Dans le sillon des mots, Dominique Sintobin (par Patrick Devaux)
Dans le sillon des mots, Editions Les Déjeuners sur l’herbe, 2018, 92 pages, 10 €
Ecrivain(s): Dominique Sintobin
Dans sa démarche active de l’écrit, pensée comme une promenade de Vie, Dominique Sintobin verbalise la phrase comme on chantonne : « écrire et reprendre un cheminement comme on reprend un sentier le même mais autrement ».
Le quotidien, à peine parfois transgressé, fait office de bonheur principal incitant à marquer le pas.
Recherche d’unicité avec les éléments principaux.
Il y a quelque chose de magnétique dans cette démarche ressemblant à un appel d’air dans d’évidentes joies bonnes à rappeler.
La simplicité fait office de difficulté à rattraper le moment présent et le garder un peu dans le creux de la main quand « l’écorce se fait caméléon » prenant « la couleur de la pierre ».
Géologie du mot placé à l’endroit juste pour éviter tout éboulis. Nulle prise de risque. Seulement le message à faire passer avec toutefois une résonance bien placée pour laisser apparaître quelque sous-entendu : « Au sol comme au vent sujets et verbes cherchent à essaimer ».
Elagage de mots pour retrouver « l’énergie d’un souffle qui aujourd’hui (me) fait défaut ».
La matière, en effet, sert de transfert à l’émotion : « la rivière, forte, belle sanglote son trop-plein ».
Nature salvatrice à réchauffer l’âme quand elle n’est pas cette âme elle-même.
L’auteur use de belles formules pour nous resituer dans la nature, à notre vraie place (« le vol des goélands ironise avec le gris pesant du ciel »).
Echapper à l’instant pour mieux se retrouver ensuite : « La mer nous enlève du monde le temps d’une traversée puis vous rend au monde ».
Une sorte « d’interruption du dialogue » nous amène, soudainement, l’angoisse de Spilliaert ou Le Cride Munch, accusant le coup de « l’absurde » dans les mots et donc dans la vie « quand l’élan reste pantois parce que l’autre n’est plus ».
S’ensuivent les mots de la reconstruction à commencer par le verbe « écrire ».
On retient encore que « l’humanité est un voyage » dans la retrouvaille presque jubilatoire des saisons consolatrices, du fusain qui fige l’instant retrouvé autrement jusqu’à sonder une sorte d’éternité entre fleuves, mots raturés de nature et réchauffés de notre astre solaire.
Patrick Devaux
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