La Mère Michel a lu (5) la beauté et la douleur des combats de Peter Englund
La beauté et la douleur des combats de Peter Englund
Une nouvelle histoire de la Première Guerre mondiale. Traduit du suédois par Rémi Cassaigne, éd. Denoël, 2011 [Titre original : Stridens Skönhet och Sorg, Éd. Atlantis, Stockholm], 556 pp., avec illustrations photographiques, 27 €
LA GUERRE N’EST PAS UN ART D’AGRÉMENT
« Les expériences personnelles de ce qu’on appelle la guerre sont au mieux l’évocation au réveil des souvenirs d’un rêve confus et ahurissant, îles perdues dans le brouillard des mers. Quelques incidents personnels se détachent un peu plus clairement, tirant leur clarté de la chaleur de la chose vécue. Puis même les incidents comportant le plus grand danger deviennent banals, jusqu’à ce que les jours semblent s’écouler sans rien de notable que la proximité constante de la mort ».
Edward Mousley, artilleur.
Peter Englund est historien suédois, secrétaire perpétuel de l’académie qui, une fois l’an, décerne le prix Nobel de littérature. L’un de ses ancêtres, Carl Englund, mourut sur le front de la Somme, en septembre 1918, alors qu’il combattait dans les rangs de l’armée australienne. Cette guerre fut, plus qu’on ne l’a dit, une affaire de famille, la famille humaine. Le livre est un récit multiple de la première des grandes boucheries qui du XXe siècle firent, selon moi, « le siècle inique ». Multiple ce récit parce qu’issu de la bouche et des écrits de 20 témoins, soldats combattants de différentes armes pour la plupart, gens de l’arrière pour quelques-uns, écolière, infirmières, fonctionnaire, marin, chirurgien, ingénieur. Les points de vue sont variés mais finalement, après cinq ans, ils convergeront dans la lassitude et l’écœurement. La guerre est vue tour à tour de l’intérieur de la bataille (oui, surtout de l’intérieur !), en son centre et à sa périphérie, et parfois aussi dans sa mise à distance. Ce livre est donc un kaléidoscope de « témoignages » qui, en outre, n’étaient pas faits pour être publiés… D’où, pour l’auteur de ce florilège, la nécessité de mêler aux citations des sortes de résumés des impressions et visions de chaque participant : cela est réalisé avec doigté et n’occulte en rien le caractère direct des impressions, des sentiments…
Un judicieux choix de photos accompagne les textes. Retenons celles-ci : en page de couverture, les classiques embrassements sur le quai d’une gare, lorsque le jeune homme part pour ce qu’il imagine être une promenade militaire de quelques semaines, contrastent avec cette vision d’un fantassin allemand suspendu, bras ballant, ne touchant plus terre, sur la ligne de barbelés où la balle ennemie l’a frappé mortellement. Des foules d’hommes sont en marche dans les villes, sur les chemins : hommes en rangs et en files, colonnes de prisonniers, troupes coloniales à l’exercice… Le fort de Douaumont noyé dans la fumée des canonnades répond à des soldats regardant jouer des enfants sur la plage de Boulogne-sur-Mer ; des villes comme Lens et Péronne, presque entièrement détruites, préfigurent ces images du Berlin de l’année 1945 que nous pouvions croire uniques en leur genre.
Ce qui frappe très vite le lecteur, c’est que s’il imaginait la guerre comme un événement éminemment collectif, il lui faut convenir qu’elle est avant tout « affaire personnelle ». Certes les déplacements de masses humaines, civiles ou militaires, sont évoqués à de nombreuses reprises, mais cela aussi est vu et ressenti par chacun selon son histoire, sa formation, son milieu social, son tempérament et sa psychologie. Tout l’intérêt est dans ce contraste étonnant : le combattant a le nez contre la terre de la tranchée, les yeux fixés sur les barbelés, il voit les cailloux et la mitraille voler autour de lui, il entend les hurlements des assauts… Puis il entre soudain dans une phase de véritable démence collective, rentrant en lui-même ou sortant de lui-même, ne sachant plus qui il est ni où il est… Il ne s’appartient plus. Il tremblera de peur à tel moment, et ensuite, dans des circonstances tout aussi terribles, il éprouvera une sorte d’indifférence à tout, ou encore se verra emporté par l’ivresse de la charge, parfois même par un violent désir de tuer… C’est, dans tous les cas, l’aliénation, donc la marche vers l’inhumain.
