La Collectionneuse, Emmanuelle Pétry-Sirvin, Lucille Placin (par Yasmina Mahdi)
La Collectionneuse, Emmanuelle Pétry-Sirvin, Lucille Placin, éditions L’Étagère du bas, novembre 2024, 32 pages, 18 €
Catalogue plastique
Dès les premières pages, ce très récent album jeunesse de grand format, de 25x34 cm, intitulé La Collectionneuse (appellation chère à Annette Messager), propose une multitude de vignettes – logotypes et marques inventés. Échantillon qui n’est pas sans rappeler l’univers d’Alain Bublex avec ses réclames publicitaires apposées sur des photographies de villes. Mais également, l’accumulation de peluches semble un clin d’œil à Charlemagne Palestine (et encore une fois aux installations de Messager). Ce catalogue plastique de joyeux assemblages est étoffé de détails minutieux, lisibles, chaque élément de la composition étant doté d’un nom – d’où l’importance des mots et l’approfondissement du vocabulaire pour les plus petits.
Emmanuelle Pétry-Sirvin, qui a longtemps travaillé pour la société de production Nelvana, et dont c’est le premier album, a inventé la personne de Tanaquil qui se différencie de ses sœurs par sa manie de la collection. La typographie de l’autrice est très libre, colorée, parfois tracée en lettres énormes, mentionnant des objets du quotidien indispensables mêlés à d’autres, plus luxueux… L’énoncé artistiquement agencé permettra au jeune lectorat de découvrir un texte riche de sens et vivant. Par ailleurs, l’histoire fait corps avec les illustrations.
Lucille Placin, née en 1981 à Bordeaux, forte d’une création de 50 albums, manie plusieurs techniques, dont le collage, le découpage, le trompe-l’œil, les surimpressions, les aplats mats, les coulées de peinture, et le résultat est éblouissant ! Une féérie polychromique explose littéralement et enchante l’œil. Les tons flashy oranges et blancs cassés s’harmonisent avec une gamme étendue de bleu, de mauve, de rose bonbon ou rose chair, de carmin, de jaune et de monochromes acidulés. Une floralie éclot dans une occupation de l’espace originale. L’illustratrice n’hésite pas à emprunter à l’art postal et même au Pop – voire la fameuse pochette de disque des Beatles, Abbey Road.
Très bel album, à partir de 5 ans.
Yasmina Mahdi
- Vu : 223