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Grasset

Les Éditions Grasset ont été successivement présidées par son fondateur, Bernard Grasset, et depuis 1955 par son neveu Bernard Privat. Parmi les premiers administrateurs figure Jean Vigneau. En1959, Grasset fusionne avec les Éditions Fasquelle, que dirigeait Jean-Claude Fasquelle depuis 1954. Il devient directeur général des éditions Grasset & Fasquelle en 1959, puis Président-directeur général en 1981. En 2000, il devient Président du conseil de surveillance et Olivier Nora lui succède en tant que Président du directoire.

Parmi les auteurs importants que Grasset a contribué à faire connaitre peuvent être cités Jean Giraudoux, ou plus récemment Pascal Quignard.

 


Tous les mots qu’on ne s’est pas dits, Mabrouck Rachedi (par Pierrette Epsztein)

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Vendredi, 14 Avril 2023. , dans Grasset, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Tous les mots qu’on ne s’est pas dits, Mabrouck Rachedi, Grasset, janvier 2022, 216 pages, 18,50 €

 

Dans son dernier roman, Tous les mots qu’on ne s’est pas dits, Mabrouck Rachedi nous fait pénétrer au centre d’une famille nombreuse issue de l’émigration, la famille Asraoui, dont il va scruter toutes les contradictions avec l’attention d’un entomologiste. Le récit est écrit à la première personne. Le narrateur, appelé dans sa famille « le petit Malik », est un observateur méticuleux des remous interfamiliaux. Il utilise le « je » pour que le lecteur puisse s’identifier aux personnages. On peut parler d’un long monologue intérieur tourmenté. Pour cela le narrateur va entrer dans la peau de chacun.

À certains moments, il délègue le soin de raconter à un tiers qui s’empare alors d’un épisode précis du périple. Comme dans le théâtre classique, il va opter pour l’unité de lieu : une péniche, louée un soir par le frère du milieu qui n’a pas lésiné sur la dépense, façon pour lui d’affirmer sa légitimité et sa toute puissance en exhibant une réussite éclatante. L’unité de temps sera concentrée dans cette seule soirée. Cependant, cela sera le moment pour le narrateur de pratiquer le retour en arrière afin de remonter le temps et de revisiter son existence et celle de sa famille.

La Rafle du Vel d’Hiv, Laurent Joly (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 17 Mars 2023. , dans Grasset, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Histoire

La Rafle du Vel d’Hiv, Laurent Joly, Grasset, mai 2022, 400 pages, 24 € Edition: Grasset

 

Voilà un livre-événement qui va réveiller les consciences car il est la somme de recherches sur l’histoire de l’Occupation et d’un de ses plus sinistres faits, la Rafle de juillet 1942 qui coûta la déportation à plus de treize mille Juifs. Basé sur une documentation féconde (une soixantaine de pages de références bibliographiques, en fin de volume), l’essai historique fouille véritablement les circonstances qui préparèrent l’horreur.

Jamais un livre sur le sujet ne mit en cause d’une façon aussi argumentée et éclairante que ce document de Joly, qui pointe la totale responsabilité de la Police parisienne qui usa de tous ses ressorts pour « réussir » l’opération et faire plaisir (que de zèle du côté de nombre de commissaires) à l’Occupant. Bien sûr, Bousquet, Darquier de Pellepoix et autres pontes du gouvernement de Vichy sont aux sources mêmes de la tragédie.

Les loups aiment la brume, Laure Marchand, Guillaume Perrier (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Mercredi, 18 Janvier 2023. , dans Grasset, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman

Les loups aiment la brume, Laure Marchand, Guillaume Perrier, Éditions Grasset, 281 pages, 20,90 euros. Edition: Grasset


Le titre de cet ouvrage est un proverbe turc auquel « l’institut de la langue turque donne le sens suivant : La brume fait ici référence à des moments de grande confusion. Une personne qui cherche une opportunité d’agir pour son propre bénéfice profite du temps troublé, grâce auquel personne ne peut l’empêcher d’accomplir sa tâche. »

Les deux auteurs ont mené une enquête minutieuse sur les «agents de l’ombre» du reis, Erdogan, et sur le redouté MIT, services de renseignements turcs, et sur ses ramifications regroupées sous le nom « Les Loups Gris » Les relations tendues entre la Turquie et l’Europe expliquent en partie les exactions commises dans nombre de villes européennes, meurtres et assassinats, intimidations et menaces de mort dont les victimes ont un point commun : toutes avaient ou ont des raisons de contrer le régime d’Erdogan.

Après les vagues, Sandrine Kao (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 15 Décembre 2022. , dans Grasset, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Jeunesse

Après les vagues, Sandrine Kao, Grasset-Jeunesse, Coll. Lecteurs en herbe, avril 2022, 40 pages, 18,90 € Edition: Grasset

 

Un joli mirage

Sandrine Kao, d’origine taïwanaise, née en France en 1984, est diplômée de l’École supérieure d’art d’Épinal. Elle vient de créer un nouvel album destiné au jeune public, Après les vagues, dont la délicate couverture veloutée est au format de 210 x 350 mm. Le ton général est fin et s’accorde avec l’ambiance aérienne, maritime, d’une composition infiniment précieuse. L’ouvrage comporte 165 cases, tableaux carrés ou rectangulaires dont 8 pleines pages éblouissantes. Des créatures mi-chat mi-chien voguent sur l’océan, atterrissent sur un paysage vierge qui leur apparaît comme un mirage. Ces menues personnes, toutes rondes, vont explorer un monde nouveau, se promener sur une plage de sable, découvrir un bosquet fleuri puis s’endormir à la belle étoile. Le titre de cet album appétant marque l’accalmie, après le danger de l’aventure.

Petite nécropole littéraire, Gérard Oberlé (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mercredi, 05 Octobre 2022. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

Petite nécropole littéraire, Gérard Oberlé, avril 2022, 414 pages, 24 € Edition: Grasset

 

On aurait tort de prendre les collectionneurs de livres anciens et ceux qui les approvisionnent pour d’aimables maniaques : les catalogues de ceux-ci et les rayonnages de ceux-là forment une mémoire de la littérature, car pour un phare, au sens baudelairien du mot, des milliers d’humbles auteurs croupissent dans l’oubli. Il est pourtant facile de les imaginer de leur vivant et de se représenter leur joie, lorsqu’ils reçurent leurs exemplaires d’auteurs, modulant en leur for intérieur ou dans leur correspondance quelque chose comme le non omnis moriar d’Horace, avant de les distribuer à leurs amis, collègues ou supérieurs. Et pourtant… les voilà presque aussi oubliés que s’ils n’avaient jamais existé. On dit que le passage de trois générations suffit à éteindre sans retour le souvenir d’un être humain. Le leur ne tient plus qu’à un fil très mince, à cette franc-maçonnerie des bibliopoles authentiques et de leurs chalands, qui se reconnaît à ses signes secrets, à ses connivences internes, comme l’évocation de Mario Praz, érudit fabuleux et grand collectionneur, à qui la superstition italienne attribuait des dons incontrôlables de nécromant.