À la porte du silence (par Alix Lerman Enriquez)
J’ai toqué sur le carrelage blanc cassé
de la cuisine inondée de matin
comme on toque à la porte de l’aube
qui distillerait la rosée de ses pleurs.
Je voulais que quelqu’un me réponde,
univoque et que sa voix résonne
dans mon corps écartelé.
Je voulais briser le silence
autour de mes jouets blessés,
de ma poupée de chiffon froissée,
de mon bol de lait chaud
refroidi, délaissé,
dans mon souvenir, effacé.
J’ai toqué à la porte du silence infini
et j’ai recueilli quelques grains de folie.
Une solitude émiettée m’éblouissait
comme la page blanche
d’un livre ouvert devant moi,
m’exhortant à me taire,
à taire la terreur au fond de moi.
Encore enfant, je traçais
des mots dans ce livre étrange,
vierge encore de toute écriture,
des mots de silence s’effaçant
sous le joug d’acier du ciel bleu
et de ton absence.
Alix Lerman Enriquez
Alix Lerman Enriquez est née à Paris le 5 mai 1972. Depuis très longtemps, elle s’adonne à l’écriture poétique et, à ce titre, a déjà publié plusieurs recueils de poésie comme Météores (2005) aux éditions La Bartavelle, Les territoires de la nuit pourpre (2012), chez Do Bentzinger Editeur, A-Contre-jour(2013) chez Hervé Roth Editeur, Les fruits blets de ma solitude (2014), Herbier d’errances (2016), Estuaire de l’espoir (2018) aux éditions Flammes Vives.
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