La Styx Croisières Cie (8) Août 2018 (par Michel Host)
« … son pied glissa et, à l’instant suivant, plouf ! elle se trouvait plongée jusqu’au menton dans l’eau salée. Sa première idée fut qu’elle était, par suite de circonstances inexplicables, tombée dans la mer. “Dans ce cas, se dit-elle, je pourrai prendre le train pour faire le voyage de retour” (Alice était allée au bord de la mer une fois dans sa vie, et, par une généralisation hâtive, elle en avait conclu que partout où l’on va sur les côtes anglaises on trouve un grand nombre de cabines de bain trempant dans l’eau, des enfants en train de creuser des trous dans le sable à l’aide de pelles en bois, puis une rangée de pensions de famille et, derrière ces pensions de famille, une gare de chemin de fer). Cependant, elle ne tarda pas à comprendre qu’elle se trouvait dans la mare formée par les larmes qu’elle avait versées lorsqu’elle avait deux mètres soixante-quinze de haut ».
Lewis Carroll, traduction H. Parisot
Jules de Montalenvers de Phrysac, noté dans le Livre de mes Mémoires
Lµ. 1/ Alice tombe dans une mer de larmes qu’elle prend pour la mer. Est-ce un rêve d’Alice ? Le propre des rêves est d’être, pour un temps du moins, pris pour la réalité. Le sang-froid d’Alice est merveilleux, comme le pays où elle est entrée. Ce qu’elle connaît – quelques mètres des côtes anglaises, les cabines de bain, les enfants creusant le sable, une gare toute proche… – lui permet de ne pas paniquer, de ne pas se noyer ? Le réel et le rêve se portent mutuellement secours. Ce qu’ignore Alice, c’est que les cabines de bain disparaîtront un jour des plages, que les pensions de famille deviendront des hôtels quatre étoiles, que les pelles en bois seront bientôt en matière plastique de mauvaise qualité et fabriquées en Chine. Tous les rêves ne sont pas prémonitoires.
µ. 2/ Petite récolte avant le temps
§. Nous apprenons que le gouvernement français s’est mis en vacances. Tous aux plages, aux villégiatures, dans les contrées exotiques ! Ainsi on ne parlera plus et on ne leur parlera plus de l’affaire Alexandre Benalla. Une bien misérable affaire, entre nous soit dit, qui dans un mois aura cessé de nous coller aux semelles ? C’est du moins ce que tout le monde espère dans cette petite bande de malfaiteurs et de profiteurs de l’argent du peuple.
§. Un nouvel hôpital parisien : Bercy. La grande maison du fisc, les pieds dans l’eau trouble de la Seine, vient de se muer en hôpital moins. On y supprime des lits dans les hôpitaux, on y raye de la carte des hôpitaux de province tout entiers, des maternités réputées trop peu fréquentées, et tout dernièrement des médicaments soignant la maladie d’Alzheimer, efficaces pour beaucoup de malades. Nous sommes donc soignés par les inspecteurs des impôts, c’est un énorme pas en avant. Les laboratoires pharmaceutiques ont parfaitement contribué à cette évolution en exagérant leurs prix de vente.
§. Général de Gaulle. « … il refuse sa dotation annuelle d’ancien président de la République et son traitement de membre du Conseil constitutionnel » (Le M. 31/VII/2018). A-t-on connu, dans la France du dernier siècle, un seul homme fait de ce métal incorruptible ?
§. Nous apprenons (c’est fou tout ce que nous pouvons apprendre… sans doute un effet peu attendu de la surpopulation), les pompiers de Paris (Brigade des Sapeurs Pompiers de Paris, BSPP) sapent leur réputation. Ils comportent 3% de femmes sapeurs qu’ils ne négligeraient pas de combler d’avanies, d’insultes sexistes, allant parfois aux attouchements et aux viols. Certaine jeune fille, malade, qu’ils sont tenus de secourir à intervalles réguliers, bénéficie de leurs attentions sexuelles non désirées, jusqu’à des viols en réunion. Le parisien moyen se faisait une plus belle idée des soldats du feu qui par ailleurs démontrent un courage hors du commun et un héroïsme admirable et admiré.