Lorsque Peter Englund nous parle de « la beauté » des combats, ce n’est pas à la façon d’un Ernst Jünger, mais le plus souvent pour moquer les déclarations tonitruantes des va-t-en-guerre, qu’ils soient hommes politiques (René Viviani) ou « planqués » de l’arrière. On n’est pas avare de rodomontades, ni en France ni en Allemagne. Le haut fonctionnaire Michel Corday, sans doute trop âgé pour combattre (il a 45 ans en 1914) et qui voyage alors par toute la France, est un ironique observateur de ces mouvements. Ami de Tristan Bernard et d’Anatole France (1), son regard spectrographie toute la société. La guerre, vue de loin et faite par d’autres, jusqu’à ce qu’elle ennuie, a d’envoûtantes beautés, en effet. Depuis Homère, en passant par la Chanson de Roland, par les chroniques de Froissart et de quelques autres, les grands étripages d’hommes ont généralement eu bonne presse. Et Jean Giraudoux avait finement observé que « la rime, c’est encore le meilleur tambour » !
On s’engage, donc, ou l’on est mobilisé. La petite Elfriede Kuhr (12 ans) (2) est en quelque sorte « engagée involontaire » : elle tombe dans la guerre, ou la guerre tombe sur ses épaules ; son destin, ses illusions et désillusions, excitent la pitié, et elle verra la fin du conflit dans un hôpital pour enfants, avec un bébé mourant et squelettique dans ses bras : « Ah, ces bébés ! La peau sur les os. Petits corps affamés. Et de si grands yeux ! […]… il n’a que six mois. Il y a très clairement une question dans ces yeux, ou plutôt un reproche ». Comme Kresten Andersen, Danois engagé dans l’armée allemande, on voudra participer à la guerre pour « renforcer sa personnalité, la renforcer dans son endurance et sa volonté… ». Le marin Richard Stumpf sera poussé par la haine des Japonais entrant en guerre contre son pays… il évoluera et verra les choses d’un autre œil, plus tard. Malgré ses 21 ans, le soldat René Arnaud ne sera jamais dupe de rien : il se bat loyalement, avec courage, et il combattra à Verdun où, comme tous les bataillons, le sien sera relevé lorsque les deux tiers de son effectif auront disparu. Ainsi, sur la Somme, d’un vol d’oiseaux migrateurs sur lequel des soldats ont tiré, déclenchant la riposte de la tranchée d’en face et finalement une intervention de l’artillerie, le communiqué de l’État-Major conclura qu’« une attaque allemande a été arrêtée net par notre feu », et Arnaud de tirer la leçon : « C’est ainsi qu’on écrit l’histoire ». Peter Englund notera ailleurs que « les mots sont une des matières premières les plus stratégiques en temps de guerre ».
L’un des « engagés » les plus étranges (d’un point de vue équilibré, me semble-t-il…) est celui du vénézuélien Rafael de Nogales qui, à trente-cinq ans, s’étant battu au Mexique et partout ailleurs, offre ses services aux Français, aux Belges, aux Russes, aux Serbes… qui tous déclinent son offre. Il entre alors dans les rangs des Ottomans. Ce qu’il veut, c’est se battre, participer aux combats. Son idéal de vie est la confrontation virile. L’auteur le voit en « aventurier international ». Nous pourrions aussi bien dire qu’il est un « baroudeur », mais non pas un « mercenaire », car ce n’est pas le bénéfice financier qu’il recherche, mais plutôt l’occasion de s’éprouver et de faire acte de courage… Un type d’homme que l’on doit imaginer de toutes les époques ! Nous verrons l’intérêt de ses témoignages.
Sans vouloir aller à tout prix à l’extraordinaire, à l’anecdote piquante ou cruelle, nous voudrions rendre compte de quelques-unes des réflexions et pensées de ces gens qui, tous, furent saisis dans la main de la guerre. Rendre compte aussi de telle ou telle de leurs actions, d’un événement auquel ils assistèrent… Le front est partout, en Belgique, en France, à l’Est de l’Allemagne, dans les Balkans, le Caucase, en Turquie, et jusqu’en Afrique et en Asie, où les Allemands veulent attirer des soldats alliés pour alléger le poids des batailles de l’Europe, où les Anglais veulent faire de même en retenant des troupes allemandes dans tous les lieux « colonisés » ou en voie de l’être… Guerre mondiale, donc, et première du genre et à cette échelle gigantesque !
