Danse sur le territoire, Amorce de la parole, Gwen Garnier-Duguy
Danse sur le territoire, Amorce de la parole, préface de Michel Host, décembre 2014, 52 pages, 6 €
Ecrivain(s): Gwen Garnier-Duguy Edition: Recours au poème Editeur
Ce recueil a fait l’objet d’une première édition aux éditions de l’Atlantique en 2011, dépôt légal décembre 2014, Couverture Sophie Cure, Illustrations et développement du ebook : studio Ultragramme
Choisir dans ce monde qui hésite sans cesse entre tremblements et désastre cette « parole qui allume des constellations dans la nuit ». C’est à cela qu’appelle le poète ici.
Hymne à la vie, chant d’amour et de foi en l’avenir de l’homme, qui va à l’encontre de bien des discours pessimistes ambiants de notre époque, la poésie de Gwen Garnier-Duguy révèle que par nos mots et par ceux du poète, la parole peut se faire puissante et souffler sur nos âmes cette joie que l’homme détient au plus profond de lui et qui se fécondera inévitablement.
Il n’est pas surprenant de lire dans la biographie de Gwen Garnier-Duguy qu’il a lu de près Patrice de la Tour du Pin et sa Quête de joie (« Il dit : Il faut partir pour conquérir la Joie ») que l’on retrouve dans le poème Epiphanie à ces vers : Il faut partir, me dit l’ami spirituel,/ donnez-moi votre main pour l’heure de l’envol…
Cette « amorce de la parole » est bien, comme le dit M. Host dans la très belle préface qui ouvre le recueil, « une danse de la pluie de lumière ». Elle inonde chaque page. Au sortir de notre lecture, c’est bien le mot « joie » et celui d’« espérance » qui résument cette « danse sur le territoire ».
Danser avec les mots pour faire fleurir le monde, une danse de la pluie qui ouvrira les cœurs et les fera s’épanouir. La vie, l’amour, la tendresse, la joie seront nos seuls garants avec la confiance. Gwen nous invite à cette danse où « dans chacune de nos paroles/ dans chacune de nos pensées/ nous jouons le destin du monde ».
C’est une parole éclairée, lumineuse, porteuse d’espoir qui appelle les hommes à croire en eux et aller chercher cette joie enfouie, à laisser tomber les ténèbres pour retrouver « le cœur inépuisable du désir».
C’est un appel à retrouver foi en la vie et en ce monde, à cette heure où le monde saigne, le poème de Gwen n’est pas l’œuvre d’un rêveur optimiste, mais bien celle dont nous manquons, pour dire que « ce monde au bord du monde » se relèvera forcément. « Ce qui est empêché/ chaque jour de notre dimension d’homme/ s’enfouit en douceur/ dans la mémoire de notre être…/ »
A la herse du temps et de la nuit, faisons confiance, la parole se fécondera et nourrira le monde, elle lui soufflera de danser à nouveau.
On se tient en équilibre mais la voix du poète est dans cette confiance et la certitude que la joie rythmera le cœur des hommes. Ce monde nous appartient, il sera ce que nous en ferons. Un jour, « la terreur changera de camp », parce que ce qui pour l’instant ne s’exprime pas fertilisera nos mémoires pour mieux faire grandir la joie.
« Tu as le paradis /sur le bout de la langue ». C’est par notre parole que soufflera un vent nouveau.« Quoi qu’il advienne /révérons la vie /comme personne ».
C’est un appel à la naissance d’un homme nouveau :
« Ma peau ancienne /tombe /ensevelie /par la terre renouvelée /de mes vertus /et abominations ». Le monde est froid et cruel mais « les eaux méditerranéennes /chantent à l’unisson de tes yeux /chauds /ondoyants /comme ton corps qu’elles baignent /à l’intérieur ».
Fais confiance à ton regard, poursuis ton rêve, nos cœurs battent encore : « quand nos doigts raclent la terre /pour scarifier la parole /une aura rouge /monte des profondeurs /rassemble les pétales coquelicots /et danse sur le territoire.
La nuit fermente
Elle sécrète les sucs
à l’intérieur de la vie
des aspirations héliotropes
Quand les terres nocturnes
seront retournées montera à nos lèvres le pollen de la parole
Il conjurera le désastre un moment
Alors le fleuve dansera sur le monde ».
Marie-Josée Desvignes
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