Eaux-fortes de Buenos Aires, Roberto Arlt
Eaux-fortes de Buenos Aires, Chroniques (Argentine), traduit de l’espagnol (Argentine) par Antonia Garcia Castro, 224 pages, 18 €
Ecrivain(s): Roberto Arlt Edition: Asphalte éditions
En Argentine au début des années 30, et notamment à Buenos Aires, il fait chaud. L’être humain a bien du mal à travailler. Surtout l’homme. Alors c’est souvent la femme qui dirige l’atelier de repassage pendant que l’homme, dont le travail essentiel consiste à chercher du travail, et le mari – le même – qui a flairé la bonne affaire, le bon mariage, monte la garde sur le seuil « l’aile du chapeau ombrant le visage, le torse convenablement ventilé par les trous de son marcel ».
Dans cette ville, les voleurs ne sont pas tous des voleurs, mais les boiteux sont tous « mauvais, incapables d’une bonne action », le mot fourbe est bien d’origine italienne et « la corporation des épiciers se compose en grande partie de commerçants ibériques ».
Plus loin est expliqué comment trouver dix centimes, ces dix centimes qu’il manque toujours quand vous voulez payer un billet de théâtre à votre belle, ou quand une dame, qui s’est complu à vous jeter trois œillades, monte dans le tramway… que vous n’avez pas les moyens de prendre.
« Si on me l’avait raconté, je ne l’aurais pas cru. C’est vrai, je ne l’aurais pas cru. Si je n’avais pas été Roberto Arlt, et si je lisais ce texte, je ne le croirais pas non plus. Et pourtant c’est vrai ».
Instantanés du royaume de la rue, scènes variées et variables, hommes et femmes mêlés, sains ou fous, jeunes ou vieux, oisifs ou amoureux, riches ou fauchés – le plus souvent fauchés –, c’est tout ça que Roberto Arlt décrit, écrit, raconte, dans ces « eaux-fortes », – mot choisi par l’auteur – dans ces chroniques publiées dans le journal El Mundo entre 1928 et 1933, dans une langue à la fois simple et précise, mais avec des tournures empruntées à l’argot des bas quartiers.
Livre indispensable pour une plongée dans le Buenos Aires dans les années 30, et pour un voyage littéraire aujourd’hui.
Lionel Bedin
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