La légèreté apparente de certains textes a toutes les difficultés à celer la légitime ambition de leur auteur. Légère et court-vêtue n’échappe pas à ce propos, Antoine Jaquier a toute l’adresse requise pour y parvenir : une intrigue plutôt bien ficelée, des rebondissements qui intiment l’ordre au lecteur de poursuivre, et des situations inattendues qui ne laissent pas de surprendre, le tout servi par une écriture qui allie maîtrise et innovations. Mais s’il n’y avait que « cela », Légère et court-vêtue ressemblerait somme toute à tout autre ouvrage ; Antoine Jaquier sait utiliser son talent pour distiller quelques critiques de notre époque qui deviennent logiques et évidentes, des critiques qui ont toute leur place dans des dialogues souvent savoureux.
Mélodie travaille dans le milieu de la mode, elle vit à Lausanne, aime les chats et éprouve pour Tom, un photographe de mode, un amour inconditionnel ou presque. Elle subit pourtant les travers de son amant qui « l’oublie souvent », qui lui pose des lapins à l’occasion de différentes rencontres. Deux choses l’intéressent par-dessus tout : la photographie pour quoi il a une vraie passion, et le jeu, qui le met souvent sur la paille, au point de négliger les aspirations de Mélodie. Ainsi après une nuit passée au Casino, et alors qu’il a perdu, quand Mélodie lui demande s’il veut bien de faire un tour dans un club échangiste, il répond : « Tu fais chier, Mélodie, tu penses vraiment qu’à ça… ». Et la note de l’hôtel sera réglée par Mélodie puisqu’il a perdu au jeu…