L'infini et nous, Margherita Hack

C’est donc cette histoire des connaissances acquises au cours des âges que l’astrophysicienne nous conte, et elle n’oublie pas de nous rappeler que toutes les civilisations se sont interrogées sur l’origine du monde, créant des mythes que souvent la science a confirmés. C’est alors « notre capacité à lire le ciel » qui révèle au cours des âges nos connaissances du moment. « Cette faim de savoir a fait de l’homme des cavernes l’astronaute qui a marché sur la lune ». Sa curiosité a conduit l’homme à une considération géocentrique dans l’Antiquité avec Aristote, mais Aristarque concevait déjà un univers héliocentrique. Il faudra attendre la Renaissance pour que la conception héliocentrique apparaisse à nouveau avec Copernic. Mais sait-on qu’Hipparque mit au point le système des coordonnées pour établir avec précision la position d’une étoile, ou encore que Ptolémée catalogua plus d’un millier d’étoiles ?

Margherita Hack poursuit avec l’une des découvertes fondamentales pour une compréhension plus fine de l’univers : la loi de gravitation de Newton qui sera l’une des conditions nécessaires pour la conception d’un univers non plus statique mais en expansion, un univers qui a une histoire, et la théorie du big bang découlera logiquement de la connaissance précise de cette force qui régit l’univers. Et que dire de la façon dont l’astrophysicienne décrit les progrès dans l’analyse des lumières émises par les étoiles, les schémas permettant une compréhension plus précise de ces phénomènes ? Elle n’oublie pas non plus de nous rappeler que les progrès de l’optique sont pour beaucoup dans la compréhension du ciel puisqu’ils ont permis son observation. Galilée fut ainsi le premier à utiliser un instrument mis au point par des Hollandais, une lunette dont les performances ont permis de vérifier les théories des scientifiques.

Aujourd’hui, les télescopes nous permettent de voir loin, donc tôt, nous rappelle l’auteur, parce que le ciel est le passé, et plus on voit loin, plus on voit tôt. Les images d’étoiles ou de galaxies qui nous parviennent ont parcouru des distances impressionnantes à la vitesse de la lumière, et certaines étoiles nous apparaissent comme elles étaient il y a deux mille ans, le temps nécessaire pour que leur image nous parvienne à la vitesse de la lumière ! Des chiffres qui donnent le tournis, des distances inimaginables, un univers probablement infini, qui pose encore la question de Leibniz, « pourquoi y-a-t-il quelque chose plutôt que rien ? ».

Margherita Hack montre bien pour conclure son livre que la science ne propose pas de réponse à cette question en disant « que nous avons compris comment fonctionne l’univers, comment fonctionnent la matière et l’énergie, mais nous ne savons pas pourquoi elles fonctionnent de cette façon et pas autrement ».

Guy Donikian