52.dimanche (XXX)
les mots et les choses
petite lettre encore, aujourd’hui, que j’écris dans les rais d’un soleil chaud et diffus, et dont le titre m’est venu hier grâce à une lecture qui traitait de l’écriture musicale
j’en viens donc à dire les mots et les choses
et cela implique plusieurs conséquences :
tout d’abord, une séparation entre l’énoncé et ce qui est énoncé, une forme de distance et d’appropriation du langage
puis, la recherche d’un équilibre entre l’écriture et le monde abstrait des choses, comme s’il s’agissait d’un gant, de l’invagination d’une idée
ou encore la quête de la chose écrite, laquelle perd en quelque sorte son statut de chose par sa métamorphose graphique, scripturale
de ces diverses notions, j’aimerais en retenir le premier terme
en effet, la séparation, donc la création d’un artefact de vide, de vacance, est une idée très stimulante, du point de vue intellectuel, car on peut glisser comme en une poche – je crois que le terme est deleuzien – dans le réel, opérer une coupure
donc insuffler de la signification dans la poche abstraite de la réalité
et pour illustrer mon propos, en quelque sorte, je finirai cette petite épître dominicale sur le sujet du sommeil
sommeil à la fois ouvert et secret, mécanique et spirituel
car dormir, comme écrire, n’est pas une action machinale réduite à un conditionnement
le sommeil est cette alliance des mots et des choses, de la machine du corps et de son discours, du jour et de la nuit, et l’activité de l’écrivain confine un peu à cette espèce
Didier Ayres
Tous les textes de Didier Ayres
- Vu : 2720