Notre temps corrompt l’âme de façon perverse. Avec le refus obstiné de tout ce qui touche à la morale, l’apogée de la pornographie accessible à tous y est sans doute pour quelque chose.Tout cela découpe les consciences, les individualités, les existences établies en zones compartimentées non reliées les unes aux autres. D’humains aussi proprement disséminés en eux-mêmes, émiettés, on peut tout attendre et s’attendre à tout.
§. Général de Gaulle. Entendu le discours qu’il fit, en 1966, au monde et plus particulièrement aux Américains alors enlisés dans le combat qu’ils menaient contre les communistes vietnamiens et qu’ils devaient perdre. De Gaulle faisait alors un éloge appuyé, et sans contorsions de mots ni de phrases, des peuples asiatiques qui n’avaient aucune raison de se soumettre à des forces extérieures venues de l’autre rive du Pacifique afin de les vaincre et coloniser : ils avaient le plein droit de disposer d’eux-mêmes. Il avait tenu le même discours, en juin 1940, puis de Londres plusieurs fois aux Français (et aux Allemands) durant la seconde guerre mondiale, lors que notre pays avait été militairement vaincu et était en passe d’être colonisé par le monde nazi qui y avait rencontré ses partisans, ses collaborateurs, ses aides-bourreaux. D’un tel homme, pouvait-on attendre qu’il tînt un discours d’une nature différente aux populations algériennes et françaises vivant en Algérie ? Il était d’une seule pièce dans son être et sa pensée. En outre, il avait refusé une Algérie départementalisée de crainte de voir la France se musulmaniser. L’erreur était de penser que les Algériens indépendants conduiraient des politiques bénéfiques pour leur pays. Ce peuple issu de bédouins pillards, d’individus incapables de « gérer » des groupes dépassant leur sphère familiale ou clanique, peuple corrompu par conséquent, ne devait produire que des dictateurs issus de la classe militaire, des fonctionnaires profiteurs des gisements pétrolifères qui abandonnèrent le pays à lui-même, négligèrent son agriculture si prometteuse et réduisirent sa jeunesse proliférante au chômage puis à l’exil. La France est donc aujourd’hui envahie par de jeunes descendants d’Algériens haineux et furieux de n’avoir pu être « reçus » avec tous les honneurs dus à leur rang. Pour ma part, je m’étonne que les vieux partisans de l’Algérie française, l’OAS notamment, n’aient su deviner le sens de sa déclaration : « Français, je vous ai compris ! » et se soient considérés comme trahis par De Gaulle.
§. Notre macronique gouvernement serait « contrarié » dans ses plans et chagriné par « la faiblesse de la croissance ». D’un côté, les très aisés bénéficiaires de l’incroyable cadeau fiscal qui leur échut avec la suppression de l’ISF (Impôt sur la Fortune) n’ont pas tenu leur promesse d’embaucher et de remettre la France au travail. On suppose que cet argent gagné sans efforts de leur part, somnole ou fait des petits dans des banques étrangères miraculeuses ou dans la belle pierre de nos plus beaux immeubles. D’un autre côté, on voit mal comment des Français, ouvriers modestes pour la plupart, petits bourgeois aux très faibles salaires ou émoluments, menacés par les ponctions excessives et croissantes du fisc, inquiétés par les fermetures de leurs entreprises, serviteurs-esclaves vivant dans la crainte constante du licenciement, auraient à cœur ou auraient seulement la possibilité par leurs achats de produits français (eux-mêmes grevés de taxes) de relever les chiffres de notre PIB. Nos gouvernants si sûrs de leur politique libérale nous conduisent à la ruine. Ils vont compléter les œuvres de M. Hollande. Si l’on excepte les parfums et nos produits de luxe et de mode, nous régressons sur tous les marchés internationaux (Cf. Le M. 5/6/VIII/2018).
