Danser dans la poussière, Thomas H. Cook
Danser dans la poussière, septembre 2017, trad. anglais (USA) Philippe Loubat-Delranc, 355 pages, 21 €
Ecrivain(s): Thomas H. Cook Edition: SeuilDans un roman policier il y a souvent plus que de l’action, plus qu’une énigme à résoudre. L’ensemble peut par exemple s’appuyer, ce qui est courant, sur une analyse psychologique ou sociologique, voire anthropologique. Le livre de Thomas H. Cook en est une excellente illustration. Ainsi, l’auteur situe l’action de son ouvrage dans un état imaginaire, le Lubanda, situé en Afrique orientale quelque part près du Ghana, et va soulever au fil des pages les questions ethniques et géopolitiques notamment que l’intervention humanitaire américaine peut éveiller dans cette partie du monde.
Ray Campbell, l’un des héros, américain d’origine, qui appartint dans les années 1990 à une ONG tentant de venir en aide au Lubanda, souffrant de misère endémique, se voit dans les années 2010 rattrapé par son histoire alors qu’il est installé aux USA à la tête d’une florissante société d’évaluation des risques. En effet, son ami Bill Hammond, responsable de la banque Mansfield Trust vient lui apprendre le meurtre dans un passage de New-York de Seso Alaya qui fut son guide et son interprète à Rupala, la capitale du Lubanda. Seso avait laissé dans sa chambre d’hôtel un morceau de papier sur lequel on avait griffonné le numéro de téléphone d’Hammond et il aurait été en possession de documents relatifs au meurtre de Martine Aubert, une lubandaise, qui fut le grand amour platonique de Ray à l’époque où il travaillait pour ce pays d’Afrique.
Campbell va donc, en souvenir de cet homme de valeur et de Martine Aubert, tenter de savoir qui a pu commettre ce crime et chercher à élucider comment Martine est morte.
Dans ce livre, ce qui nous intéresse c’est, autant que l’investigation, de découvrir notamment la quasi impossibilité, selon leurs critères, aux pays riches de venir en aide efficacement à une Afrique vivant bien en-dessous du seuil de pauvreté et, par ailleurs, pour Martine Aubert née d’un père Belge, blanche de peau de surcroît, de pouvoir revendiquer la nationalité lubandaise. Il semblerait que le blanc et le noir ne puissent pas se mêler. Est-ce parce que l’âme blanche de Ray n’arrivera jamais à comprendre l’âme noire de Martine et que ses compatriotes affairistes prétextent qu’elle n’est pas des leurs à cause de sa couleur de peau ? Est-ce parce que Ray croît à l’avenir, aux nouveaux régimes et aux plantations de caféiers alors que Martine ne veut entendre parler que des cultures vivrières et d’une politique qui permettre de maintenir un équilibre entre une partie de la population sédentaire et l’autre nomade. Rien ne pourra sortir de cette alliance entre les deux États sinon de nouvelles guerres, de même que la seule manière que trouvera Ray de vouloir prouver son amour sera la trahison pour tenter d’obliger Martine à venir aux USA afin de l’épouser.
Un ressort, deux tragédies, un fabuleux bouquin d’un grand auteur du Sud !
Jean-Jacques Bretou
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