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Faire Charlemagne, Patrice Delbourg

Ecrit par Stéphane Bret 29.08.16 dans La Une Livres, La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, Roman, Le Cherche-Midi

Faire Charlemagne, août 2016, 252 pages, 17,50 €

Ecrivain(s): Patrice Delbourg Edition: Le Cherche-Midi

Faire Charlemagne, Patrice Delbourg

 

Les adeptes du « littérairement correct » auront très probablement du mal à finir le roman de Patrice Delbourg, Faire Charlemagne, car ce dernier est inspiré de part en part par l’esprit de provocation, par un souffle polémique quasiment incessant. Le personnage principal, Antonin Chapuisat, est Professeur de lettres au lycée Charlemagne, lycée parisien de renom. L’exercice de ce noble métier, le professorat, devrait donc combler Antonin Chapuisat. Il n’en est rien. Cet homme, à l’héritage familial très négatif, est aigri, passéiste, en recherche d’un enthousiasme et d’une énergie perdue : « Cette hantise d’un monde nouveau aux portes de son fief citoyen ne lui avait jamais faussé compagnie, il entretenait ainsi le flambeau familial, sommaire mélange de xénophobie radicale et de soupçon mercantile ». Eprouve-t-il un commencement de proximité avec ses élèves, croit-il pouvoir les toucher, les initier aux beautés de la littérature française et aux classiques du « Grand Siècle » ? Nullement, et c’est un dégoût, une hostilité évidente qu’il ressent à l’égard de cette nouvelle génération qu’il qualifie ainsi :

« Les élèves le regardaient pantois, effondrés sur leurs pupitres, crêtes iroquoises en médrano, petites queues de ragondin dans la nuque, tignasses entièrement amidonnées à la gélatine halal (…) clous dans les joues, pauvres gaziers qui essayaient de rassembler en feux grégeois les derniers télégrammes de détresse émis par leur mémoire sinistrée ».

Pourtant, ce qui incite Antonin Chapuisat à persévérer c’est l’attirance qu’il éprouve pour certains écrivains, largement oubliés aujourd’hui, tels que Albert Paraz, Henri Béraud, Benjamin Péret. Cet engouement est tellement intense que notre professeur, débordant d’audace pédagogique, substitue ces auteurs aux auteurs officiels du programme : Saint-Exupéry, Malraux. Le résultat ne se fait pas attendre et les plaintes des parents d’élèves se multiplient. Antonin Chapuisat justifie cette inversion des valeurs :

« Seule la chose littéraire le retenait. Il aimait les auteurs sulfureux de haut rayonnage, dotés d’une posture libertaire, théoriciens du désordre, dont le voyage des mots à l’intérieur du récit restait plus essentiel que l’action des protagonistes, de raout en médianoche, d’adultères en filature ».

Antonin Chapuisat est un non-conformiste, qui tente de remettre au goût du jour la simple démarche de penser par soi-même, y compris contre les présupposés les plus couramment admis. On aimera dans ce roman l’ironie, le souffle polémique, le vocabulaire très riche de l’auteur (on pense aux romans de Huysmans) cité d’ailleurs par l’auteur dans le récit. L’humour, ravageur, d’une extrême causticité, y est présent également. Pour bien apprécier la portée de ce roman il convient de le prendre au second degré, celui d’un cynisme omniprésent et d’une stigmatisation de la police de la pensée.

 

Stéphane Bret

 


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A propos de l'écrivain

Patrice Delbourg

 

Patrice Delbourg : « C’est le 7 octobre 1949, au petit matin, à l’hôpital de la Pitié, Paris treizième, dans les services du docteur Massepain ou Passegrain, qu’il émigra pour la première fois de lui-même. Péridurale, forceps, double cordon ombilical autour du cou et tout le tintouin. Trois semaines de controverses autour d’une couveuse. On le donna longtemps pour mort. La suite ne fut qu’un long répit. Exister est un plagiat, disait fréquemment un de ses auteurs favoris », écrit-il sur son site. Poète, romancier, critique littéraire et musical, chroniqueur, animateur d’ateliers d’écriture, lauréat des prix Guillaume-Apollinaire et Max-Jacob, Patrice Delbourg nourrit depuis le milieu des années 1970 une riche œuvre de « moraliste frondeur ». Il a publié une trentaine d’ouvrages.

 

A propos du rédacteur

Stéphane Bret

 

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63 ans, réside actuellement à Boulogne-Billancourt, et s’intéresse de longue date à beaucoup  de domaines de la vie culturelle, dont bien sûr la littérature.

Auteurs favoris : Virginia Woolf, Thomas Mann, Joseph Conrad, William Faulkner, Aragon, Drieu La Rochelle, et bien d’autres impossibles à mentionner intégralement.

Centres d’intérêt : Littérature, cinéma, théâtre, expositions (peintures, photographies), voyages.

Orientations : la réhabilitation du rôle du savoir comme vecteur d’émancipation, de la culture vraiment générale pour l’exercice du libre arbitre, la perpétuation de l’esprit critique comme source de liberté authentique."

 

REFERENCES EDITORIALES :

Quatre livres publiés :

POUR DES MILLIONS DE VOIX -EDITIONS MON PETIT EDITEUR 
LE VIADUC DE LA VIOLENCE -EDITIONS EDILIVRE A PARIS
AMERE MATURITE -EDITIONS DEDICACES 
L'EMBELLIE - EDITIONS EDILIVRE A PARIS