µ. 3/ Si Peau d’âne m’était conté. Les vieux Chinois, au lieu de se préparer à la mort comme l’ont certainement préconisé leurs sages antiques et Michel de Montaigne, veulent toujours et encore bander comme des ânes. Il leur faut donc adjuvants et stimulants venus d’ailleurs. Du Kenya particulièrement. Ces vieux libidineux sont venus à bout de rhinocéros d’Afrique, chassé pour sa corne (un aphrodisiaque, paraît-il) et dont il ne reste plus que quelques individus en Afrique. On ne voit plus l’espèce survivre que dans les grands zoos, et encore des trafiquants viennent y scier les cornes des malheureux pachydermes. On a par ailleurs le plus grand mal à les empêcher d’exterminer les derniers éléphants africains. Ils s’en prennent donc maintenant aux ânes, ces pacifiques et amicaux petits mammifères, pour leur peau justement, que l’on exporte pour en faire « une poudre utilisée en médecine traditionnelle ». Des trafiquants les volent aux paysans pauvres et les expédient en Chine. Le Kenya comptait 1,8 millions d’ânes en 2009, et en 2017 seulement 900.000. Le marché chinois est sans limites. À Pékin, Shanghai, Canton… des millions de cacochymes libidineux attendent leur poudre miraculeuse. Les autorités kényanes hésitent à interdire ce commerce inouï, car il est d’un excellent rapport. Le prix d’un âne volé ou acheté est passé de 6000 à 12.000 shillings, et à 30.000 parfois, dans les zones déjà déficitaires. On tue les ânes dans des abattoirs spécialisés, souvent à l’origine de pollutions de l’environnement. Le Niger, le Burkina Faso et le Botswana ont renoncé à ce commerce. L’espèce asinus reste cependant en danger d’extinction. Une de plus. Rappelons qu’Alexandre Vialatte avait imaginé la fin de tout : le dernier homme assis sur une chaise de fer posée sur un cube de ciment, contemplant le désert alentour. Ajoutons qu’il tient son iPhone à la main, appuyant en vain sur les boutons de l’appareil muet.
Pour la partie concrète de cet article : Marion Douet (Le M. 8/VIII/2018)
µ. 4/ Les autorités du Bangladesh sont d’une violence comparable à celle de ces monstres esclavagistes, colonialistes, nazis à peine déguisés pour tout dire, appelés Français, qui détruisent les camps de fortune de leurs migrants venus d’Afrique du nord. Les laissent pourrir sur pieds sur les trottoirs de leurs villes, ne les accueillant que contraints et forcés. « Accueillir » est une hyperbole risquée. Au Bangladesh, donc, certains voudraient déplacer une part du million de réfugiés rohingyas sur une île souvent inondée du Golfe du Bengale. Noyades en masse ? Une méthode inaugurée en France pour les « résistants » vendéens il y a plus de deux siècles, ici on ne peut plus originale. Des pauvres envahis par de plus pauvres qu’eux ! Rappelons que les Rohingyas furent chassés militairement de Birmanie, parce qu’en parfaits musulmans qu’ils sont, ils s’attaquèrent aux forces de sécurité birmanes, lesquelles se firent un plaisir de les expulser vers le Bangladesh avec une violence au moins égale. Les hommes ne pensent pas, n’anticipent rien. Ils se battent d’abord et la suite appartient aux dieux, ici à Allah qui ne fut jamais bon conseiller. Le grand spectacle que s’offrent les hommes au Théâtre de la Terre est confondant, affligeant. Ses metteurs en scène sont de purs crétins. Qu’on ne me raconte pas d’histoires : pourquoi un dieu ou des dieux auraient-ils pris la peine de les mettre au monde ?
