52.dimanche (XX)
dimanche 13 mai
le mandala
je ne raconterai pas l’histoire qui me lie à ce mandala – lequel se trouve sur le mur d’angle de mon bureau – mais ce à quoi il me fait réfléchir
j’écrivais, hier, que méditer est une affaire d’obscurité et j’ajoute aujourd’hui, qu’en définitive, la lumière n’est qu’une partie seulement de la méditation, la plus belle peut-être, la plus en suspens, mais non pas la question essentielle
or, le mandala bouddhique que j’ai ici – et deux petits bouddhas tibétains sur le bureau, en vérité – le mandala, donc, peint dans une dominante vert-de-gris, orné ça et là de petites figurines roses ou blanches, ocres avec de petits filets d’écru pour rythmer le diagramme, est, comme on le sait, un support de méditation
ce mandala fort joli, en forme de rosace, de cercles couronnés par une pagode où règne une divinité à huit têtes, laquelle est encadrée par deux pivoines, pousse à l’intelligibilité de soi – et c’est là son objectif
tout cela pour dire que les deux activités, écrire et méditer sont égales et équanimes
elles demandent de l’abnégation ou une sorte d’entrain passif
elles demandent parfois aussi de faire appel à l’anima jungien, à des ruminations, à des répétitions de motifs verbaux, que sais-je ?
car c’est le verbe qui les instruit toutes les deux
ce qui me laisse penser que le petit diagramme bouddhique dont je parle – et ne voyez là rien des questions que pose le grand véhicule – raconte bien des secrets des choses de l’esprit, des mystères
il n’empêche que je ne peux méditer et écrire comme maintenant – sur un sujet aussi simple qu’un bouquet de marguerites au creux d’un vase, coupées du frais matin de la promenade en forêt –, et ne pas cesser de regarder la lumière qui, pour finir, décline toujours, uniquement par l’espèce de grâce profuse à quoi confine l’activité de la pensée
le mandala comme trope édifiant demande de l’intellection
disserter, exercer son esprit
disons, le diagramme bouddhique avec son fouillis artistique me va
âme violente pour le maniement pur des idées
Didier Ayres
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