Allah est Grand, l’Arabie est très petite, Michelle est belle
Cheveux contre Royaume. Titre d’un poème possible ou déjà épuisé. Ou de l’actualité. A l’enterrement d’un autre Roi d’Arabie, il y a eu le monde et le monde entier. Entre autres, Michelle Obama et son époux. Moment d’interrogations protocolaires, ira-elle cheveux nus ou voilée ? La première dame du monde a opté pour les cheveux nus, face à des monarques aux cheveux cachés et aux femmes enterrées. Le message était direct car, en Indonésie, la dame avait pris soin de se couvrir la tête. Donc il s’agissait d’un message et pas seulement d’une coiffure.
Il s’agissait de rappeler que dans ce Royaume qui s’est accaparé la Mecque, l’Islam et le lever de soleil, les femmes étaient voilées, cachées, enterrées, frappées, interdites de conduire, de décider, de se promener dans l’univers seules, de voyages (sauf accompagnées ou avec un bracelet électronique comme du bétail tatoué). Sur le net, certains amateurs du déni ont insisté pour présenter le nouveau roi comme un héros musulman (il abandonne le couple américain pour aller faire sa prière) cela ne change rien : Michelle Obama est venue tête nue, a été reçue, on n’a pas osé la voiler comme on ose avec les Saoudiennes que l’on met dans les sachets noirs, on lui a souri, elle a dit et rappelé que ce pays est absurde, tue, condamne la fabrication des bonhommes de neige, lapide, décapite en plein rue.
Allah est Grand mais l’Arabie peut se faire toute petite pour ses protecteurs. C’est bien. Cela rappelle, malgré la « couverture » qu’apporte l’Occident à ce pays tueur de liberté, qu’il est la matrice du mal du siècle, fabrique du kamikaze et lieu de naissance des fatwas, des dérives et de cet Islam wahhabite qui veut étendre le désert et ses bédouins au reste des géographies. En ce sens, Michelle a fait mieux que son Amérique.
Car face à l’Arabie Saoudite, l’Occident a parlé par deux voix de femmes. D’un côté les cheveux de Michelle Obama et, de l’autre, la concubine Christine Lagarde. « De façon très discrète, c’était un fervent défenseur des femmes », dira-t-elle après la mort du roi saoudien Abdallah, vendredi dernier. Une Saoudienne fouettée n’aurait pas dit mieux sous la torture.
Shéhérazade qui ne raconte rien justement pour ne pas être décapitée. « Mille et une nuits » insonores. Tapis écrasés, lampes à pétrole sans magie, quarante voleurs fréquentés et honorés. C’est ainsi. De cet enterrement, retenons les cheveux de Michelle, la prosternation de Christine, le silence de Aïcha et le dos de Raef Badawi.
Kamel Daoud
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