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La gouvernante suédoise, Marie Sizun (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx 05.10.18 dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Folio (Gallimard), Roman

La gouvernante suédoise, mai 2018, 320 pages, 7,80 €

Ecrivain(s): Marie Sizun Edition: Folio (Gallimard)

La gouvernante suédoise, Marie Sizun (par Philippe Leuckx)

 

Voilà bien un roman, style saga familiale, plein de rebondissements, à l’intrigue noueuse comme un « nœud » narratif, le style même d’un bon livre romanesque d’été, si l’auteur n’avait puisé à sa propre histoire pour en donner une matière quasi fictionnelle. On ne révélera rien de la chute – digne de romans à l’eau-de-rose, alors que c’est pure réalité historique.

La narratrice conte ainsi les histoires de sa famille, d’origines suédoise et française, doublement scandinave (le lecteur s’en rendra compte s’il lit jusqu’au bout). On est dans les années 1867-1868 lorsque démarre l’intrigue. Nous nous contenterons de dire qu’un émigré français, devenu professeur de sa langue à Göteborg, fait la rencontre décisive de sa future femme, qui lui donnera cinq enfants. La narratrice descend de ce Léonard et de sa femme Hulda. Il s’agira pour le couple d’engager très vite une gouvernante, Livia (Olivia), suédoise, d’où le titre.

L’intrigue peut commencer. Le couple suédois aboutira à Meudon (d’où la dédicace à « ceux de Meudon »).

On plonge, avec ce roman familial, dans une époque encore très marquée par les éducations et les poncifs d’une formation psychologique « à la suédoise ». Le professeur de français, à l’aune de son beau-père, est très à cheval sur les principes de la société bourgeoise du temps, qui a, comme chez Proust, ses jours de réception, ses concerts, ses rendez-vous consignés…

On plonge dans des us et coutumes bien surannés – marques d’une époque sacro-sainte en matière de morale, d’éthique familiale et de ce qui « peut » ou non se faire dans l’étroit couloir de la « mode ».

On sent Hulda en retrait d’un Léonard ambitieux, peu scrupuleux en affaires, froid et assez sectaire. Le portrait du mari est à charge ; Hulda profite d’un traitement plus charismatique, dirons-nous.

Quand vous saurez qu’Olivia, dite Livia, deviendra l’amie confidente d’Hulda, vous saurez aussi que l’intrigue a ses cadeaux empoisonnés.

Composer un roman à l’aide d’archives (familiales ou non) a souvent servi la chair de trames romanesques, aussi ressent-on parfois le déjà-vu de ce qu’on avait pu lire il y a longtemps sous la plume experte et cruelle d’une Suzanne Prou (La Terrasse des Bernardini, ou L’Album de famille) ou celle d’un Patrick Modiano (pour ses baguenaudes dans Paris).

Sinon, le roman profite d’une belle écriture, et le lecteur pourra partager avec la narratrice les vertus de ce roman familial, mi-récit mi-invention, comme les traces parfois saisissantes d’un parcours, dont nous sommes à la fois témoins et tributaires.

 

Philippe Leuckx

 


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A propos de l'écrivain

Marie Sizun

 

Marie Sizun, agrégée de Lettres, a écrit toute sa vie de petits textes courts, des nouvelles, puis décide de se consacrer pleinement à l’écriture. Elle a publié six livres chez Arléa, Un léger déplacement en est le sixième.

 

A propos du rédacteur

Philippe Leuckx

 

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Philippe Leuckx est un écrivain et critique belge né à Havay (Hainaut) le 22 décembre 1955.

 

Rédacteur

Domaines de prédilection : littérature française, italienne, portugaise, japonaise

Genres : romans, poésie, essai

Editeurs : La Table Ronde, Gallimard, Actes sud, Albin Michel, Seuil, Cherche midi, ...