Hortari, Marie-Alice Harel (par Yasmina Mahdi)
Hortari, Marie-Alice Harel, éditions Cipango, octobre 2019, 48 pages, 18 €
Fantaisie
Marie-Alice Harel est titulaire d’un doctorat en géosciences, et depuis 2018 enseigne le dessin et l’illustration à la Edinburgh Drawing School. Elle a écrit et illustré l’album jeunesse qu’elle intitule Hortari (du latin hortor : stimuler, exhorter à), où elle relate des récits d’explorateurs oubliés au moyen d’un bestiaire fabuleux.
Un animal extraordinaire mi-écureuil mi-belette, chapeauté avec plume, ressemblant au chat du Cheshire, s’élance sur des branches fleuries. Ce bel animal orne une couverture prune, au format 21,5 x 28,5 cm. Poursuivant cette découverte, l’auteure nous entraîne dans une galaxie fantaisiste pour se plonger dans les quinze aventures réalisées par des explorateurs, utopistes et fous obstinés. Les thèmes des quêtes sont savants, empruntés à des mythes, certains de l’Inde, de la Chine, d’autres issus de la philosophie antique.
La transmission occupe une place notable dans l’exploration de ces personnages aux noms et prénoms ésotériques. Marie-Alice Harel pousse les limites du récit enfantin grâce à la précision langagière de son lexique. Ainsi, la mention de lieux de connaissance, université, bibliothèque, manuscrit, sont autant d’outils d’apprentissages que l’évocation de la science botanique, géologique, archéologique à travers une faune et une flore idéales.
Dans ce tour du monde, le merveilleux et l’énigme côtoient la plasticité des éléments secrets du paysage, des organismes vivants. Les aquarelles d’une grande délicatesse se couplent aux textes de qualité. Ces mondes occultes sont animés de créatures anthropomorphisées. L’escargot lisant, le singe paré à l’égard d’un prince, la gent volatile diurne et nocturne sont des figures de rêve, peintes dans une gamme chromatique complexe. La perspective classique est respectée. Chaque détail, visible, ajoute de la beauté, comme pour la souris rose et bleu marine abritée sous la Meliorchis aux pétales à visages humains, le criquet rouge à lunettes, scribe besogneux, les oiseaux sur fond rose et motif floral japonisant, la chouette effraie dotée d’un collier d’or et d’un pendentif, tous arborant d’inquiétants attributs humains.
Ainsi, promenons-nous sur les « quais givrés de sel », avec des « créatures turbulentes et prétentieuses », entre « ombre et lumière marchant main dans la main »…
(pour enfants et adolescents)
Yasmina Mahdi
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