52.dimanche (XXII)
dimanche 27 mai 2012
séquence, intervalle
la situation d’aujourd’hui est compliquée, car je suis au chevet de mon amie pour la matinée à cause d’une petite infection respiratoire qu’elle ressent assez douloureusement
cependant, je pensais dès hier à mon travail de maintenant
alors, laissez-moi discourir quelques instants sur la question de ce que je pourrais appeler la séquence et l’intervalle
car c’est une chose bien simple à comprendre, qu’écrire est sujet à la séquence, c’est-à-dire, à la saturation d’un moment qui va, une activité qui pousse par devant, qui fait proue
c’est donc la densité de cet instant à laquelle je suis sensible, à son épaisseur, sa rapidité, sa cadence
néanmoins, la séquence ne va pas seule, comme l’ombre n’existe pas sans une lumière pour la détourer, et il faut dire quelques mots de l’intervalle
le déroulement de la page tient à cette position arrêtée, au-dedans même d’écrire, dans l’intervalle d’une cadence
oui, c’est avec lui, avec l’intervalle, que se fait jour la possibilité de la distance, de la suspension, de la hauteur
c’est donc dans le cours de ces eaux turbides de l’écriture, que se définit le rapport phatique de l’interpellation à soi-même, sorte de moment intervallaire qui permet l’écartement, lequel produit de la signification
c’est bien ce dernier chapitre dont je voudrais, malgré les difficultés de ma journée, dire encore une petite chose
la recherche de la signification, comme une certaine « obstétrique de la langue », est une surimpression nécessaire et tout aliène, d’ailleurs, à cette quête, à la réflexion que l’on cherche à faire ressentir au lecteur, avec sérieux et même un peu de gravité parfois
nonobstant le petit soleil qui descend dans la chambre et qui frappe avec insistance l’oreiller, on me laissera le soin d’être mieux à ma tâche un autre jour
merci infiniment
Didier Ayres
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