µ. 5/ Ce monde ennuie. Ce monde m’ennuie et plus s’avance mon temps, plus je hais les humains. La naïveté ouverte d’antan s’est peu à peu muée en misanthropie ancrée. Ce monde déçoit, fatigue, épouvante parfois. La bêtise criminelle est collective, les exemples abondent depuis toujours et les gentillesses que se proposent Birmans, Rohingyas et Bangladais ne démentent en rien le tableau général. Cette folie est encore individuelle et non moins criminelle lorsque l’on pense au dernier maître du Kremlin et de toutes les Russies, M. Vladimir Poutine qui maintient en détention un seul opposant, M. Oleg Sentsov. Ce dernier est au bord de la mort. Pourtant, que peut un homme contre une telle machine dressée à la vitamine KGB ? Que veut cet homme seul ? Non pas renforcer une opposition déjà muselée, mais seulement dire que la liberté n’est qu’un mythe, un mot creux dans chaque démocratie de façade. M. Poutine, dont j’avais espéré un peu de raison, ne connaît sans doute que la raison d’État. Laquelle dans ce cas précis ? On se le demande. Eh bien, M. Poutine rejoint les satrapes de partout et de toujours. Il est un satrape ordinaire. Oui, ce monde m’ennuie.
On me dira : « Qu’espériez-vous ? Les vouliez-vous autres que ce qu’ils sont, d’une autre nature ? Quel ingénu vous faites, vous qui pourtant avez lu Voltaire ». Je n’ai rien à répondre à cet argument fondé sur le bon sens, celui qui précisément n’est pas le bon. « Je voulais du sens et de l’amour, rien d’autre ». « Ah ! Voilà maintenant que notre ingénu se double d’un rêveur, d’un idéaliste ! ». Moi : « Mesdames, messieurs, je songe à vous quitter. Sans regrets ». Eux : « Faites bon voyage. Nous vous oublierons et n’aurons pas plus de regrets que vous ».
Lµ. 6/ De la postérité. Que l’on ne se berce plus de rêveries et de contes. En quatrième de couverture de la 32e édition de Jocaste et le chat maigre d’Anatole France, les Éditions Calmann-Lévy retiennent la liste d’écrivains suivante :
– J.-AD. Arennes, Les plus faibles sont les plus forts. Auteur disparu corps et biens ! Des titres aussi alambiqués et oxymoresques permettent de le comprendre.
– René Bazin, Nord-Sud. Resté dans les longues-vues des amateurs de littérature.
– Jean Bertheroy, Les Tablettes d’Erinna d’Agrigente. N’est resté ni dans les mémoires ni sur le tablettes !
– François de Bondy, Constance dans les Cieux. Écrivain divers et varié.Ni les Cieux ni son fief de l’est parisien ne l’ont sorti de l’anonymat nobiliaire.
– René Boylesve, La Marchande de petits pains pour les canards. Son amour des majuscules l’a peut-être sauvé du complet oubli, ainsi que sa Leçon d’amour dans un parc. Il fut académicien. Qui s’en souvient ?
– Général Bruneau, En colonne. Sans doute mort pour la France, ou dans son lit.
– Guy Chantepleure. En fait, Jeanne-Carole Violet Dussap, La Ville assiégée. Disparut-il (elle) lors du siège ? Pleuré(e) par ses familiers et ses proches.
- Henry Daguerches, Le kilomètre 83. N’est pas allé plus loin. Militaire, écrivain franco-argentin et « poète colonial ».
– Max Daireaux, Le plaisir d’aimer. Sans doute mort de plaisir. Ingénieur. Obtint en 1914 le pris Heredia pour l’ensemble de son œuvre poétique, soit 3000 F.
– Albert Dulac, La Vie et la Mort de M. Legentois, Rentier. On s’interroge sur son passage sur terre et dans la littérature.
