52.dimanche (XLVIII)
approcher
comment dire, écrire en quoi échoue en un sens écrire ?
est-ce la motilité native de la réalité qui ne laisse aucune chose stable, mais prise dans le temps ?
est-ce le langage qui est trop pauvre pour suivre les infinies nuances des mouvements intérieurs de la réalité ?
car, si l’on parle d’une chose simple comme le ciel, que peut-on retenir d’absolu ?
un peu de lumière azurée et des stries blanches ; la lune et sa vie diurne ; le soleil pâle de novembre qui tend à se défaire, à se détacher dans le néant
il y a donc une représentation qui ne peut être exécutée
ou plutôt, seulement la poésie, qui pourrait suivre la chose, détailler l’interstice avec sa possibilité d’épaisseur
car de cette façon, c’est le langage qui vibre et qui bat à l’unisson de la réalité
ce qui veut dire que le poème approche de quelque chose de non clos, d’ouvert, de vivant
et pour que mon sujet s’étire un peu, je dirai quelques mots sur l’impression du matin, l’emportement du sommeil, le goût âcre du thé, le ronronnement de la pendule
ce réel-là, cette coupe dans le visible à cet instant, saisi non pas comme contingent d’un récit, mais comme touché par l’essence, au milieu même de sa fragilité, de son appareillage de vie et de mort
on me permettra d’être bref aujourd’hui car il faudrait beaucoup de détails pour rapprocher ce qui est forcément, par essence, partiel
Didier Ayres
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