Derrière la colline, Xavier Hanotte
Derrière la colline, janvier 2014, 430 pages, 20 €
Ecrivain(s): Xavier Hanotte Edition: Belfond
Derrière la colline est un roman de Xavier Hanotte, écrit en 2000, et réédité fort à propos par les éditions Belfond. Cette réédition s’inscrit dans l’ensemble des commémorations du centenaire de la première guerre mondiale.
Nigel Parsons et William Salter, les deux principaux personnages de ce roman, vont être engagés en cette année 1916 dans les opérations de la bataille de la Somme, événements des plus meurtriers de cette guerre. Pour Nigel Parsons, le rapport au père, et plus exactement le besoin de voir l’estime de ce dernier confirmée, le conduit à s’engager, tout autant que l’échec de sa relation avec Béatrice, femme à l’égard de laquelle ses sentiments se sont taris. Au cours de sa phase de préparation, pendant laquelle il rencontre William Salter, jardinier de son état, Nigel Parsons éprouve le besoin de lire les vers d’un poète Nicholas Parry, pour se délecter des descriptions de la nature contenues dans les vers de ce poète. Pourtant, c’est sur la nature des sentiments de ses frères d’armes que s’interroge Nigel Parsons : « Ils ont signé, ils ont choisi. Mais en fin de compte, le but leur importe peu. Même allongée d’alcool, ils ont la foi. Et surtout l’élan. Cela seul compte ».
Les circonstances de la guerre sont bien sûr évoquées avec une grande justesse. L’auteur pointe avec une grande pertinence la fragilité des vies exposées au combat, l’absurdité de la guerre, l’absence de justification convaincante à ces tueries à grande échelle :
« Nous autres Britanniques étions là parce que nous l’avions voulu, point. Les justifications abondaient, certes. Mais confrontées à la sordide réalité des tranchées, toutes se mettaient vite à sonner creux, souffraient soudain de leur cruel manque de chair. (…) Nous étions devenus la chair de cette guerre ».
D’autres aspects de la guerre sont évoqués, parmi lesquels la vision des Britanniques engagés sur le sol de France et dont on découvre au passage l’importance du sacrifice humain consenti par les ressortissants de ce pays. Pourtant, Nigel Parsons, blessé au combat, ne voit pas de grandeur, ni l’occasion d’une quelconque élévation morale : « Je redeviendrai ce que j’avais toujours été, un intellectuel frileux, incapable de se dépasser parce qu’incapable de croire en lui. Un être inutile dont personne ne voulait ».
Roman à découvrir en raison de son écriture, admirablement maîtrisée, et des thématiques abordées, s’ajoutant ainsi à la littérature de cette guerre avec une touche très personnelle à l’auteur Xavier Hanotte, excellent écrivain.
Stéphane Bret
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