Fox-trot, Michel Quint
Fox-trot, Octobre 2015, 328 pages, 20 €
Ecrivain(s): Michel Quint Edition: Héloïse D'OrmessonC’est du Michel Quint, donc on ne s’ennuie pas. Le style est un peu déroutant au début, en tout cas pour moi, mais on s’y fait très vite.
L’Histoire sert-elle de toile de fond à l’intrigue ou est-ce le contraire ? Je suis partagé. On retrouve des personnages ordinaires projetés dans des histoires qui les dépassent, dans lesquelles ils font ce qu’ils peuvent et qui leur procurent une excitation tant ils se sortent de leur quotidien. Il leur manque parfois des états émotionnels comme s’ils traversaient des évènements extraordinaires avec tranquillité.
Ici, c’est l’affaire Stavisky qui éclabousse la classe politique, la montée des extrémismes nationaux (Croix de feu, ligues…). Charles accepte sans enthousiasme, à la demande de son cousin le commissaire divisionnaire Demeyer et du maire de Lille, Roger Salengro, d’espionner l’une d’elles. Il va rencontrer des personnages, voyous ou notables, assez peu fréquentables et virevolter au milieu de ses amours. Lisa, trapéziste au Sphinx, dont il est amoureux, bien que ne l’ayant vue que deux fois, Nelly, couturière, follement éprise de lui, et Henriette, la femme de son directeur d’école et donc, adultère. Charles résiste mal aux charmes des femmes et le visage de Lisa le hante. Il avait besoin d’une égérie, c’est elle.
Michel Quint remonte dans l’Histoire de l’entre-deux-guerres avec des détails précis, des personnages et des situations dont on est sûr qu’ils sont vrais. Et c’est l’intérêt de son roman, plus que l’histoire d’une enveloppe recherchée par bien du monde, de meurtre en meurtre, fil rouge de l’ensemble. À ce titre, on pourrait parler de roman historique, mais il m’a semblé à la lecture qu’il manquait une dimension pour lui donner cette qualification, que les choses parfois n’allaient pas assez au fond. Par exemple, des éléments d’enquête sur les fameux carnets de chèques de Stavisky qu’on finit par retrouver. Par exemple, le climat délétère de l’époque à la chambre et dans les gouvernements successifs. Mais sans doute son propos n’était pas d’aller plus avant et c’est le lecteur que j’ai été qui en demandait plus. Je me disais qu’on aurait pu aller plus loin et qu’alors il se serait agi d’un véritable roman historique.
Reste que Fox-trot est un bon roman, l’auteur a le sens du récit – on le savait déjà, il n’en est pas à son coup d’essai – que je ne peux que vous inviter à lire, vous passerez un bon moment.
Un mot pour l’éditrice : il est dommage qu’apparaissent les lignes du verso quand on lit le recto et inversement.
Gilles Brancati
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