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Charlotte, David Foenkinos

10.05.17 dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Folio (Gallimard), Roman

Charlotte, 256 pages, 29 €

Ecrivain(s): David Foenkinos Edition: Folio (Gallimard)

Charlotte, David Foenkinos

 

Charlotte est le récit de la vie de Charlotte Salomon, artiste peintre, morte à l’âge de 26 ans. Charlotte, c’est l’histoire d’une jeune juive punie par le destin ; c’est l’histoire d’une artiste ingénieuse et terriblement émouvante ; c’est l’histoire de la vie, de la mort, mais c’est aussi l’histoire d’une famille. Une famille dont l’humanité ressort plus que jamais, et que les tragédies successives, suicides ou génocides, viendront assaillir. Ce récit est aussi l’aboutissement d’une obsession, celle d’un auteur fasciné par l’œuvre, la personne, et la vie de Charlotte Salomon.

J’étais sceptique quant à la lecture de Charlotte car son écriture qui « respire », comme le dit l’auteur, m’est apparue, en tant qu’auteur moi-même, comme de la triche. Mais ces paragraphes qui évoquent les strophes d’un long poème sont vites justifiés : ce livre est une œuvre d’art. On s’attache vite aux courtes descriptions de l’auteur, dont l’écriture semble mûrir avec le protagoniste. On lit entre les lignes. Le récit tourne autour de deux sujets qui s’entremêlent tragiquement, l’art et la mort. Charlotte Salomon était prédestinée. Charlotte porte le nom d’une morte et tout le monde meurt, avant et à coté d’elle. La mort est là, jamais très loin. Reste l’attente interminable de savoir comment, à son tour, Charlotte sera soustraite au monde.

La façon dont le narrateur se mêle à l’histoire peut, premièrement, paraître dérangeante, puis on se passionne avec lui pour la jeune artiste, impuissante face à la tragédie qu’est sa vie. David Foenkinos parvient à nous faire ressentir les peintures de Charlotte comme si nous en étions nous-mêmes l’artiste. Certaines phrases mettent tout simplement des mots sur l’art et donnent l’impression, surtout quand on vit soi-même de l’art, d’avoir été Charlotte.

« Au sortir d’une œuvre, le monde extérieur apparaît à nouveau. Il est éblouissant, après des mois d’introspection. On quitte brutalement l’habitude d’avoir les yeux rivés à l’intérieur ».

Le sentiment qui ressort le plus, durant tout le long du récit, c’est l’injustice. L’injustice du diable qui se venge sur un ange innocent. On plonge avec Charlotte dans le désarroi, « qui n’est pas forcément incompatible avec le bonheur », puisque « on peut être à la fois heureux et perdu ». Du sourire aux grandes larmes, il est impossible de refermer ce livre une fois entamé. Et une fois terminé, en plus de vous avoir troublé, le récit de David Foenkinos vous offre ce sentiment puissant, et étrange, d’avoir connu Charlotte.

Un récit original d’une beauté à la fois douce et tragique, et qui incite, imminemment, à lire d’autres ouvrages de l’auteur.

 

Louisiane C. Dor

 


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A propos de l'écrivain

David Foenkinos

 

David Foenkinos est né à Paris en 1974. A l’âge de 16 ans il est atteint d’une maladie de la plèvre et se fait hospitaliser deux mois. Il lit alors énormément et joue de la guitare. Il étudie les lettres à la Sorbonne, devient professeur de guitare. Après avoir exercé le métier d’attaché de presse dans l’édition, il parvient à faire publier Inversion de l’idiotie, son premier roman, en 2002 chez Gallimard. Il obtient le prix Roger-Nimier pour Le Potentiel érotique de ma femme paru en 2004. La Délicatesse, 2009, lui apporte la consécration. Il adapte le roman au cinéma avec son frère Stéphane en 2011, année où il publie Les Souvenirs, son livre le plus autobiographique, ce dernier roman est adapté en 2013 au cinéma par le réalisateur Jean-Paul Rouve, avec Michel Blanc, Chantal Lauby, Mathieu Spinosi, Annie Cordy et Audrey Lamy.

 

Bibliographie sélective :

La tête de l’emploi (J’ai lu, 2014)

Je vais mieux (A vue d’œil, 2013)

Bernard (Les Editions du moteur, 2012)

Les Souvenirs (Gallimard, 2011)

Lennon (Plon, 2010)

La Délicatesse (Gallimard, 2009)

Nos séparations (Gallimard, 2008)

Les cœurs autonomes (Grasset, 2006)

Le Potentiel érotique de ma femme (Gallimard, 2004)

Entre les oreilles (Gallimard, 2002)

Inversion de l’idiotie : de l’influence de deux Polonais (Gallimard, 2001

(Source : Documentation de Radio-France, juin 2014)