C’est, pour revenir sur ce point, Michel Corday notant qu’à la rentrée scolaire de 1915, une circulaire du ministre de l’Instruction publique, invite « fermement » les maîtres « à rappeler aux élèves la guerre dans toutes les matières et à bien veiller à “en dégager les exemples, les leçons, les beautés” ». Le même, en 1916, voit se développer la prostitution dans Paris et ailleurs, l’une des fonctions attendue et inattendue de cette pratique étant d’infecter de quelque maladie vénérienne les soldats qui, lors d’une permission, imaginent échapper par ce moyen à l’enfer des combats. Le même encore, fait observer que déjà Londres fut terriblement bombardée par les raids allemands (les zeppelins !), les villes allemandes par les aviations britannique et française, et, que Paris n’étant pas épargné, on fit assaut d’héroïsme feint et de comique involontaire, un soir de représentation à la Comédie-Française, en ne quittant sa place que lorsque les comédiens eux-mêmes furent saisis par la peur. Ces bombardements n’ayant pour objet que de terroriser les populations civiles (déjà !) (3), Corday « trouve cela barbare ». Il relèvera aussi ce propos d’un « mutin » menacé d’être fusillé sur le front (4), et qui en dit long sur l’absurde : « Au moins, si on m’exécute, je saurai pourquoi je meurs ». Enfin, en 1918, lorsque les troupes allemandes arriveront sur La Marne, les parisiens aisés quittent Paris (déjà !), et Corday souligne que parmi eux beaucoup furent trois ans auparavant de bruyants partisans de la guerre à outrance. Il relève, au sujet de ces fuyards qu’on imagine s’excusant, cette plaisanterie : « Nous, nous ne partons pas pour les mêmes raisons que les autres : c’est parce que nous avons peur ? ».
Du fantassin anglais Alfred Pollard (21 ans), nous avons l’évocation de la « tranchée aux morts » : « Et je regardais cette tranchée pleine de morts sans rien ressentir du tout. (…) Je n’étais qu’une machine qui faisait de son mieux pour remplir sa mission ». Et encore, l’effrayante, l’hallucinante description du corps-à-corps Anglais contre Allemands, dans la tranchée (pp. 367 et sqq.), en 1917, lorsqu’il n’est plus qu’une seule règle : tuer l’autre avant qu’il ne me tue. L’état mental de celui qui défend sa vie est l’occasion d’une image qui, pour sembler une « atténuation », n’en est peut-être pas moins l’une des seules possibles : « Mon sang était en ébullition. Je ressentais une excitation qu’on ne peut comparer qu’à celle qu’on a au rugby quand on perce la défense pour marquer un but ». Cela, je crois bien, va un peu au-delà du fight spirit légendaire des britanniques !
L’italien Vincenzo D’Aquila (21 ans) est atteint, en 1916, de ces troubles psychiques qui s’emparent des combattants trop longtemps soumis aux bombardements, grenadages, etc. Un nom est donné par les médecins militaires à ces soudaines incapacités : l’obusite. Le typhus, dont peu réchappent, est aussi mis en cause. Les médecins français entreprennent de typifier diverses formes de paralysies de la main dues aux mêmes causes.
Les infirmières – Sophie Botcharski, Florence Farmborough (21 et 27 ans) –, toutes deux sur le front russe, évoquent la confusion des batailles, les ordres et contre-ordres, les tirs meurtriers qui proviennent de vos propres rangs… Nous savons aujourd’hui encore (Irak, Afghanistan…) que rien ne change jamais de ce point de vue dans les conflits armés, fussent-ils menés avec l’aide de technologies de pointe. L’abandon des blessés lors des retraites précipitées est un crève-cœur qu’elles connaissent toutes : ils appellent en vain, veulent s’accrocher parfois aux robes, aux jambes de leurs infirmières… Visions terrifiantes. Du commencement de la guerre à décembre 1915, les armées russes perdent 4 millions d’hommes.
