52.dimanche (XXI)
dimanche 20 mai 2012
la fonction de la réalité
la réalité fonctionne peut-être comme un drame, une sorte de passage à soi, par un frottement du derme, une chose enveloppante qui fait lien avec l’extérieur
cependant, le mot réalité n’est peut-être pas bien choisi à cet égard, il aurait fallu dire, l’impression de réel, comme une sorte de couture d’avec la réalité
car la réalité est égale à elle-même, mais si on s’arrête un instant à cette frontière, à ce derme, on ne trouve qu’un assemblage de sentiments, de sensations associées qui construisent empiriquement ou reconstruisent la réalité
ainsi cette tourterelle qui vague sur le toit du bâtiment de la rue produit cet effet de réalité qu’est l’empreinte de l’existence, lequel s’associe avec les sensations kinesthésiques (le goût du thé vert, la petite blessure…)
les faits se déroulent toujours comme cette longue soirée d’hier, qui, le matin, ne garde de sa vérité que le masque de discourir
donc, pour réfléchir sérieusement, on ne peut pas éviter la table rase de Descartes et la fameuse formule : je doute donc je pense, je pense donc je suis
n’est-ce pas ici l’effet du discours qui a sa primauté ?
car la vérité – confrontée au doute bien sûr – ne prend forme que dans la vibration mobile du langage, et la fonction de la réalité n’est rien de mieux qu’une porosité, une perméabilité au discours, éléments de langage, phonologie et signification
c’est pour cela que je disais tout à l’heure que la réalité était un drame, une sorte de théâtre où l’on aurait enlevé le quatrième mur du fameux théâtre naturaliste que nous connaissons tous
pour conclure, il ne restera que le jeu de la lumière sur le toit humide et le doux ronronnement de mon animal familier
bien à vous
Didier Ayres
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