Chronique d’un meurtre annoncé, David Grann
Chronique d’un meurtre annoncé (A Murder Foretold), trad. américain Damien Aubel, 110 pages, 3,10 €
Ecrivain(s): David Grann Edition: Allia
Voilà un livre (presque) minuscule. 110 pages dans un mini-format. Il n’en faut pas plus à David Grann pour nous coller à notre fauteuil. Il nous raconte, par le menu, l’incroyable, l’improbable affaire Rosenberg survenue au Guatemala en 2009. Si vous connaissez l’affaire, rassurez-vous, l’art narratif de David Grann la rend quand même passionnante. Si vous ne la connaissez pas, attendez-vous à sauter en l’air quand les clés de l’intrigue vous seront révélées.
Tout commence par un double assassinat, celui de Khalil Musa, riche industriel guatémaltèque et de sa jolie fille, Marjorie (tuée par « accident » lors du meurtre de son père). Or un célèbre avocat, Rodrigo Rosenberg, ami des Musa, était follement amoureux de Marjorie et comptait l’épouser bientôt. Rosenberg sombre dans une dépression terrible, puis se convainc rapidement de la culpabilité du pouvoir guatémaltèque qui aurait fait abattre Musa pour empêcher des révélations sur des malversations au ministère de l’intérieur.
Quelque temps après, c’est au tour de Rosenberg d’être abattu lors d’une promenade en bicyclette.
« Le dimanche, un peu avant 8 heures du matin, il est parti à vélo avec son IPod. A quelques centaines de mètres de son immeuble, il a tourné et s’est engagé sur une voie de service. Un homme armé a franchi la pelouse du terre-plein, en courant dans la direction de Rosenberg. Personne n’a vu l’assassin, qui a visé la tête avec un pistolet 9 mm et a appuyé plusieurs fois sur la gâchette ».
Une vidéo, enregistrée auparavant par Rosenberg, fait alors son apparition : l’avocat y mettait en cause à l’avance le chef de l’état guatémaltèque, Alvaro Colom, l’accusant de préparer sa mort.
« Si vous voyez ce message, cela voudra dire que moi, Rodrigo Rosenberg Manzano, j’ai été assassiné par le secrétaire privé de la présidence de la République, Gustavo Alejos, et son associé Gregorio Valdez, avec l’approbation du (président) Alvaro Colom et de (son épouse) Sandra de Colom », affirmait l’avocat dans sa vidéo. Ce que le président nia absolument, affirmant qu’il était victime d’un complot visant à le déstabiliser.
Devant l’ampleur du scandale politique et des troubles qu’il semait dans le pays, l’ONU – par l’intermédiaire d’un organisme sous sa tutelle, la Cicig (Commission Internationale contre l’impunité au Guatemala) – et sous la férule respectée d’un avocat espagnol réputé, Carlos Castresana.
On ne peut en dire plus (et aussi bien) que David Grann. La suite de l’histoire est ahurissante et vous ne lâcherez pas le livre, jusqu’à la dernière ligne.
Il nous suffit ici de laisser la parole à Susanne Jonas : « … une chercheuse qui a consacré des années à étudier le pays, a noté que “Le Guatemala se moque de moi et me dit : au moment où tu penses avoir compris, on va te montrer que tu ne comprends rien du tout” ».
Tout est dit. Enfin rien n’est dit. Vous aurez tout à découvrir.
Léon-Marc Levy
VL2
NB : Vous verrez souvent apparaître une cotation de Valeur Littéraire des livres critiqués. Il ne s’agit en aucun cas d’une notation de qualité ou d’intérêt du livre mais de l’évaluation de sa position au regard de l’histoire de la littérature.
Cette cotation est attribuée par le rédacteur / la rédactrice de la critique ou par le comité de rédaction.
Notre cotation :
VL1 : faible Valeur Littéraire
VL2 : modeste VL
VL3 : assez haute VL
VL4 : haute VL
VL5 : très haute VL
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