Et tout s’effondre Journal du camp de Vught, Klaartje de Zwarte-Walvisch
Et tout s’effondre Journal du camp de Vught, Klaartje de Zwarte-Walvisch, traduit du néerlandais par Mireille Cohendy, Editions Notes de nuit, juin 2016, 182 pages, 18 €
Ecrivain(s): Klaartje de Zwarte-Walvisch
Klaartje de Zwarte-Walvisch est une sorte d’Anne Franck. Comme elle, elle vécut à Amsterdam et fut condamnée à mort par la barbarie nazie. D’elle, il ne reste rien ou presque. Juste quelques photographies et surtout son journal. La couturière néerlandaise qui ne s’était pas fait enregistrer en tant que juive comme la loi l’exigeait, et qui commit l’erreur de ne pas entrer en clandestinité, fut arrêtée avec son mari en mars 1943 : elle mourut à Sobibor en Pologne.
Son journal part du jour de son arrestation jusqu’à celui où elle quitte la Hollande pour la Pologne. L’auteur y décrit la vie au camp de Vught où seront détenus 12000 juifs. Ce sont d’abord les enfants du camp qui partent à Sobibor. Klaartje de Zwarte-Walvisch décrit – entre autres – cet événement qui fait trembler d’effroi tout le camp : « Nous ne pouvions le concevoir. S’est-il jamais passé une chose pareille dans le monde ? Qu’est-ce que cela signifiait ? ». L’auteur n’a pas d’illusion sur la réponse.
Tout l’univers de la Shoah tient dans le journal de l’inconnue, sa perception sensorielle, sa pensée lucide puisqu’elle porte d’avance le fil conducteur le tragique et son au-delà. Le journal en déplie successivement bien des pans. Ecrit à l’horizon d’un temps compté qui devient trou noir Et tout s’effondre est un livre – forcément – terrible même s’il se refuse à tout pathos. Il reste celui de l’annonce des crimes qui se fomentent parfois dans l’hypocrisie la plus totale comme si les bourreaux avaient honte (du moins certains d’entre eux) de ce qu’ils trament.
Jean-Paul Gavard-Perret
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