52.dimanche (XXIII)
dimanche 3 juin 2012
bord à bord
une toute petite lettre aujourd’hui, sous l’emprise d’un bon rêve, après cette nuit violente, d’orage et de vent
cette correspondance dominicale me rend toujours un peu nerveux, car elle remplit ma journée de quelque chose d’électrique comme si mon épître vivait hors d’elle un instant et me saisissait, le soir venu, par sa mise au propre
hier midi j’avais mon titre : bord à bord
de là, la discussion sur la question de joindre réalité et fiction – fiction au sens large
quel est ce bout à bout ?
je le conçois comme le sumbolon grec, c’est-à-dire en considérant les deux parties de la division et la déchirure, qui s’assemblent
le réel n’est jamais tout simplement comme cette tourterelle grise qui, du toit, cherche à s’élancer dans l’espace vacant de la ruelle, et même si c’est une forme certaine de vérité, il reste que le réel est surtout une impression de réel
laissez-moi revenir à Descartes, encore une fois, et à sa table rase qui excluait le rêve de l’ontologie de la veille – je dis ça très grossièrement
mais cela facilite ma tâche, car je peux maintenant dire plaisir, douleur, faim, soif, voir, entendre, enfin tout ce petit monde du sensible qui reflète pour nous les moments de réalité et leurs diverses impressions quand, pour finir, c’est la coagulation, la coalescence, le « et » de Deleuze, la phrase qui ne s’interrompt jamais, qui est la portée d’arc, le territoire, la visée, le texte recommençant par lequel nous justifions de nous-mêmes
par ailleurs, je crois qu’écrire la réalité, entraîne le réel en lui-même, comme par voie de conséquence
merci
j’essaierai peut-être de développer cette dernière idée plus tard
Didier Ayres
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