52.dimanche (XXIX)
intuition
pourquoi biffer cela plus qu’autre chose ?
personnellement, je crois que c’est une affaire de sensibilité, sentir soudain que ce mot est juste, que cette image est la bonne
en tous cas ce qui est facile à déterminer, c’est la froideur, la distance que l’on a par rapport à ce que l’on a écrit, et qui permet par exemple de comprendre un double sens non voulu, une image grotesque ou une euphonie malheureuse
c’est un rapport sensitif et intellectuel qui dirige, à mon sens, l’ensemble du phénomène de l’intuition
or la sensibilité est une affaire de goût et de culture, et l’on peut aimer le rossignol pour la noblesse de son chant, ou encore le merle pour sa nature fruste et cependant significative
pour mon compte l’alouette est un oiseau vif et le freux est torpide comme un oiseau nocturne, ce qui fait que je peux choisir l’alouette ou la tourterelle pour exprimer un peu de la spiritualité du monde qui m’environne ou l’épervier comme forme d’élévation et de violence mêlées
on comprend donc que le choix intuitif n’est pas sans rapport avec les principes primaires de certaines sciences dures – comme la zoologie par exemple
parler d’intuition ce n’est pas parler d’instinct où l’on pourrait reconnaître une forme sauvage, mais comme seule possibilité de la phrase à l’instant T
c’est un camaïeu qui forme l’ensemble de la palette de l’intuition depuis l’éveil jusqu’à sa propre explication
vous voyez que je ne quitte pas la veine cérébrale de mon activité du dimanche
Didier Ayres
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