Booker Prize arabe : entre scandale, complot et surprise
Le Booker prize arabe, ou « le Booker arabe » est un prix destiné à récompenser le meilleur roman arabe de l’année. Il a été fondé en 2007 à Abou Dhabi en collaboration avec le célèbre prix Booker britannique. Entre scandale, complot et surprise le Booker prize s’arabise ! À chaque année le Booker arabe s’installe confortablement dans une odeur empestée. Avec ses quatre éditions écriées et hurlées, le BPA nous livre une image de la culture arabe noyée dans l’argent et qui jour après jour s’ancre davantage dans des traditions non culturelles ou plutôt anti-culturelles. Chaque année, à chaque édition du BPA, on découvre un peu plus les traits d’un visage défiguré de la culture et des intellectuels arabes. Le Booker arabe avec ses scandales et ses complots n’est que l’image littéraire d’une culture soumise au pouvoir politique de l’argent impur et de l’argentier courtier ! Il est aussi le miroir reflétant la représentation des intellectuels bien servis par des services hautement branchés ! La création, à mon sens, de ce prix n’est qu’une « esthétique du boucher » ! Pour museler la culture résistante. À la marge de cette création, une mafia de la littérature est née. Une autre, manipulatrice et manipulée, a vu le jour dans les milieux de la presse écrite libanaise et égyptienne.
Une brève lecture des trois premières éditions, dont le BPA est revenu respectivement aux Egyptiens Bahaa Taher pour L’Oasis du crépuscule et Youssef Zeidan pour Azazil, au nouvelliste saoudien Abdou Khal pour Elle lance des étincelles, nous enregistrons ce qui suit :
– pour les deux premières éditions, en force, les Egyptiens par leur présence majoritaire, dans les jurys du Booker arabe, se sont bien servis !
– dans sa troisième édition, les médias arabes ont longuement parlé du « scandale du Booker arabe » quand le critique égyptien Jaber Osfour (nommé ministre de la Culture dans le dernier gouvernement avant la chute de Hosni Moubarek), en sa qualité de président du jury, et avant même de réunir les membres dudit jury, sous pression d’un cercle libanais, il a décidé d’attribuer le prix à une écrivaine libanaise ;
– cette année 2011, le BPA a fait la surprise. Il a été décerné, ex aequo, à deux romanciers : une saoudienne et un marocain. Elle s’appelle Rajae Alem et son roman est intitulé le Collier de la colombe. Lui, c’est Mohamed Achâari, poète et ancien ministre marocain de la Culture, et son roman est intitulé L’Arc et le Papillon ;
– le roman le Collier de la colombe de Rajae Alem est un texte courageux. Un roman sur la ville de La Mecque. Une ville, comme toutes les autres villes sur terre. Une ville désacralisée. La Mecque menacée par la mafia de l’immobilier. Une ville de corruption, en corruption. Une ville d’amour, de la traite des Blancs et d’autres choses !
– le roman l’Arc et le papillon de Mohamed Achâari est un texte sur l’extrémisme islamiste dans un Maroc où tout se compose et se décompose. Un roman qui puise son inspiration dans les formes d’expression de la littérature noire. Dans l’Arc et le Papillon, le romancier narre la vie de la famille Al Firsioui, celle que nous avons déjà rencontrée dans son premier roman Sud d’âme paru en 1996. Un roman sur ce qui ronge le Maroc et le monde arabe : la mauvaise gouvernance, l’intégrisme et la corruption ;
– par cette distinction d’une romancière du Golfe et d’un romancier du Maghreb, le Booker arabe annonce un nouveau temps du roman arabe. Ainsi le roman arabe est libéré de l’égyptianisation de la culture dans le monde arabe. C’est un signe de liberté vis-à-vis de l’égocentrisme égyptien. Une naissance littéraire contre une hégémonie intellectuelle qui a perduré ;
– avec ses scandales et ses complots, le partenaire Booker prize ne prend plus aux sérieux les lauréats du Booker arabe. Les éditeurs américains et allemands refusent de traduire ces romans gratifiés par le Booker arabe, comme il est mentionné dans le protocole de la création. Les romans, selon ces éditeurs, ne trouvent pas de lecteurs. L’argent arabe est-il un ennemi de la bonne et la belle littérature ? Est-il une malédiction qui tombe sur les têtes des intellectuels !
Amin Zaoui
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