Boire la lumière à la source, Parme Ceriset (par Patrick Devaux)
Boire la lumière à la source, Parme Ceriset, éditions du Cygne, janvier 2023, 54 pages, 10 €
Ecrivain(s): Parme Ceriset Edition: Editions du Cygne
Affichant un « nous » participatif à plusieurs niveaux, Parme Ceriset se sentant multiple comme les étoiles qui lui sont chères, savoure la conquête de multiples naissances ou renaissances ; celle de la vie elle-même, bien sûr, et celle de la poétesse en voie de confirmation définitive parmi les meilleurs.
Devenue fille de « l’aube éternisée », cette voix sortie de la nuit s’exprime désormais au grand jour.
Elle s’en réfère aux sources de l’être et de l’Humanité : « Dans le mystère évanescent/ de l’aube primordiale/tous creusaient déjà la terre/en quête de clartés vives/ puis les yeux se levaient vers le ciel » et ramène l’émotion primordiale avec le « nous pluriel » évoqué par des amants combatifs sur la durée à promouvoir cette grandiose complicité où « plus rien ne vit en dehors de leurs yeux ».
Si l’amour transparaît, il y a cependant un état de veille de bon aloi avec la prise de conscience du moment présent, de la force de l’instant en même temps que le sens à donner à la vie avec toutes les prises de risques valables pour chacun d’entre nous même si cette conscience est accrue chez la poète à « cueillir un coquillage/ gardien immémorial des torrentiels échos », cette image à elle seule révélant à la fois la puissance de la protection rendue éternelle avec la force calcaire de l’élément choisi (qui d’ailleurs suggère souvent un écho marin à l’oreille), la fragilité des intérieurs et la beauté des « vagues de la nuit ».
Quand apparaît l’adjectif « parme » dans le texte, le lecteur se sent accompli à comprendre la vivante rosée qui transparaît sur les joues de la vie de la belle personne au souffle réitéré en maintes poésies soufflées comme autant de vœux vers les étoiles, symboles d’éternité et d’expansion : « Cueillir un brin d’éternité/sur la robe blonde des champs/et dans l’éclat limpide des cieux ».
Un « Tu » majestueux, réhaussé d’un sourire régulier, parcourt l’heureux recueil, modèle du genre à prôner un optimisme sans excès : « Je hume dans l’air des paillettes d’embruns/qui me renvoient ton âme mirage ». Qui comprend Parme sait qu’elle écrit pour plusieurs et également son âme accompagnante tandis qu’une douce nostalgie ramène la contemplation de la tombe de Chateaubriand dans le commentaire, lui qui disait « je ne perdais pas un murmure des Ténèbres » (extrait des Mémoires d’outre-tombe), tandis que Parme, elle, à jamais, ne perd aucun murmure de l’aube : « La source me ramène à l’aube /Où tu souris aux rayons d’or ».
Patrick Devaux
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