– Anatole France, Les Dieux ont soif. Beaucoup, avec moi, lisent ou relisent avec plaisir et profit ce bel écrivain doublé d’une conscience sans préjugés, qui savait penser à droite aussi bien qu’à gauche, selon la question posée. On n’a, le lisant, aucune obligation de se prendre pour un réactionnaire attardé mental comme le voulurent les surréalistes et le veulent encore bien des Jivaro-progressistes.
– Humbert de Gallier. Comte de Gallier, Filles nobles et magiciennes. Sans doute perdu corps et biens dans l’une de ses rêveries érotiques. Son prix Montyon lui permit de gagner 500 F.
– Gustaf Af Geijerstam, Le livre du petit Sven. Un écrivain venu d’ailleurs et qui y est retourné. Ami de Strindberg. Son nom imprononçable en français facilita l’oubli dont il est victime.
– G. Guesviller & J. Madeline, La Présidente. Ils s’y mirent à deux, ce ne fut probablement pas mieux. Le prénom de Guesviller est Gustave. De J. Madeline, plus de trace.
– Gyp, Napoléonette. Sous le pseudonyme de Gyp, cette comtesse de Martel écrivit aussi Le Mariage de Chiffon. Elle a au moins laissé un nom, voire deux. Auteur d’une multitude de bluettes sentimentales (120, dit-on), arrière petite-nièce de Mirabeau, elle tint un salon fort huppé à l’époque de Proust, Montesquiou… Son antisémitisme furieux, actif et virulent n’aide en rien à sa réputation. Naturellement nationaliste antidreyfusarde.
– O.-G. de Heidenstam, Marie-Antoinette, Fersen et Barnave… Inconnu, comme bien des historiens-écrivains ou écrivains-historiens de notre temps.
– André Lichtenberger, Kaligouça le cœur-fidèle. Peut-être s’agit-il d’un autre portant le même nom ? Fournit avec Mon petit Trott de nombreuses dictées pour l’école primaire.
– Pierre Loti, Turquie agonisante. Sa célébrité franchit les âges et les frontières.
– Jeanne Marais, Les Trois nuits de Don Juan. Inconnue bien qu’elle semble avoir eu cette originalité de rendre plus vraisemblable le personnage de celui qui en séduisit « mil e tre » ! Selon un journaliste de son époque, une partie de sa production fut de « la gravelure ».
– Francis de Miomandre, L’aventure de Thérèse Beauchamps. A laissé plus qu’un nom, de très beaux livres. S’il ne « Marche sur l’eau », il Écrit sur l’eau (son Goncourt 1908). Sa production décourage par son ampleur.
– Émile Nolly, Le Chemin de la Victoire. Inconnu au bataillon, bien qu’il fût capitaine.
– J.-H. Rosny jeune, Sépulcres blanchis. Connut la gloire avec son frère, dit l’aîné. Ici, un beau titre qui donne envie de lire.
– Marcelle Tinayre, Madeleine au miroir. Son nom me rappelle quelqu’un, mais qui ? Belle femme, même en gravure. Écrivain catholique, assez moralisante, de bonnes raisons pour l’ignorer. Œuvre immense et donc décourageante.
– Pierre de Trévières, Le fouet. Mérita-t-il les étrivières ? Sur lui, rien.
– Jean-Louis Vaudoyer, Poésies. On le cite, et c’est assez mollasson dans l’ensemble.
– Andrée Viollis, Criquet. Son premier livre semble-t-il. Née en 1870. Aussi journaliste et proche du communisme.
– Colette Yver, Les Sables mouvants. Auteur de romans et d’essais.Catholique, ce qui n’arrange pas ses affaires aujourd’hui.
