Avis non autorisés…, Françoise Hardy
Avis non autorisés…, mars 2015, 248 pages, 19 €
Ecrivain(s): Françoise Hardy Edition: Editions des Equateurs
Mon amie la rosse
Françoise Hardy est comme le général Cambronne, elle ne mâche pas ses mots. Dans Avis non autorisés… elle aborde bien des sujets avec une fougue et une ironie qui ne saurait laisser indifférent. Elle raconte ainsi avec humour ses démêlés avec les médecins, étiopathes, proctologues, nutritionnistes et autres suceurs de comptes en banque dont elle hante les cabinets depuis des décennies.
Son expérience en la matière lui permet d’affirmer qu’« on trouve dans le milieu médical autant de fous que dans n’importe quel milieu ». C’est une experte qui parle ! Françoise Hardy est une patiente assidue à défaut d’être fidèle, car elle a changé de médecins plus que de maris, et elle en a rencontré davantage d’incompétents, d’obsédés de l’amibe et d’âpres au gain qui ne soulagent que le porte-monnaie.
La mode féminine, qu’elle trouve aujourd’hui assez laide, n’échappe pas à ses critiques : « il est désormais impossible de trouver une paire de chaussures, de bottines ou de bottes élégantes, autrement dit fines, légères, souples, et sobres. Les vitrines n’offrent plus à mon regard excédé que des modèles rigides, lourds laids, inconfortables, quand il n’évoquent pas carrément des chaussures orthopédiques ou des instruments de torture ». C’est assez bien vu ! Le seul amateur de talons compensés qui trouve grâce à ses yeux sévères s’appelle Nicolas Sarkozy.
Les écologistes et leurs querelles internes n’échappent pas davantage à sa vindicte. Mais qui peut encore aimer Cécile Duflot, qui fraie avec Jean-Luc Mélenchon au lieu de s’occuper d’écologie, et dont le cerveau est une éolienne et la voix une crécelle ?
La grande passion de Françoise Hardy, après la musique, est l’astrologie. Cette science humaine, autrement dit non « exacte », est déshonorée par des pseudo-astrologues qui ne cherchent qu’à divertir ou à s’enrichir à peu de frais. « L’ignorance des (…) défenseurs de l’astrologie sur les fondements de celle-ci est abyssale. Elle n’a d’égale que celle des détracteurs qui les fait parler à tort et à travers d’un sujet dont ils ignorent tout ». Leurs préjugés bornés « trahissent leur bêtise et leur étroitesse d’esprit ». Elle défend l’astrologie avec conviction, même si le béotien aura du mal à comprendre que « l’interprétation d’un ciel natal requiert une hiérarchisation correcte des signes zodiacaux et des planètes prépondérants à la naissance ».
Bien qu’elle ne cache rien de ses opinions politiques alors qu’elle évolue dans un milieu où il est de bon ton de se dire de gauche, elle sait conserver son libre arbitre sur des sujets comme le mariage pour tous ou l’avortement qu’elle défend avec ardeur. Il lui arrive d’être fort peu conservatrice. En définitive, Françoise Hardy est restée la sentimentale et la passionnée qu’elle était à 18 ans, quand elle écrivait des chansons d’amour tristes. Les paroles désenchantées qui naissaient sous sa plume tranchaient avec celles qu’ânonnaient ses contemporains de la vague yéyé qui étaient souvent d’une vacuité abyssale, pour employer un adjectif qui lui est cher.
Dommage qu’elle cède à cette banale mode de vilipender François Hollande auquel elle ne trouve que des défauts alors qu’elle fait preuve de tant d’indulgence pour son prédécesseur qui a tous les talons.
Quand on a aussi bien chanté Mon amie la rose on doit manifester un peu d’empathie pour un président socialiste ! Même si « mon amie la rose est morte ce matin ».
Mais Françoise Hardy, elle, est bien vivante.
Fabrice del Dingo
- Vu : 3931