Dans le refuge de la lumière, Martine Rouhart (par Parme Ceriset)
Dans le refuge de la lumière, éditions Bleu d’Encre, décembre 2020, 54 pages, 12 €
Ecrivain(s): Martine Rouhart
Dans le refuge de la lumière est un voyage poétique qui se savoure au fil des mots aériens de Martine Rouhart et des illustrations délicates de Claude Donnay.
La poète nous transporte, nous emmène avec elle, « d’un coup d’ailes imaginaires », dans un monde où elle se rend souvent et dans lequel elle puise « ce qu’il faut de clarté » pour affronter ses « champs de bataille ». Ses mots volent eux aussi et se détachent du ciel comme une « calligraphie des oiseaux dans le bleu ». C’est une musique délicieuse qui invite à la méditation : « chaque matin a son mystère, sa profondeur de lumière », et qui rend hommage à la source d’inspiration universelle que représente l’horizon. Ainsi, la poète rêve-t-elle à cet « instant étiré (…) dans l’infiniment loin ».
Cet état d’éveil où l’on se tient attentif « au surgissement de tout » est source de bien-être et vecteur d’une joie inexplicable, qui tinte comme un « grelot », « qu’on ne comprend pas ». Et c’est ainsi que tous les petits riens deviennent merveilles pour celui ou celle qui sait les observer : « L’oiseau dans le vent / petit bateau / aux voiles grises / qui dérive / sur l’océan ».
Il y a également une fascination pour ces silences « si légers /qu’on les regarde planer / en souriant » et qui portent en eux le secret des « ailes silencieuses des étoiles ». Et c’est bien dans le monde de tous les « ailés » que l’on pénètre peu à peu, devenant tour à tour « mésange » puis « fauvette », puis « colombe / qui cogne aux murs / sans trouver / la lumière ».
D’ailleurs, la poète s’interroge : « les êtres ailés / savent-ils / des choses / sacrées / que nous ignorons » et elle voit passer dans ses songes « un oiseau blanc, peut-être un ange » auquel elle confie « tous les mots » qu’elle n’oserait pas dire le matin venu. Elle aimerait pouvoir déchiffrer le langage des oiseaux, « les poèmes /qu’écrivent les hirondelles / en plein vol / sur le plafond du ciel ». En somme, une poésie lumineuse, douce et légère, qui est aussi une aventure exploratoire presque initiatique : « on marche longtemps / jusqu’au vertige / espérant lever / un coin de secret sur soi » et qui contribue à « déplier » en chacun de nous « les papillons endormis au creux de l’âme ».
Et c’est enfin un rappel de l’absolue nécessité du rêve : « Si un jour j’oublie de rêver / s’il te plaît / prête-moi / tes ailes ».
Parme Ceriset
Martine Rouhart a mené une carrière de juriste. Romancière, elle publie de la poésie et contribue à diverses revues littéraires.
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