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Dans l’attente de toi, Alexis Jenni (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux 13.09.18 dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman

Dans l’attente de toi, L’iconoclaste, 2016, 246 pages, 22,50 €

Ecrivain(s): Alexis Jenni

Dans l’attente de toi, Alexis Jenni (par Patrick Devaux)

 

Les mots échappent. Les mots ne suffisent pas à l’auteur pour dire son amour ; rien ne l’universalise convenablement.

Cette obsession ravira l’intrigue que suscite ce roman qui traverse les siècles dans l’admiration des grands peintres : « J’aime chez toi cette inflexion de la courbe de ton corps, qui donne sa forme et son élan, comme la courbure d’un arc qui donne puissance et ressort ; et je sais gré à Bonnard de me montrer cet endroit exactement, par cette tache de lumière intense qui vibre au centre de ce tableau ».

En psychologie, s’il s’agissait de suggérer une personne à travers une autre, on appellerait cela un « transfert ». Ici, c’est l’idée même de l’abstraction de l’Amour qui est « transférée » dans quelques œuvres d’Art certes bien choisies et certainement pas au hasard : « Ce sont des figures, rondes et molles mais dentées, qui aboient à la base d’un crucifix où pend quelque chose d’encore vivant ». C’est de cette façon qu’Alexis Jenni ramène dans son sujet la référence au grandiose Francis Bacon, le peintre des extraordinaires « portraits du pape Innocent X » d’après celui peint par Velasquez.

En effet cet amour impossible à dire en mots éclate en coups de génie picturaux révélés par d’autres. Le tactile joue un tel rôle que l’auteur émaille, outre les illustrations interpellées car vues sous un tout autre angle qu’une visite conforme à une banale « exposition », son propos de répétitions manuscrites, ce qui, curieusement, m’évoque le son, la vibration. Cet amour rappelé avec le talent, voire le génie, de quelques grands de la peinture approchée de façon subtile, semble tourner autour du corps sans y toucher, tantôt caresse, tantôt chair vive, comme pour s’empêcher de se l’approprier ; comme si cet amour unique et transcendé avait cette obligation d’éternité pure que révèlent, de toutes époques, les œuvres majeures.

Outre une fine approche des tableaux évoqués à travers la psychologie supposée de leurs créateurs, Alexis Jenni s’épanche également en détails relevant de la critique d’Art. Cette obsession latente avec l’Art pour toile de fond m’a parfois fait penser au livre sublime d’Adamek, l’auteur belge de La Couleur des abeilles, même si l’obsession est vécue autrement.

 

Patrick Devaux

 


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A propos de l'écrivain

Alexis Jenni

Alexis Jenni, né en 1963, professeur, enseigne les SVT dans la région lyonnaise. L’Art français de la guerre est son premier roman publié.

 


A propos du rédacteur

Patrick Devaux

 

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Patrick Devaux est né en Belgique sur la frontière avec la France, habite Rixensart, auteur d’une trentaine d’ouvrages auprès d’éditeurs divers en poésie, quelques prix d’édition, 3 romans parus dont 2 aux éditions Les Carnets du Dessert de Lune; 2 recueils de poésie récents (2016 et 2017) parus aux éditions Le Coudrier ; membre de l’AEB (association des écrivains Belges) et de l’AREAW (association royale des écrivains et artistes de Wallonie), il a aussi de nombreux contacts en France ; il anime une rubrique « mes lectures » sur le site de la revue Vocatif www.moniqueannemarta.fr de Nice depuis 2013 et fréquente de près ou de loin les écrivains du groupe de l’Ecritoire d’Estieugues de Cours la Ville  et de l’association LITTERALES de Brest ; publie aussi dans diverses revues de poésie. Fréquente aussi les réseaux sociaux, faisant ainsi connaitre la poésie d’auteurs moins connus ou disparus.