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Intérieur (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres 23.01.23 dans La Une CED, Ecriture, Création poétique

Intérieur (par Didier Ayres)

 

Qui surplombe l’univers éternel ?

La maison est-elle un signe comme est signe la direction des étoiles ?

Tapis rouge tapis noir

Quelques pétales de nacre

Ce dessin de la licorne au crayon 2B

Subsiste la beauté dans ce microcosme de la vision

Comme une exploration car le temps ne se produit pas.

Que dire de la bibliothèque ?

Bruits intenses de toutes les époques

Photographies reproductions romans beaucoup d’Idées Gallimard

Des lieux descriptifs

Figures de notre civilisation monde et figures de l’excès de civilisation

Ouvrant la réalité par le centre.

 

Je ne bouge pas du living

Et une odeur de pomme cuite et de caramel me donne l’impression d’une vieille paix

Living traversé

J’écoute.

 

Puis-je disparaître ?

Où vont les choses disparues ?

Quel ordre dans la matière ?

 

Je dessine encore le Jars and Bottles qui se trouve dans l’atelier

Par où dois-je commencer ?

Par le grandiose des chardons sur la commode de l’entrée ?

Par les nuits valpurgiques ?

Où vais-je ?

Que voir ?

 

Je ne suis qu’un simple cavalier qui parcourt la maison

Rebondissant dans le miroir

Où le temps passe comme le néant

Mon dessin le monde se dilatent

Je représente le rêve sacré et une part de folie

L’odeur de bonbons persiste

L’inachevée D.759 en si mineur

Pénètre la maison.

 

Ma solitude fabrique de l’interdit

Et je regarde ce que je regarde étrangement

La chambre et son drap neige

Cette manière de jeter le gant de la forme et celui de l’élaboration

Jusqu’à la crise de larmes.

 

L’andante de l’inachevée

Le travail des minutes

Comprendre m’est inconnu

Je ne dessine que l’après-midi en son rayonnement en spirale.

 

Deux simples chaises côte à côte

Moi seul sais le désir

Moi seul habite le désir

Cette triple solitude qui sonne

Personne après personne

Suis convié à une impossible immobilité

Décris malgré tout les 3 biscuits en faïence de couleur verte hérités de ma famille

Éclaircis cette scène.

 

Je me trouve proche des 3 marches de l’escalier du salon

Proche de la collection d’Avant-scène cinéma

Devant ce qu’on appelle au théâtre « le quatrième mur »

Où se trouve le hors champ de ce poème

Simplement rapproché de la plastique du temps de sa fertilité

Quand en mon centre le passé se détruit ordinairement.

 

Serais-je né à Senlis parfait et incomplet

Que ma personne n’aurait rien tu

Que le pouvoir de la musique et des choses inertes et des après-midis d’endormissement

De quelque hôpital du XIVème

Aurait contribué à me faire autre

Autre et réaliste.

 

Où dois-je me rendre vers ce lieu triparti ?

Ici çà ou là

Désireux du monde

Lequel s’anime en puissance spirituelle

Un monde de représentation donc

Armé du seul langage

Je n’ai rien perdu à cet échange

Je séjourne uniquement.

 

Réalité du sommeil

Réalité des minutes

Réalité de la maison

Réalité des trois espoirs.

 

J’appréhende l’ambiguïté des insectes

Des livres rêvés

Les heures de la semaine parvenant à abolir mon angoisse

Divisions

Tristesse inexplicable du seul réel.

 

Fallait-il croire à cette couronne fabuleuse ?

Ce vieil idéalisme philosophique qui nous poursuit depuis la Grèce hellénistique

Se broie dans les 17 heures du réveil mécanique

Et de cet adieu

Il ne reste que l’idée.

 

Didier Ayres


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A propos du rédacteur

Didier Ayres

 

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Rédacteur

domaines : littérature française et étrangère

genres : poésie, théâtre, arts

période : XXème, XXIème

 

Didier Ayres est né le 31 octobre 1963 à Paris et est diplômé d'une thèse de troisième cycle sur B. M. Koltès. Il a voyagé dans sa jeunesse dans des pays lointains, où il a commencé d'écrire. Après des années de recherches tant du point de vue moral qu'esthétique, il a trouvé une assiette dans l'activité de poète. Il a publié essentiellement chez Arfuyen.  Il écrit aussi pour le théâtre. L'auteur vit actuellement en Limousin. Il dirige la revue L'Hôte avec sa compagne. Il chronique sur le web magazine La Cause Littéraire.