La Goulue, Reine du Moulin Rouge, Maryline Martin (par Stéphane Bret)
La Goulue, Reine du Moulin Rouge, Maryline Martin, 227 pages, 8,90 €
Edition: Les éditions du Rocher
Les personnages emblématiques de La Belle Époque sont souvent reliés au monde du spectacle, des arts, de la danse. Ainsi en va-t-il de La Goulue, cette danseuse célèbre de Montmartre, qui a animé les soirées des cabarets et salles de music-hall.
Maryline Martin, dans la biographie qu’elle consacre à ce personnage haut en couleur, s’attache aux étapes de son parcours, à ses rencontres, à sa personnalité aux multiples aspects. Louise Weber, son état-civil véritable, est une petite fille curieuse dès le plus jeune âge : blanchisseuse à seize ans, elle n’a de cesse que de s’échapper du cercle familial pour aller s’initier à la danse. Les premières étapes de cette plongée dans cet univers, c’est son père Dagobert qui les organise : elle apprend le chahut, ancêtre du cancan, l’art de lever la jupe. Elle veut faire mieux que Marguerite Bade dite Rigolboche, qui est capable de retrousser ses jupons jusqu’à la taille pour dégager sa jupe. Plus tard, en 1882, elle pousse la porte du Bal Debray, un établissement où elle va rencontrer un certain Valentin. Elle sera son partenaire de danse pendant neuf années…
Son sobriquet, La Goulue, est dû à la relation entretenue par Louise Weber avec Gaston Goulu Chili pane. Les compagnons de Gaston ne connaissent que cette dénomination : Goulu. Louise deviendra donc La Goulue.
Puis ce sont les étapes décisives qui vont asseoir sa renommée de danseuse du Caf’ Conc’ et du French cancan : elle se produit à l’Elysée-Montmartre en 1884, elle y rencontre Grille d’Egout et devient son élève. Elles marqueront de leurs empreintes les techniques du quadrille naturaliste, attraction fort prisée dans les cabarets de Montmartre. Le peintre Toulouse-Lautrec qu’elle surnomme affectueusement mon P’tit Touffu, la peint, est séduit par ce personnage à la gouaille faubourienne et au langage fleuri : elle affirme ainsi « Quand je vois mon cul peint par toi, mon P’tit Touffu, je le trouve très beau ».
L’apogée de sa carrière se déroule bien sûr au Moulin Rouge, ce cabaret inauguré en 1889, elle y brille en haut de l’affiche, devant le Shah de Perse, le futur roi d’Angleterre, ou encore le baron de Rothschild. A sa manière toute personnelle, elle luttera contre la discrimination dont les femmes sont couramment l’objet à cette période : elle arrive avec un bouc en laisse au Moulin Rouge car les femmes non accompagnées ne sont pas autorisées d’entrer ! Peinte Par Renoir, Toulouse-Lautrec, figure de proue du Montmartre de La Belle Époque, La Goulue meurt dans l’oubli, après une tentative de deuxième carrière dans les arts forains en 1929.
Stéphane Bret
Journaliste littéraire, Maryline Martin a écrit des nouvelles et des romans dans lesquels elle s’interroge sur la place et le rôle des femmes dans l’histoire.
- Vu : 1831