Entre l’opium et le bâton !, par Amin Zaoui
Souffles
Ils ont agressé le poète.
Dans la ville de Harhoura au Maroc, le poète Abdellatif Laâbi a été poignardé dans la nuit de dimanche à lundi 18 octobre 2015. Cela nous rappelle l’agression criminelle et idéologique islamiste contre le lauréat du prix Nobel Naguib Mahfouz, en 1994, dans les rues du Caire. Ils ont agressé le poète, Abdellatif Laâbi, dont sa vie fut un combat contre toutes les formes d’injustices infligées à la classe sociale démunie.
Ils ont agressé le poète, celui qui a prêté sa voix poétique et intellectuelle aux humbles et aux marginaux, celui qui a passé huit ans de sa vie dans les geôles du makhzen. De 1972 à 1980. Cette attaque contre le lauréat du Goncourt de la poésie 2009, Abdellatif Laâbi, n’est pas un fait divers. N’est pas un acte de délinquance. C’est une action commanditée par les acteurs de l’intolérance et de la haine idéologique.
La religion, qu’importe la religion, une fois fanatisée, instrumentalisée, politisée, se métamorphose en un opium quotidien pour ses croyants. Et l’islam dominant, l’islam politique d’aujourd’hui, incarne cette image, symbolise cette situation. Le fanatisme religieux est l’opium des peuples, des petites gens. En méditant sur le monde d’aujourd’hui, celui dans lequel nous vivons, avec toutes les haines religieuses qui le gangrènent, les sales guerres religieuses qui le rongent, nous sommes de plus en plus convaincus que « la religion politisée, fanatisée et fanatique, qu’importe la religion, est l’opium des peuples dépouillés, des croyants égarés ».
Cette agression du poète marocain Abdellatif Laâbi n’est pas fortuite. Elle porte les mêmes traces et les mêmes indices que celle perpétrée contre le dramaturge Abdel Kader Alloula en 1994, dans les rues d’Oran. Alloula qui a mis sa vie et son art théâtral au service des démunis, au service des opprimés dans les quartiers populaires, fut assassiné par un jeune du quartier populaire et populeux de Saint-Pierre.
Et parce que la religion fanatisée et fanatique est l’opium des pauvres, au nom de cette religion idéologisée vidée de toute spiritualité on appelle au meurtre des poètes et des têtes pensantes.
Et parce que la religion fanatique et fanatisée est l’opium des pauvres, des absurdes fatwas appellent et légitiment le djihad sexuel, jihadou annikah ! Au nom de la religion politisée, idéologisée on demande aux femmes, sœurs, tantes, mères, cousines, épouses… d’aller faire la guerre sainte en offrant le plaisir charnel aux djihadistes terroristes. Tout cela n’est que la conséquence d’un effet de l’opium religieux fanatique. D’ailleurs la consommation de l’opium et de toutes autres sortes de drogues pharmaceutiques cohabite avec la pratique de la religion politisée et fanatisée. La majorité des kamikazes islamistes effectuent leur sale boulot dans un état de drogué !
La consommation de cet opium religieux ne s’arrête pas aux analphabètes, aux illettrés, de plus en plus touche les intellectuels, les écrivains, les artistes et les douktours universitaires. Et c’est dramatique ! Cet opium religieux fanatisé pousse, de plus en plus, le citoyen à désister la vie au profit de la mort. On se dévêtit de l’amour au compte de la haine et de la rancune. La folie produite par l’opium politico-religieuse est une errance suicidaire. Dans laquelle l’islamiste se voit en protecteur du Bon Dieu ! Il est le gardien du Dieu ! Aux yeux d’un toxicomane politico-religieux, l’existence du Dieu est menacée par ceux qui ne partagent pas, avec lui, les mêmes idées !
Ils ont agressé le poète Abdellatif Laâbi et sa femme Jocelyne, cela n’est pas un fait divers, ni un acte de délinquance.
Amin Zaoui
"Souffles" in "Liberté"
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