Vingt inconnus, ou presque inconnus, sur cette liste de vingt-sept écrivains. Cela signifie-t-il qu’ils méritent la nuit dans laquelle ils sont tombés, d’être négligés, ignorés ou même brocardés ? Ce n’est pas mon sentiment. Ils ont écrit, travaillé. Leurs principaux succès appartiennent à une époque. La nôtre a eu le tort de ne les retenir que dans Wikipédia. Pour la plupart, ils sont nés dans les années 1880. Ces succès, ils les ont sans doute mérités. Ils ont œuvré, fait ce que leur cœur, leur intelligence, les circonstances exigeaient d’eux. Dans quelque temps, mon intuition me dit que je rejoindrai leur cohorte. Quelques livres insignifiants, peut-être, mais quoi !… des auteurs plus connus longtemps après leur mort n’ont pas écrit que d’excellents ouvrages. Ceux de la majorité des Académiciens tombent en poussière dès leur effacement de la scène littéraire. Ils ont cru prévenir leur destin en portant le bicorne et l’épée. Pline l’Ancien prétendait qu’il n’est pas de si mauvais livre que l’on n’y trouve quelque nourriture ou agrément.
µ. 7/ Parmi les plaisanteries catholiques de haute volée, fables et coquecigrues diverses, la fête de l’Assomption (à chaque 15 août) voit la Très Sainte Vierge Marie effectuer son Assomption, autrement dit sa montée au ciel, d’où elle n’est pas censée redescendre. Or, la cérémonie a lieu chaque année, ce qui en logique élémentaire laisse supposer qu’elle est redescendue parmi nous. Ce miracle-là n’est jamais célébré. Quelque chose cloche, selon moi. Qui plus est, et pour symbolique que soit la plaisanterie, nul ne sait de quel aéroport ou de quels aéroports décolle la mère de Dieu une fois l’an. Je reviendrai en septembre sur ces questions essentielles.
Le 15/VIII/2008
µ. 8/ Vers le 22 août. Nous apprenons que le gouvernement français revient de vacances, non pas tel M. Hulot avec ses cannes à pêche, mais en M. Macron désireux de saigner la nation comme bête d’abattoir et ensuite, à son grand étonnement, de constater que son PIB ne progresse pas, que le nombre des chômeurs diminue à peine et que les citoyens commencent à douter de son savoir-faire. Par ailleurs, l’affaire (petite en soi mais grande par son écho) n’est pas clarifiée. Enfin, aux quelques escrocs qui composent ce gouvernement, dit « l’exécutif », vient de s’ajouter la ministre de la culture, l’ex-éditrice (maison Nyssen), qui, sans avoir rien déclaré ni respecté aucune règlementation, a mis la période estivale à profit pour agrandir sa maison d’édition de quelque 150 m2. Ces gens se mettent « hors-la-loi » tout en prétendant y soumettre leurs concitoyens. On s’interroge déjà : la Justice, en l’occurrence, va-t-elle exécuter ses mandats et devoirs ou passera-t-elle l’éponge, comme cela se fait couramment dans les petites et grandes dictatures de cette planète. Il semble que non : la présidence attendrait une mise en examen pour agir. [*]
[*] Aux dernières nouvelles, on aurait entendu des bruits de pas entre les murs du palais de justice.
Lµ. 9/ La « rentrée » aura bien lieu. Sur l’antenne France-Culture, seule radio que je puisse écouter à la campagne, on efface peu à peu les master class, entretiens, confidences et bavardages entre amis et complices des mêmes cloaques politiques réducteurs de pensée. On y parlait de soi, et de soi et encore de soi, mettant en évidence les faibles qualités dont on disposait et érigeant en motifs d’autosatisfaction et de distinction les défauts et les manques qui nous rendent exactement semblables les uns aux autres.