Les hommes ne sont pas les seuls à mourir : aussi les chevaux, les mules et les ânes, par dizaines de milliers, et dans les pires conditions… Edward Mousley (28 ans), artilleur dans l’armée britannique d’Afrique, voit le massacre de ces animaux, et dans une phase difficile des combats où il est engagé, il devra accepter que l’on abatte son propre cheval qu’il avait pu préserver jusqu’alors, et il en mangera le cœur et les reins…
Harvey Cushing, chirurgien dans l’armée américaine (45 ans), observe, en même temps que les ravages dans les corps, la rage des combats, et, dans des termes proches de ceux qu’emploie le vénézuélien Rafael de Nogales, il note ceci : « Et la sauvagerie en toi te pousse à aimer ça, avec tout ce que ça comporte de malheur, de gâchis, de danger et de peine, et de prodigieux fracas. Tu sens que c’est malgré tout pour ça que sont faits les hommes… […] et tu fais comme si ce vernis était la civilisation et qu’il ne se cachait pas un barbare derrière ton plastron bien boutonné ». Comment mieux dire l’attrait vertigineux de cette barbarie et de cet archaïsme ? C’est le même Cushing qui sentira comme tant d’autres que sa vie est entre les mains de « forces lointaines, des forces que plus personne ne contrôle ».
Quant à Rafael de Nogales, il voit les Ottomans écraser les résistants arméniens dans la ville de Van. On ne fait pas de prisonniers. Il faut se barricader dans la ville avant l’arrivée des Russes. Les massacres d’Arméniens désarmés, il les voit commencer dès la fin de 1914. Plus tard, il témoignera de la systématisation des tueries de masse de chrétiens de toutes obédiences (les nestoriens, entre autres) suivies de pillages massifs. Il décrira les colonnes de vieillards, de femmes et d’enfants conduits vers des régions désertiques, ou massacrés en chemin, les monceaux de cadavres dénudés pourrissant au soleil. Son objectivité ne peut être mise en doute car, quoique chrétien, il n’aime pas les Arméniens qu’il juge « fourbes, avares et ingrats », et s’il admire les Turcs (ces « gentlemen de l’Orient »), ce ne sera que pour un temps, le temps qu’il comprenne que le fanatisme musulman constitue une menace pour lui-même.
Si l’horreur domine les paysages de la guerre, elle ne peut être en tous lieux à la fois. Des accalmies, des rencontres, certaines circonstances rendent à l’humain la possibilité de reparaître au jour.
C’est l’anglais Angus Buchanan (27 ans) portant sa poule, animal de compagnie, dans un seau lors de tous ses déplacements sur les pistes africaines (elle lui donne un œuf chaque jour et, au besoin, tue les serpents venimeux) ; c’est l’aviateur belge Willy Coppens (22 ans) survolant sa maison et imaginant, dans sa chambre d’enfant, le modèle réduit d’avion qu’il y laissa, puis mettant à mal les zeppelins au prix d’acrobaties et de prouesses… Il se voit bientôt héros presque malgré lui, fêté par ses camarades… On l’amputera d’une jambe. C’est le danois Kresten Andresen (23 ans), engagé dans l’armée allemande, doux géant qui dessine, fabrique des poupées pour les fillettes entre deux combats, attristé de tant de peines et de douleurs répandues… Son corps, tombé dans la boue des Flandres, ne sera jamais retrouvé. C’est aussi le suédois Elow Nilson (19 ans), engagé dans la légion étrangère, lui aussi disparu dans la Somme, qui ne laissa jamais un blessé derrière lui, risquant à chaque fois sa vie pour le ramener dans ses lignes, et capable de contraindre, revolver au poing, des brancardiers d’un autre régiment à emporter vers le poste de secours un caporal blessé : sept citations et la croix de guerre récompensent cet altruisme hors du commun. C’est l’ingénieur russe Andreï Lobanov-Rostovski (22 ans) se battant le jour, tentant de comprendre les enjeux de cette guerre, le soir, dans les livres d’histoire qu’il emporte partout avec lui ; ce sont les femmes de partout, appliquées à la survie des leurs, de leurs enfants, et souvent menacées… et ces infirmières encore, sans cesse confrontées aux pires abominations, assumant sans faiblir les tâches les plus ingrates, se déplaçant sur tous les fronts, d’hôpitaux de campagne aux hôpitaux à demi ruinés des villes conquises… et encore Pál Kelemen, aristocrate hongrois, cavalier de 20 ans, qui un jour voit fusiller des partisans, un autre jour sauve un chat d’un incendie et, au hasard d’une halte, se surprend à redécouvrir la saveur du pain… La petite Elfriede Kuhr, enfin, est émouvante en ce que la guerre est son professeur de collège, un effroyable professeur : il lui fait voir partout des cercueils… elle se sent attirée par un jeune aviateur qui ne se montre pas indifférent… un baiser, ils se promettent de se revoir, et elle jettera une rose sur son cercueil. Le 20 juin 1917, elle note dans son journal : « Cette guerre est un fantôme en haillons gris, une tête de mort où grouillent des larves ». Il y a de plus belles écoles, sans doute, que celle de la guerre.
