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Danse sur le territoire, Amorce de la parole, Gwen Garnier-Duguy

Ecrit par Marie-Josée Desvignes 13.02.15 dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Recours au poème Editeur

Danse sur le territoire, Amorce de la parole, préface de Michel Host, décembre 2014, 52 pages, 6 €

Ecrivain(s): Gwen Garnier-Duguy Edition: Recours au poème Editeur

Danse sur le territoire, Amorce de la parole, Gwen Garnier-Duguy

 

Ce recueil a fait l’objet d’une première édition aux éditions de l’Atlantique en 2011, dépôt légal décembre 2014, Couverture Sophie Cure, Illustrations et développement du ebook : studio Ultragramme

 

Choisir dans ce monde qui hésite sans cesse entre tremblements et désastre cette « parole qui allume des constellations dans la nuit ». C’est à cela qu’appelle le poète ici.

Hymne à la vie, chant d’amour et de foi en l’avenir de l’homme, qui va à l’encontre de bien des discours pessimistes ambiants de notre époque, la poésie de Gwen Garnier-Duguy révèle que par nos mots et par ceux du poète, la parole peut se faire puissante et souffler sur nos âmes cette joie que l’homme détient au plus profond de lui et qui se fécondera inévitablement.

Il n’est pas surprenant de lire dans la biographie de Gwen Garnier-Duguy qu’il a lu de près Patrice de la Tour du Pin et sa Quête de joie (« Il dit : Il faut partir pour conquérir la Joie ») que l’on retrouve dans le poème Epiphanie à ces vers : Il faut partir, me dit l’ami spirituel,/ donnez-moi votre main pour l’heure de l’envol…

Cette « amorce de la parole » est bien, comme le dit M. Host dans la très belle préface qui ouvre le recueil, « une danse de la pluie de lumière ». Elle inonde chaque page. Au sortir de notre lecture, c’est bien le mot « joie » et celui d’« espérance » qui résument cette « danse sur le territoire ».

Danser avec les mots pour faire fleurir le monde, une danse de la pluie qui ouvrira les cœurs et les fera s’épanouir. La vie, l’amour, la tendresse, la joie seront nos seuls garants avec la confiance. Gwen nous invite à cette danse où « dans chacune de nos paroles/ dans chacune de nos pensées/ nous jouons le destin du monde ».

C’est une parole éclairée, lumineuse, porteuse d’espoir qui appelle les hommes à croire en eux et aller chercher cette joie enfouie, à laisser tomber les ténèbres pour retrouver « le cœur inépuisable du désir».

C’est un appel à retrouver foi en la vie et en ce monde, à cette heure où le monde saigne, le poème de Gwen n’est pas l’œuvre d’un rêveur optimiste, mais bien celle dont nous manquons, pour dire que « ce monde au bord du monde » se relèvera forcément. « Ce qui est empêché/ chaque jour de notre dimension d’homme/ s’enfouit en douceur/ dans la mémoire de notre être…/ »

A la herse du temps et de la nuit, faisons confiance, la parole se fécondera et nourrira le monde, elle lui soufflera de danser à nouveau.

On se tient en équilibre mais la voix du poète est dans cette confiance et la certitude que la joie rythmera le cœur des hommes. Ce monde nous appartient, il sera ce que nous en ferons. Un jour, « la terreur changera de camp », parce que ce qui pour l’instant ne s’exprime pas fertilisera nos mémoires pour mieux faire grandir la joie.

« Tu as le paradis /sur le bout de la langue ». C’est par notre parole que soufflera un vent nouveau.« Quoi qu’il advienne /révérons la vie /comme personne ».

C’est un appel à la naissance d’un homme nouveau :

« Ma peau ancienne /tombe /ensevelie /par la terre renouvelée /de mes vertus /et abominations ». Le monde est froid et cruel mais « les eaux méditerranéennes /chantent à l’unisson de tes yeux /chauds /ondoyants /comme ton corps qu’elles baignent /à l’intérieur ».

Fais confiance à ton regard, poursuis ton rêve, nos cœurs battent encore : « quand nos doigts raclent la terre /pour scarifier la parole /une aura rouge /monte des profondeurs /rassemble les pétales coquelicots /et danse sur le territoire.

La nuit fermente

Elle sécrète les sucs

à l’intérieur de la vie

des aspirations héliotropes

Quand les terres nocturnes

seront retournées montera à nos lèvres le pollen de la parole

Il conjurera le désastre un moment

Alors le fleuve dansera sur le monde ».

 

Marie-Josée Desvignes

 


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A propos de l'écrivain

Gwen Garnier-Duguy

 

Gwen Garnier-Duguy publie ses premiers poèmes en 1995 dans la revue issue du surréalisme, Supérieur Inconnu, à laquelle il collabore jusqu’en 2005. En 2003, il participe au colloque consacré au poète Patrice de La Tour du Pin au collège de France, y parlant de la poétique de l’absence au cœur de La Quête de Joie. Fasciné par la peinture de Roberto Mangú*, il signe un roman sur son œuvre, Nox, aux éditions le Grand Souffle. Ses poèmes sont publiés dans les revues Sarrazine, La Sœur de l’Ange, POESIEDirecte, Les cahiers du sens, Le Bateau Fantôme, La main millénaire, Nunc, Les hommes sans épaules, Phoenix, Siècle 21, Arpa, A l’Index, Ditch poetry (Canada), Polja (Serbie), The Enchanting Verses Literary Review (Inde), The Metric (GB), The Linden Avenue Literary Journal (New-York). Son poème Sainteté je marche vers toi a été publié dans L’année poétique 2009 aux éditions Seghers. Participation à l’anthologie consacrée aux droits de l’homme : In Protest, 150 poems for human rights, Institute of english studies/school of Advances Study, University of London.

Trois participations à des catalogues d’Art : Auguste Chabaud, la ville de jour comme de nuit, Paris 1907-1912, Editions Réunion des Musées Nationaux, 2003 ; Roberto Mangù, Fuego, Editions Venti Correnti, 2006 ; Roberto Mangù, Permanenza, Editions SHINfactory, 2007 ; En 2011, son premier livre de poésie Danse sur le territoire, amorce de la parole, paraît aux éditions de l’Atlantique, préfacé par Michel Host, prix Goncourt 1986 ; 2014 : Le corps du monde, éditions Corlevour, livre de poèmes préfacé par Pascal Boulanger.

En mai 2012, il fonde avec Matthieu Baumier le magazine en ligne Recours au Poème exclusivement consacré à la poésie, puis Recours au Poème éditeurs en Octobre 2014.

* NB : Roberto Mangù dont un très beau tableau La refloraison du monde (toile 50x50, 2002) illustre l’ouverture du recueil.

 

A propos du rédacteur

Marie-Josée Desvignes

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Marie-Josée Desvignes

 

Vit aux portes du Lubéron, en Provence. Enseignante en Lettres modernes et formatrice ateliers d’écriture dans une autre vie, se consacre exclusivement à l’écriture. Auteur d’un essai sur l’enjeu des ateliers d’écriture dès l’école primaire, La littérature à la portée des enfants (L’Harmattan, 2001) d’un récit poétique Requiem (Cardère Editeur, 2013), publie régulièrement dans de très nombreuses revues et chronique les ouvrages en service de presse de nombreux éditeurs…

Blog : marie873.wix.com/autre-monde