Pour la rentrée « littéraire », ce 23 août au matin, elle fut « confiée à Mme Angot, la catastrophique romancière connue du monde médiatique et des illettrés. Elle vient d’achever un roman que je ne lirai pas, sans doute un ouvrage cardiopathique, vaginal, lacrymal et sentimental, non destiné à rester dans les mémoires. Il s’agirait d’une femme mal assise entre deux hommes, un sujet absolument neuf inventé par Mme Angot, laquelle tente de le présenter aux auditeurs et éventuels lecteurs dans un langage plus maladroit encore que celui de ses débuts ; les mots s’y choquent et entrechoquent, répétés, redoublés, comme entraînés par une eau en crue. Elle sera notre Zénaïde Fleuriot. Après s’être gavé d’autobiographies de théâtre, de biographies tronquées, d’autofiction et de faux témoignages, le lectorat français illettré est invité à labourer les champs stériles de la littérature des sentiments » (article intégralement repris du quotidien espagnol El Grano salis de Almería,signé curieusement du baron de Grand-Grognon. ¡ Adelante amigos ! ¡ Santiago y cierra España !).
µ. 10/ Le satrape Macron tiendrait une liste noire des journalistes et organes de presse qui le critiquent, lui et son pouvoir absolu. Ladite presse s’en plaint grandement, accusant le pouvoir d’ostraciser le contrepouvoir qu’elle prétend représenter. Or, elle oublie que durant les présidences dites « progressistes », elle fut leur soutien constant, infaillible, à la fois thuriféraire et organe de propagande de l’Élysée.Commentaire : elle a fait le saut de Hollande l’indécis à Macron, le satrape masqué. Tant pis pour elle. Bientôt l’Élysée repeint aux couleurs du Kremlin ! Les journalistes critiques, à la Lubianka ! l’Histoire est plutôt farceuse, non ?(d’aprèsFrance-Inter, ce matin, le 24/VIII).
J’ai quatre mots à vous dire
Choix des réponses :
1) Ils l’ont dit
2) Ils ne l’ont pas dit mais l’ont pensé
3) Ils ne l’ont ni dit ni pensé
A) M. Emmanuel Macron, « Enrichissons les riches et appauvrissons les pauvres. Sans pauvres, que feraient les riches de leur vanité ? Sans riches, à qui s’en prendraient les pauvres ? »
B) M. Trump, « Les forêts brûlent ? Coupons les arbres, elles ne brûleront plus », c’est comme dire « Vous avez mal aux dents, faites-vous arracher les dents »
C) Elisabeth d’Angleterre, « Jusqu’à quand vais-je encore devoir sortir le prince consort ? »
D) Henri Bergson, « Je prouverai que les stoïciens ne savent ce qu’ils disent et que Zénon était un imbécile »
E) Jules Renard, « Je me mets en quatre pour éviter de rendre service »
F) Paul Valéry, « Mets les rieurs de ton côté – et le bateau chavire. Il te verse avec eux dans le vulgaire »
G) Le Roi d’Espagne, « Mon gendre est une crapule »
H) Les Empoisonneurs de la firme Monsanto, « Ils nous les casse, ce nègre jardinier qui nous traîne en justice ! S’il pouvait crever de son cancer ! »
I) Les députés de LREM (La République En Marche), « Quel plaisir, après le faux socialisme, de pratiquer le vrai macronisme »
J) Platon, « L’amitié véritable est la seule chose qui ne fasse pas désespérer de l’homme »
Réponses :
A : 2
B : 1
C : 2
D : 3 (c’est monsieur Longuemare, dans Jocaste et le chat maigre, d’A. France, qui l’a dit sans le dire et pensé sans le penser, puisqu’il est une fiction romanesque)
E : 1 (mais on a pu croire qu’il s’agissait de Ravaillac, à l’heure où, sur la place de l’Hôtel-de-Ville, il était tiré à quatre chevaux. On s’est trompé
F : 1 (mais j’ai trouvé cela assez snob)
G : 4
H : 4
I : 4 (en se frottant les mains et sans rougir)
J : 2 (Platon l’a pensé, L.F. Céline l’a écrit) Correspondance
Michel Host
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