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Goscinny, Marie-Ange Guillaume, José-Louis Bocquet

Ecrit par Jean Durry 15.12.17 dans La Une Livres, Actes Sud, Les Livres, Critiques, Biographie

Goscinny, Marie-Ange Guillaume, octobre 2017, 364 pages, 8,70 €

Ecrivain(s): José-Louis Bocquet Edition: Actes Sud

Goscinny, Marie-Ange Guillaume, José-Louis Bocquet

 

 

Le quarantième anniversaire de la disparition de René Goscinny – né le 14 août 1926, au 42 rue du Fer-à-Moulin, 5ème arrondissement de Paris, décédé brutalement le 5 novembre 1977 au cours d’un test à l’effort mené au-delà du raisonnable par un « spécialiste » incompétent – est l’occasion de multiples hommages, numéros spéciaux « hors série », publications, expositions. S’imposait donc tout naturellement la reprise, vingt ans après sa parution, de cette très complète et très sincère « biographie », qui lorsqu’elle parut initialement développait elle-même un premier « petit livre » de Marie-Ange Guillaume. Cette fois, cette dernière s’était partagé la tâche avec José-Louis Bocquet, « inquisiteur hypersensible » et pertinent, tandis qu’elle-même qui fut secrétaire de rédaction à Pilote de 1972 à 1976 « se chargeait de l’écriture ».

C’est au prix d’un incroyable labeur de tous les instants, qu’après avoir eu son content de vache enragée, Goscinny avec son talent et sa vocation innés d’amuser a créé un métier qui n’existait pas et n’était aucunement reconnu : celui de scénariste de bande dessinée. Sa prodigieuse fécondité a nourri en leur donnant toute leur saveur les personnages de son frère d’armes et de cœur Albert Uderzo, de Morris – Lucky Luke, son cheval Jolly Jumper et les Dalton – de Jean-Jacques Sempé – le délicieux Petit Nicolas et ses copains –, et de Tabary – Iznogoud qui aurait tant voulu devenir calife à la place du calife.

C’est en quelques 65 épisodes se succédant sans hiatus au fil de près de 350 pages serrées, illustrées çà et là de photos évocatrices, que se dévide la pelote avant que les Parques ne tranchent. Qui était René Goscinny – aux parents juifs originaires de Pologne et de Russie – ? Le portrait, campé en préambule avec délicatesse, nous restitue ce Monsieur de taille moyenne à la voix grave et posée – quand il ne se mettait pas en colère –, s’habillant « comme un notaire » la plupart du temps « en costume trois pièces », à l’intelligence étonnamment rapide, écorchée et blessable à merci ; un citadin affirmé, adorant les voyages, riant aux larmes, attablé au milieu de ses amis, affectueux et profondément pudique. Au-delà de cette existence déroulée avec précision et empathie, l’histoire tumultueuse de l’émergence franco-belge, et réciproquement, du « 9ème Art », est revisitée de la manière la plus vivante : éditeurs et journaux concurrents, figures multiples resituées, affinités intellectuelles, ruptures.

En août 1959, sur le balcon de l’HLM qu’habite Uderzo, à Bobigny, Astérix surgit, au détour d’un ping-pong verbal entre les deux amis qui cherchent un nouveau « héros » pour leur Pilote, dont le premier numéro va sortir le 29 octobre de cette même année. En 1960 paraît le premier album Astérix le Gaulois, tiré à 6000 exemplaires. Six ans plus tard Le Combat des chefs s’arrache à 400.000. Le million sera bientôt dépassé. Ce succès hexagonal, puis international, excitera d’innombrables exégètes aux subtiles analyses et extrapolations desquels il se montrait sceptique, sinon indifférent. René Goscinny est l’âme de Pilote, assis derrière son bureau impeccable voire pratiquement désert, Pilote où il se confirme un « formidable découvreur de talents », ce qui ne lui évitera pas de surprenantes turbulences en mai 1968. Il s’en détache, s’en échappe et rebondit lorsqu’il se tourne vers le cinéma d’animation et les Studios Idéfix. Le premier satellite français avait été baptisé Astérix. René Goscinny a rejoint les étoiles, entraînant à sa suite le fier petit Gaulois et son inséparable Obélix et tutti quanti.

 

Jean Durry

 


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A propos de l'écrivain

José-Louis Bocquet

 

José-Louis Bocquet né à Neuilly-sur-Seine le 28 août 1962, est un romancier, biographe, journaliste, éditeur et scénariste de bandes dessinées.

 

 

 

A propos du rédacteur

Jean Durry

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Rédacteur

Ardent défenseur de la langue française, Jean Durry a rejoint avec un vif plaisir l’équipe de « La Cause Littéraire ». Fils de Marie-Jeanne Durry, créatrice en 1945 du « Bulletin Critique », et lui-même président (2001-2013) des « Amis du Bulletin Critique du Livre en Français », il a fait du « Sport, culture vécue » son propre fil conducteur. Ecrivain – grand prix « Sport et littérature » 1992 -, historien et analyste du sport et de l’olympisme, fondateur du Musée National du Sport qu’il a dirigé près de 4 décennies (1963-2001), conférencier international, chroniqueur (presse, radio, télévision), président de la Fédération International du cinéma et de la vidéo sportifs (1987-1991), il a été le concepteur de quelque 200 expositions en France et hors de France.