residence

De Ferme Amour*****, que je queroye****** alors.

 

* Répandus (s’espandre, se répandre, traverser)

** de telle sorte que le cœur

*** prémonition, prévoyance

**** ce manoir

***** Amour véritable, durable…

****** querre : quérir, chercher, demander

 

Gl / On voit encore de tels paysages paradisiaques, de pareils manoirs, dans bien des provinces, notamment en Bourgogne et dans les pays de Loire, en Auvergne, en Dordogne…

 

µ-9Hic et Nunc. Visions, réflexions…

– Je viens de lire, de Guy de Maupassant, « À la Feuille de rose (Maison turque), comédie de mœurs (mauvaises), en un acte et en prose ». Passe que la langue, y soit – c’est la loi du genre – d’une grossièreté constante, quoique dénuée de toute originalité. Cela se passe dans une maison close, sise entre Argenteuil et Bezons, le long de la Seine, maison que cite Flaubert dans L’Éducation sentimentale. C’est une « turquerie », une farce où l’on berne plus qu’il n’est besoin le mari cocu et son épouse naïve. Une pochade qui n’est pas vraiment drôle et qui pourtant fit rire aux éclats ceux qui, en 1875 et ensuite, assistèrent à ses rares représentations, Flaubert n’étant pas le dernier à s’esclaffer. Ce rire partagé par de bons esprits du temps fut sans doute porté par le sentiment de transgresser les hypocrites pudibonderies de l’époque. Il est heureux que Maupassant n’en soit pas resté à cet écrit de jeunesse. Qu’on pardonne mes grognements professoraux ! La déception !

– Je lis L’Ascension du mont Ventoux, de Pétrarque, comme la métaphore filée de la performance sportive liée à cette métaphore religieuse, chrétienne notamment, du bon chemin menant par voie directe à la sainte vertu, aux – « cimes de la vraie béatitude » –, mais au risque des tentations des chemins de traverse, apparemment plus faciles, en réalité plus malaisés et trompeurs – « la vallée de tes péchés ». Suis l’examen de toute une vie, avec ses points forts, ses faiblesses… Il est clair que Pétrarque s’est, ici ou là, sacrifiant au « péché », consolé des dédains de sa Laure. Le bref récit (en vérité, cette « épître » adressée à son confesseur) s’achève sur la quête de la citation définitive, celle après laquelle il n’est presque plus besoin de chercher mieux encore, de lire encore. On balancera donc, avec Pétrarque, entre deux Pères de l’Église, saint Augustin : « Laissez-là les festins et les beuveries, les orgies et les débauches, les rivalités et les jalousies : tenez-vous en à notre seigneur Jésus Christ, et ne faites pas de vos concupiscences la providence de la chair », et saint Athanase : « Si tu veux être parfait, va, vends tout ce que tu as, donnes-en le produit aux pauvres ; viens, suis-moi, un trésor t’attend au ciel ».

J’ignore si Pétrarque sut atteindre à ce sommet des vertus, à la cime de la perfection et de l’humilité. Selon moi, cela sent déjà la bonne conscience progressiste derrière le bouclier de l’autosatisfaction.

– L’été s’approche entre froideurs nocturnes et après-midis tropicaux. Comme tout français, je me plains. Trois hirondelles par-ci, deux sansonnets par-là, l’agriculture industrielle environnante est ennemie de l’ornithologie. Elle est venue à bout des espèces volantes, pépiantes et chantantes. Les jardins sont le silence même. C’est d’un triste ! (le 21/VI/20).

– Garçon ou fille, un enfant chante et joue. Faisons silence ! Il est content. Peut-être même est-il heureux.

 

Michel Host

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A propos du rédacteur

Michel Host

 

(photo Martine Simon)


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Rédacteur. Président d'honneur du magazine.


Michel Host, agrégé d’espagnol, professeur heureux dans une autre vie, poète, nouvelliste, romancier et traducteur à ses heures.

Enfance difficile, voire complexe, mais n’en a fait ni tout un plat littéraire, ni n’a encore assassiné personne.

Aime les dames, la vitesse, le rugby, les araignées, les chats. A fondé l’Ordre du Mistigri, présidé la revue La Sœur de l’Ange.

Derniers ouvrages parus :

La Ville aux hommes, Poèmes, Éd. Encres vives, 2015

Les Jardins d’Atalante, Poème, Éd. Rhubarbe, 2014

Figuration de l’Amante, Poème, Éd. de l’Atlantique, 2010

L’êtrécrivain (préface, Jean Claude Bologne), Méditations et vagabondages sur la condition de l’écrivain, Éd. Rhubarbe, 2020

L’Arbre et le Béton (avec Margo Ohayon), Dialogue, éd. Rhubarbe, 2016

Une vraie jeune fille (nouvelles), Éd. Weyrich, 2015

Mémoires du Serpent (roman), Éd. Hermann, 2010

Une vraie jeune fille (nouvelles), Éd. Weyrich, 2015

Carnets d’un fou. La Styx Croisières Cie, Chroniques mensuelles (années 2000-2020)

Publication numérique, Les Editions de Londres & La Cause Littéraire

 

Traductions :

Luis de Góngora, La Femme chez Góngora, petite anthologie bilingue, Éd. Alcyone, 2018

Aristophane, Lysistrata ou la grève du sexe (2e éd. 2010),

Aristophane, Ploutos (éd. Les Mille & Une nuits)

Trente poèmes d’amour de la tradition mozarabe andalouse (XIIe & XIIIe siècles), 1ère traduction en français, à L’Escampette (2010)

Jorge Manrique, Stances pour le mort de son père (bilingue) Éd. De l’Atlantique (2011)

Federico García Lorca, Romances gitanes (Romancero gitano), Éd. Alcyone, bilingue, 2e éd. 2016

Luis de Góngora, Les 167 Sonnets authentifiés, bilingue, Éd. B. Dumerchez, 2002

Luis de Góngora, La Fable de Polyphème et Galatée, Éditions de l’Escampette, 2005