En conclusion, disons que ce kaléidoscopique « livre d’histoire » est d’une redoutable efficacité. En initiant le lecteur, mieux qu’à de simples événements, aux pensées, aux émotions de celles et ceux qui, par contrainte ou de leur plein gré, « firent » cette guerre, il lui en donne toute la mesure, la profondeur, et lui en fait éprouver la terrible et absurde violence. Il saura (cela ne semble pas inutile en notre temps où les guerres sont traduites en « spectacles » télévisuels, égrenées dans les documents, reportages et journaux désinformateurs plus qu’informateurs) que la guerre n’est pas un film de guerre, moins encore un jeu de guerre pour PlayStation, mais une inouïe et sauvage tuerie que rien ni personne ne pourra jamais excuser, le lieu de l’extrême douleur et de la capitulation de la raison. En citant une page du Mein Kampf d’Adolf Hitler en toute fin d’ouvrage – « … naquit en moi la haine, la haine contre les auteurs de cet événement (l’acceptation de l’armistice) –, Peter Englund nous dit aussi que nous ne pouvons dépasser la passion guerrière que par une domination, ou une domestication de l’émotion, un effort de la raison alliée au cœur.
Est cité aussi, dans les dernières pages (5) de l’ouvrage, qu’il me faut citer encore ici, le poème devenu célèbre du médecin canadien John McCrea, mort au front. Si ses vers invitent encore au combat « contre l’ennemi », ils s’ouvrent néanmoins sur une évocation qui doit nous être chère, par les alouettes, par la plaine de Flandre, par l’énonciation de l’essentielle contradiction régnant dans l’état de guerre :
Dans les champs de Flandre poussent les coquelicots
Entre les croix, alignées,
Qui marquent notre place ; et dans le ciel
Les alouettes, chantant toujours avec courage, volent
À peine audibles dans le bruit des canons.
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(1) Ne perdons pas une occasion de rendre justice à Anatole France. Les quelques anecdotes rapportées par Michel Corday démontrent, si la chose était à démontrer, qu’il n’était pas le « cadavre » puant que prétendirent en faire Breton et ses fidèles, mais plutôt, outre un remarquable écrivain, un homme droit et de fermes principes humanistes. Romain Rolland pouvait le voir comme un « faux bonhomme et affété », et sans doute ne manquait-il pas de roublardise, mais je préfère l’estimer à l’aune d’un Étiemble : « Comme la bêtise n’était pas toujours son fort, il a vu plus loin que la plupart de ses contemporains ».
(2) L’âge indiqué des participants au conflit est celui qu’ils avaient en 1914.
(3) On pourrait s’exclamer « déjà ! », pour, durant cette guerre de 14-18, bien des initiatives et inventions que l’on imagine dater de la 2ème Guerre mondiale ; et dire aussi « encore ! » pour certaines autres, telle la masse d’arme reprise des combattants du moyen-âge parce que jugée très efficace dans le combat au corps-à-corps des tranchées. J’en ai vu quelques-unes exposées dans les musées spécialisés.
(4) L’auteur évalue à 50 le nombre de mutins fusillés dans l’armée française durant le conflit.
(5) Pp. 451-452. Le poème sera publié par la revue Punch, en 1915.
Michel Host
Le 17 / XII / 2011
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« La Mère Michel n’a jamais perdu son chat. Elle le tient attaché, ne le lâche pas de l’œil. Le félin est un livre, il n’a pas d’âge. D’hier, d’aujourd’hui, de toujours, il miaule derrière la porte ».
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