52.dimanche (XLIII)
miroir
pourquoi ?
car il y a là le secret de quelque chose sur écrire
une sorte de pliure du monde, un objet qui capture
et je ne vois pas le visage ni le corps de la personne – en l’occurrence, de ma personne –, mais la capture du monde vivant, la saisie brève de la réalité
écrire est de cette nature
oui, prendre, couper du réel
imaginer à partir de la réflexion spéculaire, une chose susceptible de se refermer sur le réel, ce réel-là que l’activité d’écrire tente de s’approprier
écrire est affaire de rapt
le miroir, ainsi, capte – comme on le sait très bien avec Stendhal et le roman comme miroir le long du chemin
il y a quelques années, j’avais photographié des ciels dans des miroirs que je couchais au sol, pour mimer l’action des eaux et le reflet des nuages et de l’azur
je me dis aujourd’hui que je fabrique du langage de la même façon, en ramenant du vertical à de l’horizontal, du paradigme au syntagme
donc, le miroir arrête, coupe, découpe, détoure, détourne, s’approprie, sépare, quand la poésie examine, clarifie, substantialise, cherche le plus près pour dire – comme cette impossible tâche de mimer le reflet des ciels dans un miroir
voilà, j’essaye encore de vous dire une ou deux choses en ce dimanche de l’année calendaire
j’espère que cela fait avancer le chemin de chacun, et que cet aperçu du ciel est un peu utile ici ou là, car mon idée de rapport au réel me tient bien fort
Didier Ayres
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