52.dimanche (XLVI)
le divers
dans cette idée, le détail, comme en peinture, qui donne les façons du style
le détail donc, pour faire valoir la conception de l’ensemble, en permettre l’accès
le bris, l’épars, la dissociation entre la chose écrite et la chose pure, le moment bref où le réel banal se jette dans la langue
car écrire, c’est lutter pour avancer, pour éclaircir un chemin, pour rendre visible, qui sait, cette brume légère de la rue et son énigme automnale
le réel est en partie là, dans le brouillard, là, dans la cheminée noire du toit qui jouxte, ou encore là, autour de cette petite chose qui vibrionne dans l’huis de la chambre, cette impression de réel, l’effet de réel qui se tient dans la tension temporelle, qui se dilate, et que l’écriture pousse à rechercher
écrire est une recherche, chercher la petite chose qui ressemble à la lumière calme et tranquille de ce ciel bas et opaque, heurté simplement par la saillie d’un réverbère ivoire qui fait comme une gargouille qui enveloppe le tablier du temps comme une chemise
j’écrivais un jour que la poésie est oxymorique, et je dirai aujourd’hui en plus qu’elle est accumulation, un surcroît pauvre en quelque sorte du réel incriminé
le temps accompagne les choses, leur obscurité, et mon travail essaye de rendre fluide cette perception et ce goût
Didier Ayres
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