La Guerre des Mouches, Jacques Spitz
La Guerre des Mouches. Petite bibliothèque Ombres. 151 p.
Ecrivain(s): Jacques Spitz
Un jour les mouches. Jacques Spitz a écrit ce chef-d’œuvre de la Science-Fiction en 1938 et, malheureusement, après une brève notoriété dans les années 70, ce livre est retombé dans un relatif oubli. La seule édition qui existe encore, celle dont je vous parle (Petite Bibliothèque Ombres), date de 1997 et devient rare.
Et pourtant, quel roman parfait ! Pétillant d’humour et d’intelligence sur un scénario passionnant.
Tout commence au Vietnam pour Juste-Evariste Magne, jeune chercheur en entomologie, spécialiste des mouches Rue Cujas, dans le laboratoire du Pr Carnassier. Des faits troublants ont été signalés dans ce pays : une invasion de mouches, porteuses de typhus, inquiète les autorités. Du Vietnam au … monde entier, la menace va s’étendre et devenir une guerre pour la survie de l’espèce humaine. Spitz, avec un talent de narrateur remarquable, va nous mener de l’horreur au sourire et à l’horreur encore.
« Les mouches grouillaient sur les habits, les mains, le visage, traînant sur la peau leur abdomen froid, et tâtant de la trompe tous les pores. En vain cherchait-on à se débarrasser les yeux, le visage, de cette ignoble purée vivante, la place était aussitôt recouverte de nouvelles venues refluent comme le flot d’un récif. »
Les scientifiques, plus passionnés qu’inquiets par le phénomène, s’en donnent à cœur-joie dans des théories et des scénarios plus fous les uns que les autres, le tout sur fond de discussions d’experts, de devins plus incroyables les uns que les autres. Les pessimistes, sombres, attendant le Déluge … de mouches ! Les optimistes, annonçant les temps bénis et l’arrivée du Messie.
Ce livre est une alternance permanente de passages drôles et d’autres beaucoup plus sérieux. L’époque de l’écriture de ce roman (1938), montée finale des périls, sommet du colonialisme, donne un tableau cependant sombre, même si on sourit souvent. L’humour même est lourd de sens caché, de menaces. Le tableau de fond reste sombre effroyable :
« Devant l’effarante proportion de cas mortels, un vieux médecin du service de santé colonial proposa, pour décongestionner les hôpitaux, l’euthanasie de tous les malades indigènes, dès les premiers symptômes du mal. Cette mesure draconienne, inouïe dans les annales de la médecine, ne fut certes pas adoptée, mais en dit long sur le désarroi dans lequel on se trouvait. »
Evidemment pas question de donner le dénouement – ce serait un spoiler terrible. Sachez seulement que le combat sera terrible !
Un livre de SF magnifique, qui mériterait grandement d’être réédité.
Léon-Marc Levy
VL3
NB : Vous verrez souvent apparaître une cotation de Valeur Littéraire des livres critiqués. Il ne s’agit en aucun cas d’une notation de qualité ou d’intérêt du livre mais de l’évaluation de sa position au regard de l’histoire de la littérature.
Cette cotation est attribuée par le rédacteur / la rédactrice de la critique ou par le comité de rédaction.
Notre cotation :
VL1 : faible Valeur Littéraire
VL2 : modeste VL
VL3 : assez haute VL
VL4 : haute VL
VL5 : très haute VL
VL6 : Classiques éternels (anciens ou actuels)
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